Armes nucléaires US au Royaume-Uni: une mesure prévue "de longue date" sans lien avec l’Ukraine

© AP Photo / Ross D. FranklinUn chasseur F-35A. Image d'illustration
Un chasseur F-35A. Image d'illustration - Sputnik Afrique, 1920, 01.09.2023
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Présenté comme une réponse aux tensions avec la Russie, le déploiement par les États-Unis de chasseurs F-35 et d’armes nucléaires au Royaume-Uni est en fait la conséquence d’anciens plans américains visant à raviver une stratégie d’impasse nucléaire de l’époque de la guerre froide, a commenté pour Sputnik une ancienne analyste du Pentagone.
Des médias américains ont révélé que le Pentagone envisageait de replacer des bombes nucléaires américaines au Royaume-Uni après 15 ans d'absence, en débloquant 50 millions de dollars pour de nouvelles installations à sa base aérienne de Lakenheath, au nord de Londres. Ce retour se fera parallèlement au remplacement des vieux avions F-16 Falcon par de nouveaux F-35 capables de transporter des bombes nucléaires à puissance variable B61-12.
Pendant la guerre froide, les États-Unis ont obtenu l’autorisation britannique de stationner des armes nucléaires dans la base en vue d’une utilisation potentielle contre les forces du Pacte de Varsovie. Les États-Unis ont également conservé des armes nucléaires dans des bases aux Pays-Bas, en Belgique, en Allemagne de l’Ouest, en Italie et en Turquie.
Divers accords permettaient aux forces aériennes locales de transporter et de déployer également des bombes nucléaires appartenant aux États-Unis. Au total, les États-Unis détenaient 480 bombes nucléaires en Europe, dont 110 à Lakenheath d’où elles ont été retirées en 2008 dans le cadre d’un retrait plus large qui comprenait le retrait des armes nucléaires de Grèce et d’Allemagne.
La lieutenant-colonel à la retraite de l'US Air Force et ancienne analyste du ministère américain de la Défense, Karen Kwiatkowski, a déclaré à Sputnik que cette décision n'était pas nécessairement une réaction au conflit ukrainien en cours, mais était prévue depuis longtemps dans le cadre d’un renforcement plus large de la posture offensive de l'Otan au cours de la dernière décennie, dont le conflit ukrainien n'est qu'une conséquence.

Un déploiement prévu de longue date

"Je considère ce déploiement comme une 'mise à niveau' bureaucratique planifiée de longue date pour les Britanniques et l'Otan, et non comme une contribution à la situation en Ukraine, si ce n'est de manière rhétorique", a-t-elle déclaré.
"Je pense qu'il s'agit du déploiement prévu de longue date du F-35 en tant que dernier chasseur multirôle de remplacement, un système américain dans lequel de nombreux pays de l'Otan ont investi et qu'ils ont acheté. Le calendrier de ces livraisons a été fixé à l'avance et a été généralement retardé à plusieurs reprises", a-t-elle détaillé.
Selon elle, le Royaume-Uni et le reste de l'Otan constituent un "marché captif pour le complexe militaro-industriel américain", ce qui a conduit à l'adoption généralisée d'armes de qualité médiocre comme le F-35 et à la dépendance à l'égard de stratégies dépassées, y compris les confrontations nucléaires de l'ère de la guerre froide.

Un message de désespoir envoyé involontairement

L’analyste estime que le message autour du déploiement du F-35 au Royaume-Uni était probablement destiné à "faire monter les enjeux en Ukraine" et à envoyer un message à "la Russie – et aux BRICS également – selon lequel les États-Unis sont sérieux et capables".
Cependant, le choix de la plate-forme F-35, en proie à de graves difficultés, a montré que les États-Unis ne sont en réalité ni l’un ni l’autre.
"Il y a une sorte de désespoir révélé ici, et c’est le message qui est envoyé involontairement. C’est ce désespoir du côté de l’organisation et des dirigeants des États-Unis et de l’Otan qui m’inquiète. La Première Guerre mondiale s'est produite en raison des erreurs d’appréciation de bureaucrates non élus et des ambitions du XIXe siècle d'une royauté en perte de vitesse dans un monde en évolution qu'ils ne comprenaient pas et n'accueillaient pas non plus. Je crains que la même chose ne se produise aujourd’hui, cette fois-ci à Washington."
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