La France achète des drones US: l’indépendance "que nous sommes en train de perdre à grande vitesse"

MQ-9 Reaper  - Sputnik Afrique, 1920, 27.01.2022
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Avec l’achat de drones et de nacelles américains, la France et l’Europe parient sur une dépendance risquée, considère l’ancien vice-président d’Airbus, Jean-Francois Geneste, au micro de Rachel Marsden.
À lire un récent communiqué de presse du Pentagone, il n’est pas évident que la France possède l’une des principales industries aérospatiales au monde. En effet, le Département d’État américain vient de valider une vente de 88 millions de dollars de nacelles de renseignement électronique pour les drones Reaper américains qu’utilise la France.
"Il s’agit de suites de modules de capteurs de renseignements de communication MQ-9 et d’équipements connexes", note le communiqué. La France est régulièrement classée parmi les trois premiers vendeurs d’armes au monde, derrière les États-Unis et la Russie.
Jean-François Geneste, PDG du World Advanced Research Project Agency (WARPA) et ancien vice-président et directeur scientifique d’Airbus, révèle le non-dit de cette vente de nacelles pour les drones américains de la France:
"Aujourd’hui, on nous interdit de tirer des armements avec ces drones américains. Il n’y a que les Britanniques et les Américains qui ont le droit de tirer avec ça. C’est d’ailleurs ce qui avait déclenché le programme Eurodrone, qui a du mal à démarrer car tout le monde n’est pas d’accord sur le projet entre les Espagnols, les Allemands, etc. C’est une grosse gabegie. Mais de toute façon, aujourd’hui, l’Europe dépend des États-Unis. La France, dans la stratégie gaulliste, se voulait indépendante, et malheureusement ça a été sabordé."
En 2011, Paris avait acquis des avions sans pilote israéliens Eitan, la première exportation de ce modèle. Une décennie plus tard, les acquisitions étrangères continuent. La France aurait pu combler ce manque et devenir plus souveraine, voire être elle-même fournisseur de drones militaires.
Hommes du CPA 10 et un H225M Caracal, lors d'un entrainement à la base aérienne 123 Orléans-Bricy, 19 décembre 2016. - Sputnik Afrique, 1920, 19.12.2021
Haute intensité: la remontée en puissance de l’armée française passe aussi par celle de l’industrie
Ce manque représente un véritable angle mort pour la défense française alors que les drones tiennent une place de plus en plus importante sur le champ de bataille. L’ancien cadre d’Airbus explique les conséquences de ce manquement:
"Les drones, on ne les a pas. C’est quelque chose d’important et d’utile aujourd’hui dans la façon de faire la guerre moderne, surtout dans certains pays comme le Mali. La dépendance aux États-Unis, elle existe en Europe globalement. Les pays sont plus ou moins forcés d’acheter des F-35, donc ça nous tue le Rafale."
Mais les conséquences pour la souveraineté française vont bien plus loin, d’après l’expert en armement et aéronautique:
"Au-delà des coûts, il y a la fourniture du service. Si vous êtes dépendant, le jour où vous en avez besoin, on ne va pas vous fournir le service. Ou on vous le fournira en retard. On va vous mettre en délicatesse et en position de faiblesse. L’indépendance n’est pas un vain mot, c’est quelque chose de fondamental que nous sommes en train de perdre à grande vitesse."
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