«Maman vient me chercher parce que papa a le Covid»: application des nouvelles règles sanitaires

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En classe - Sputnik Afrique, 1920, 31.03.2021
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Alors que la France fait face à une troisième vague de Covid, une éventuelle fermeture des écoles est toujours écartée, mais le nouveau protocole sanitaire prévoit de fermer «chaque classe au premier cas de contamination». Une mesure qui a fait monter de plus de 20% la fermeture des classes au lundi soir comparé au vendredi 26 mars.

Selon des chiffres annoncés le 29 mars lors d'une réunion du bureau exécutif de LREM par le ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, et repris par Les Échos, 3.950 classes sont désormais fermées, contre 3.256 vendredi, soit une hausse de plus de 20%.

Toutefois, «c'est un chiffre approximatif, il est encore trop tôt pour voir l'effet des fermetures pleinement», avait indiqué l'entourage du ministre.

À Paris, le nombre de classes fermées dans les écoles, collèges et lycées avait pratiquement doublé le 29 mars, a fait savoir la mairie, constatant une dynamique «clairement orientée à la hausse».

Si le ministre se prononce résolument contre une fermeture complète des établissements scolaires, il instaure toutefois de nouvelles règles sanitaires qui prévoient de fermer automatiquement une classe dès qu'un élève est positif. Toutefois, l’application de la décision se heurte à certains problèmes.

Ainsi, des parents ne veulent pas que leurs enfants soient testés, y compris avec des tests salivaires.

«On a des enfants qui ne devraient pas être en classe, et nous disent parfois: "Maman vient me chercher parce que papa a le Covid"», explique aux Échos Guislaine David, porte-parole du principal syndicat du primaire, le SNUipp-FSU.

Elle évoque également des cas où des frères et sœurs positifs au Covid-19 restent chez eux, alors que le reste de la fratrie continue son cursus.

«Parfois, les parents ne peuvent pas garder les enfants, parfois l'employeur fait pression, et si l'enfant n'est pas trop malade ou asymptomatique, les parents l'envoient à l'école», explique-t-elle.

Pour les tests, Jean-Michel Blanquer s’est adressé aux parents pour les encourager à accepter «les tests salivaires et même naso-pharyngés dans le secondaire, car c'est bon pour la santé de votre enfant et pour la santé collective». Toutefois, il a ajouté qu’il ne s’agissait pas de «forcer les familles».

Philippe Vincent (SNPDEN), proviseur à Aix-en-Provence, évoque pour sa part auprès des Échos des situations singulières quand un enseignant positif assure qu'il n'y a pas de cas contact, «puis en trouve deux puis cinq puis finalement, dans les cas extrêmes, ils étaient 10 et ont passé 1h30 ensemble à manger».

Stylos rouges vs ministre

Les membres des Stylos rouges, qui revendiquent 74.200 membres, enseignants et personnels de l'éducation, estiment que la responsabilité incombe au ministre. Ils ont déposé plainte contre lui pour «mise en danger de la vie d'autrui». Le collectif accuse Jean-Michel Blanquer de «ne pas protéger les personnels en contact avec les enfants» qui «répandent le virus».

«On est face à un ministre qui est dans le déni total de la réalité: il nous a dit qu'on n'était pas plus en danger à la maison qu'à l'école, qu'il n'y avait pas de cas dans les écoles, qui a minoré les chiffres [...]. Alors que les établissements scolaires explosent», a déclaré à l'AFP Nicolas Glière, porte-parole du collectif.

L’agence précise que la plainte a été signée par 55 membres du collectif et reçue lundi par la Cour de justice de la République.

Données du ministère

Dans un communiqué de presse du 26 mars, le ministère de l’Éducation nationale avait fait état de 3.256 classes fermées et de 21.183 cas de Covid-19 confirmés pour les élèves, soit 4.025 de plus en 24 heures, ainsi que de 2.515 pour les personnels, soit 443 de plus.

D’ailleurs, le chef du service des maladies infectieuses à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Éric Caumes, avait précédemment estimé sur LCI qu’il fallait «fermer les écoles au plus vite», assurant qu’il n’existait pas «d'autres solutions si nous voulons casser les chaînes de transmissions».

Une reprise des Pink Floyd

Pourtant, Jean-Michel Blanquer avait répondu de manière originale à ses détracteurs, mécontents que la fermeture des écoles ne soit pas au programme des dernières mesures prises pour enrayer la propagation du Covid-19. Il a publié le 28 mars un tweet reprenant une chanson des Pink Floyd où d’abord des adultes puis des enfants américains chantent ce tube, mais changent les paroles pour insister sur la nécessité de laisser les enfants retourner à l’école.

Ils affirment qu’ils ont «besoin d’apprendre en personne», qu’ils ne peuvent pas «rester en ligne toute la journée», qu’ils veulent «retrouver nos amis en classe» et n’en peuvent plus de «rester à la maison».

Le 26 mars, Jean-Michel Blanquer a annoncé un nouveau protocole sanitaire pour les 19 départements où les restrictions sont renforcées, applicable à partir de ce lundi de la maternelle à la terminale.

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