Réforme de l'Onu, vassalisation de l'Europe: Poutine s'exprime au club Valdaï

© Sputnik . Alexeï Danitchev / Accéder à la base multimédiaLe Kremlin de Moscou (archive photo)
Le Kremlin de Moscou (archive photo) - Sputnik Afrique, 1920, 27.10.2022
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Le Président russe a proposé de changer la structure du Conseil de sécurité de l’Onu pour défendre les intérêts de l’Afrique et d’autres régions du monde. Intervenant au Club de discussion Valdaï, il a aussi évoqué le problème du diktat de certains pays, la crise du modèle néolibéral de l’ordre mondial prôné par Washington parmi d’autres dossiers.
Il importe de modifier la structure de l’Onu et de son Conseil de sécurité qui doivent refléter la diversité du monde, a déclaré ce jeudi 27 octobre le Président russe lors d'une séance plénière du Club de discussion international Valdaï.
"La structure de l'Onu, y compris son Conseil de sécurité, devrait refléter davantage la diversité des régions du monde, car beaucoup plus dépendra de l'Asie, de l'Afrique, de l'Amérique latine dans le monde de demain qu’on ne croit aujourd’hui. Et l’augmentation de leur influence est certainement un fait positif", a argumenté M.Poutine.

Grande Eurasie

La civilisation occidentale n’est pas la seule dans l’espace eurasiatique et l’Europe pourrait donc devenir une partie de la grande Eurasie.
De plus, la majorité de la population de ce continent est concentrée précisément dans l'est de l'Eurasie, "où sont nés les centres des civilisations les plus anciennes de l'humanité", a rappelé le dirigeant russe.
M.Poutine a dit qu'il jugeait toujours possible la création d'un espace économique et humanitaire unique de Vladivostok à Lisbonne.

Vassalisation des pays d’Europe

Toutefois, certains dirigeants européens sont persuadés que leurs peuples sont meilleurs que d’autres. Dans le même temps, nombre de pays européens ne s'aperçoivent pas qu’ils se sont déjà transformés en vassaux, a déclaré Vladimir Poutine.
"Derrière leur arrogance, ils semblent ne pas remarquer qu’eux-mêmes sont déjà devenus la périphérie de quelqu'un d'autre. Qu’ils se sont, en fait, transformés en vassaux, souvent sans droit de vote".
Selon M.Poutine, on ne peut pas parler à un partenaire qui appelle ses chefs à Washington sur chaque dossier.

Crise de l’ordre mondial néolibéral proposé par les États-Unis

L'idéologie du libéralisme a atteint le degré d'absurdité et proclame les points de vue alternatifs comme subversifs et menaçants pour la démocratie, estime M.Poutine.
"L'idéologie libérale a changé et ne se ressemble plus. Le libéralisme classique considérait initialement la liberté de chacun comme la liberté de dire ce que l’on veut, de faire ce que l’on veut. Mais au XXe siècle, les libéraux disent que la ˝société ouverte˝ a des ennemis et qu’il faut limiter voire ˝abolir˝ la liberté de ces ennemis. Maintenant, ils ont atteint le degré d'absurdité, où tout point de vue alternatif est traité de subversif, de propagande et de menace pour la démocratie."

Un dialogue inévitable entre les centres du monde multipolaire

"J’ai toujours cru à la force du bon sens. Et je suis donc persuadé que les nouveaux centres du monde multipolaire et l’Occident devront, tôt ou tard, lancer un dialogue d’égal à égal sur notre avenir commun", a déclaré M.Poutine.
À son avis, les pays occidentaux ne pourront pas éviter le dialogue avec la Russie. Moscou a envoyé en décembre dernier ses propositions à l’Occident sur les moyens de renforcer la confiance et garantir la sécurité collective, a-t-il rappelé. Mais ces idées ont été rejetées.
"Dans le monde moderne, on ne peut pas rester à l’écart [sans rien faire]. Qui sème le vent récolte la tempête", a-t-il rappelé.
Et d’insister que la Russie, "une civilisation indépendante et originale, ne se considère pas comme un ennemi de l’Occident" malgré le conflit actuel.

Diktat international

Les pays occidentaux souhaitent contrôler toutes les ressources naturelles, financières, intellectuelles, économiques de l’humanité pour "consolider leur dominance dans l’économie et la politique mondiales".
"Je voudrais rappeler un autre philosophe russe, Alexandre Zinoviev, dont nous célébrerons le centenaire le 29 octobre. Il y a plus de 20 ans, [Zinoviev a dit :] ˝la civilisation occidentale […] a besoin de la planète entière, de toutes les ressources de l'humanité pour survivre˝. C'est ce qu'ils souhaitent. Et c’est ainsi", a expliqué le Président.
Toutefois la plupart des pays réclament la démocratie dans les affaires internationales, sans accepter le diktat de certains États. Et la Russie, elle non plus, ne permettra à personne de lui dicter quelle société elle doit édifier.

Conflit en Ukraine

La Russie n’a pas besoin de porter une frappe nucléaire contre l’Ukraine, ni du point de vue politique, ni militaire, insiste M.Poutine.
Elle pourrait devenir "un garant sérieux de la souveraineté et de l’intégrité territoriale ukrainienne, en tant que pays qui a créé l’Ukraine actuelle", estime M.Poutine.
À son avis, l’Ukraine s’est historiquement formée comme un État artificiel. Après la chute de l’Empire russe en 1917, les révolutionnaires ont remis certains territoires russes aux bolcheviks nationalistes ukrainiens sans demander leur avis aux populations.
"Après la Seconde Guerre mondiale, le dirigeant soviétique Staline a remis certaines régions polonaises, hongroises et roumaines à l’Ukraine, en privant ces pays de leurs territoires."
Le Président russe a qualifié d’insolente la reconnaissance ouverte par l’Occident du fait qu’il a financé le coup d’État en Ukraine: "Ils n’ont honte de rien".

Destruction des gazoducs paneuropéens

La destruction par l'Occident de gazoducs Nord Stream 1 et 2 alimentant l’Europe en gaz russe est scandaleuse, selon le Président. C’est un autre acte visant à déstabiliser la situation dans le monde.
"Cela dépasse toutes les bornes. Mais, néanmoins, nous assistons à ces tristes événements", a déclaré M.Poutine.
Il a qualifié de folles les déclarations de ceux qui accusent la Russie d'avoir organisé les explosions sur les deux gazoducs.

L’Occident impose ses stéréotypes pour mieux écouler ses produits

La simplification, l'effacement des différences est devenu l'essence de l'Occident moderne. Cette simplification s’explique par la disparition du potentiel créatif de l'Occident lui-même et par sa "volonté de bloquer le libre développement d'autres civilisations".
En plus, les pays occidentaux imposent leurs valeurs de société de consommation pour mieux vendre leurs produits.
"Il y a aussi un intérêt mercantile. En imposant leurs valeurs, leurs stéréotypes de consommation, nos opposants, comme je les appelle poliment ici, essaient d'élargir les marchés pour leurs produits", a ajouté M.Poutine.
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