La politique de Paris au Sahel "est un échec pour Macron", avoue un politologue français

© Sputnik . Alexeï Vitvitski  / Accéder à la base multimédiaPrésident de la République française Emmanuel Macron
Président de la République française Emmanuel Macron - Sputnik Afrique, 1920, 02.08.2023
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La crise actuelle dans les relations entre la France et ses anciennes colonies en Afrique est une "défaite absolue" d’Emmanuel Macron, a indiqué à Sputnik le politologue et professeur français Roland Marchal.
Paris a perdu, pas à pas, tous ses alliés en Afrique occidentale, cela signifie un échec de la politique extérieure du Président Macron, a annoncé à Sputnik le professeur de l'Institut d'études politiques de Paris Roland Marchal.
"Il y a une vraie crise de la politique française vis-à-vis de ses anciennes colonies, cette crise ne se traduisant pas par les mêmes effets suivant qu'on est au Sénégal, en Côte d'Ivoire ou au Mali. Cela est un échec important pour Mr Macron qui devra se remettre en cause profondément s'il veut une solution pendant son quinquennat […]. Les événements récents marquent la défaite absolue d'une certaine politique française", a martelé le chercheur.
Les récents événements au Niger, le coup d’État au Mali ainsi que la rupture des relations avec le Burkina Faso, "marquent la défaite absolue" de la politique française en Afrique occidentale, selon l’expert.
En même temps, il ne serait pas juste de considérer les défaites de Paris en Afrique de l’Ouest comme une "rupture complète de la France avec le continent africain", a noté Roland Marchal.
"La France a bien d'autres alliés en Afrique qui ne sont pas au Sahel francophone […]. Les relations de la France avec d'autres pays du continent qui ne sont pas d'anciennes colonies sont bonnes: je pense au Nigeria, à l'Ethiopie et au Kenya. Mais la France n'y a pas du tout la même attitude et la même arrogance", a poursuivi M.Marchal.

Quels sont les enjeux au Niger pour la France?

Selon le professeur, le Niger, que les médias français ont baptisé le "dernier bastion de la France au Sahara", reste le seul État en Afrique de l’Ouest où la France a des intérêts tant politiques qu’économiques.
"Ce qui est vrai est que le Niger et le Tchad étaient les pays qui avaient été au plus près de la France durant l'opération Serval puis Barkhane. De plus, le Niger est le seul pays sahélien où la France avait de vrais intérêts économiques à l'inverse du Mali ou du Burkina Faso (et même du Tchad)", a souligné M.Marchal.
Parlant du Niger, ce pays regorge de riches gisements d’uranium qui rendent la France dépendante de ces ressources. Selon les médias français, le Niger y fournit de 15% à 17% d’uranium utilisé dans la production d’électricité dans l’Hexagone. La compagnie française Orano, l’ex-Areva, est opérationnelle au Niger depuis plus de 50 ans, exploitant, entre autres, une mine d’uranium géante près de la cité d’Arlit dont les réserves sont évaluées à 200 millions de tonnes.

Fin des opérations militaires européennes au Mali

La France et ses partenaires européens ont annoncé la fin des opérations Barkhane et Takuba, ayant pour but d’apporter le soutien militaire aux autorités maliennes face aux djihadistes, en février 2022. Le retrait des troupes européennes du Mali s'était intégré dans un plan de redéploiement au profit essentiellement du Niger voisin, annonçaient les médias.
En juin, le représentant permanent russe à l’Onu Vassili Nebenzia avait déclaré que, suite au départ des forces françaises, le gouvernement malien avait recouru à son droit légitime d’entamer la coopération avec d’autres "partenaires internationaux capables de l’aider à garantir la sécurité et à protéger la population".
Grâce au soutien de la Russie, les forces maliennes ont pu considérablement augmenter leur potentiel de riposter à la menace terroriste pour le convertir en résultats réels sur le terrain, selon le diplomate.
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