Pourquoi l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan est-elle peu probable?

L’Ukraine réalise elle-même la faible probabilité de son entrée dans l’Alliance, estiment des analystes interrogés par Sputnik. Kiev n’a pas le potentiel militaire et politique d’intégrer l’Otan qui lui donne toujours de faux espoirs, l’utilisant simplement pour mener une guerre par procuration avec la Russie. Afin d’épuiser celle-ci.

La veille du sommet de l’Otan à Vilnius, où devrait être abordée l’adhésion de l’Ukraine, plusieurs analystes ont expliqué à Sputnik les raisons pour lesquelles cette possibilité n’est vouée qu’à rester hypothétique.

"L'Ukraine n'a pas le potentiel politique nécessaire pour devenir membre de cette organisation, ni le potentiel militaire requis pour faire partie de ce bloc", a expliqué le politologue iranien et expert en relations internationales Hassan Hanizadeh.

Même pour Kiev, il ne fait aucun doute que son adhésion à l'Alliance est une illusion, estime de son côté Khadjimourad Belkharoev, professeur à l’université russe de l’Amitié entre les peuples-Patrice Emery Lumumba:

"L'Ukraine s'efforce d'entrer dans l'Organisation, mais elle sait très bien qu'il s'agit d'une chimère", a-t-il indiqué.

L'Ukraine utilisée comme fer de lance contre la Russie

Selon M.Hanizadeh, l'Ukraine est utilisée aujourd'hui comme levier de pression et comme plateforme pour la guerre que les États-Unis et l'Otan ont déclenchée afin d'épuiser l'armée russe.

"Malheureusement, ces dernières années, l'Ukraine et ses dirigeants ont été trompés par les promesses mensongères de l'Otan, des États-Unis et des dirigeants européens, et ils ont fini par entrer dans une telle guerre dans laquelle le peuple ukrainien se retrouve perdant", décrypte l'analyste politique.

De son côté, M.Belkharoev pense que les occidentaux assignent à l'Ukraine le rôle de terrain d'essai antirusse, où la population du pays sert de chair à canon:

"Afin de poursuivre les opérations militaires aux dépens du peuple ukrainien, l'Alliance repoussera sans cesse son admission dans ses rangs, car personne ne s'attend à ce que l'Ukraine rejoigne l'Otan".

Risques liés aux livraisons d'armes à l'Ukraine

Une autre contrainte consiste en ce que les livraisons d'armes incontrôlées comportent des risques importants tant pour les pays de l'Otan eux-mêmes que pour le monde entier, selon les experts cités ci-dessus.

Un grand nombre d'armes se retrouvent finalement au Moyen-Orient et les pays occidentaux s'en inquiètent, poursuit Vitali Danilov, directeur du Centre d'analyse appliquée des transformations internationales de l’université russe de l’Amitié entre les peuples-Patrice Emery Lumumba.

"Les armes de l'Otan sont utilisées contre les pays de l'Otan, dans des points chauds, à l'autre bout de la planète et pas seulement en Ukraine. C'est un très gros problème", a-t-il dit.

Ce problème a également été mis en valeur par Andreï Suzdaltsev, professeur associé à la faculté d'Économie et de politique mondiales de l'École supérieure d'économie de l'université nationale de recherche:

"Ici, il y a quelques jours, on a découvert des armes qui ont été fournies à l'Ukraine. Elles sont retournées à Paris [...]. Nous devons nous rendre compte que dans le commerce illégal d'armes, il n'y a plus seulement des Ukrainiens, mais aussi des Polonais. Ils volent ces livraisons sur le lieu même de déchargement, dans le sud de la Pologne", a conclu l'expert.

L’Alliance s’enlise

L'échec de la contre-offensive ukrainienne, qui est plus qu'évident, pourrait inciter les pays occidentaux à prendre de nouvelles mesures pour soutenir l'Ukraine, suggère le politologue et spécialiste de la géopolitique turque et moyen-orientale Iqbal Durre.

"L'Ukraine est devenue une valise sans poignée pour l'Occident: elle est difficile à transporter, mais il est dommage de la laisser derrière soi. La situation actuelle montre que l'Occident doit augmenter le montant de l'aide à Kiev, mais ce soutien ne pourra pas changer le cours des opérations militaires, il ne fera que les prolonger. Toute aide militaire à l'Ukraine ne fera qu'augmenter le nombre de victimes dans les deux camps", a-t-il souligné.

Le sommet de l'Otan se tiendra à Vilnius les 11 et 12 juillet et réunira les dirigeants de tous les pays de l'Alliance, y compris le Président américain, Joe Biden, et son homologue ukrainien. Ce dernier espère recevoir "un signal fort" au sujet de l’entrée de Kiev dans l’Organisation.