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Donbass. Opération russe
La Russie a lancé le 24 février 2022 une opération militaire spéciale en Ukraine pour protéger les habitants du Donbass subissant le blocage et les attaques de Kiev depuis 2014.

Raisons pour lesquelles les chars Abrams ne pourront pas relancer l’offensive de Kiev

© AP Photo / Jose Luis MaganaLes chars Abrams, Washington, le 2 juillet 2019
Les chars Abrams, Washington, le 2 juillet 2019 - Sputnik Afrique, 1920, 03.09.2023
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Nombre trop faible, blindage vulnérable, poids excessif, incapacité à se déplacer dans des conditions météorologiques difficiles, absence d’appui aérien… Ce sont les causes qui brisent l’espoir de Kiev d’avancer dans sa contre-offensive grâce à cette prochaine livraison américaine, indiquent à Sputnik des anciens militaires américain et russe.
L’Ukraine s’apprête à recevoir une dizaine de chars américains Abrams en septembre, mais ces engins ne pourraient plus changer la donne de la contre-offensive ukrainienne qui subit un échec cuisant, ont estimé des anciens militaires russe et américain auprès de Sputnik.
Premièrement, les capacités techniques de ces chars ne sont pas à la hauteur des attentes:
"Les Abrams que l'Ukraine reçoit ne sont pas nouveaux, il s'agit du modèle M1. Ce sont des Abrams qui ont participé aux combats en Irak. Là-bas, ils ont eu des problèmes: leurs moteurs à turbine à gaz ne fonctionnaient plus, ils ont donc dû les remplacer par des moteurs diesel", a expliqué à Sputnik Anatoli Matveïtchouk, officier du renseignement militaire russe et vétéran de l'Afghanistan et de la Syrie.

Trop lourds

Ensuite, cet équipement a été transféré en Europe, où il a rencontré d’autres problèmes liés aux infrastructures locales, poursuit-il.
Rappelant que le véhicule pèse 60 tonnes, bien au-delà de la limite établie de 50 tonnes pour les chars, dans le Pacte de Varsovie, le spécialiste note que des Abrams avait détruit des quais ferroviaires inadaptés à cause de leurs poids, à leur arrivée en Pologne.
Il est aussi revenu sur une vidéo où un Abrams ne parvenait pas à gravir une colline gelée par le froid à cause de "ses galets de chenille sont articulés en caoutchouc, rembourrés de caoutchouc, qui se comportent comme une vache sur la glace".
En plus de cela, son système de carburant est "très capricieux". De ce fait, si le carburant de qualité requise n'est pas utilisé, les véhicules pourraient être complètement bloqués, a ajouté M.Matveïtchouk.

Blindage vulnérable

Enfin, il s’agit des versions d'exportation "simples" des chars de combat principaux américains M-1A2 qui n'incluent pas le blindage Chobham, note de son côté, David Pyne, ancien officier d'état-major des armes de combat de l'armée américaine et ayant une expérience personnelle de ces chars.
"En conséquence, ils sont susceptibles d'être moins efficaces au combat contre les chars russes modernes et moins capables de survivre sur le champ de bataille que les derniers modèles de chars américains. Du côté positif, contrairement à tous les autres chars de combat principaux américains Abrams, ils sont également équipés de moteurs diesel plutôt que de moteurs à turbine, ce qui réduit leur consommation de carburant et leur entretien", a-t-il souligné à Sputnik.

Faible nombre de chars

Selon le spécialiste, cette livraison ne changerait "rien sur le champ de bataille":
"D’ailleurs, que feraient-ils ces 10 Abrams? Notre T-80 au nom de code Aliocha a détruit huit véhicules blindés en une seule bataille. S’il y a trois ou quatre équipages comme celui d'Aliocha, les 10 Abrams auraient été hors service".
Même en cas de disponibilité d’une trentaine d’Abrams, initialement promise par les États-Unis, un seul bataillon ne servira pas à grand-chose face à la supériorité russe en matière d'artillerie et de couverture aérienne.
"Dans l’armée, il existe une règle selon laquelle un char moderne ne survivra pas plus de 15 minutes sur le champ de bataille sans couverture. La partie ukrainienne n’a aucune couverture. C’est d’ailleurs pour cela que les Challenger 2 ne sont pas encore apparus sur le champ de bataille, car les Ukrainiens craignent que ces chars ne soient immédiatement détruits", a déclaré M.Matviytchouk.

Question de météo et de nature

En outre, poursuit l’ex-militaire, les blindés occidentaux livrés à Kiev ont été conçus à l’époque de la guerre froide, pour être utilisés en Europe occidentale et centrale où les terrains et les conditions météorologiques ne sont pas comme en Ukraine. Ces pays européens ont de bonnes routes pavées, des lacs et rivières bien entretenus et n’ont pas de marécages.
Les Abrams ne sont donc pas adaptés aux crues printanières et aux terres marécageuses présentes sur une grande partie de l’Europe de l’Est, y compris dans le Donbass. Cela complique toutes les opérations des systèmes d’armes occidentaux, pas seulement les Abrams, conclut-il.
Cet avis est partagé par David Pyne, qui met en relief le poids excessif de ces blindés. Pesant 20 ou 30 tonnes de plus que les chars modernes russes, les Abrams sont "susceptibles de rester coincés dans la boue" et échouer lors de l'automne, propice à la raspoutitsa [terme russe pour "saison de la boue", ndlr].
Selon lui, le Pentagone ne s’empresse pas à tester ses chars dans des conditions météorologiques difficiles. Résumant, il se déclare peu convaincu qu’ils [les Américains] s'attendent à ce qu'ils [chars]changent la donne dans la guerre en Ukraine", a ajouté l'ex-officier américain.

Aucun soutien aérien

Enfin, l’absence d’appui aérien rend le déploiement de ces équipements pratiquement inutile, a affirmé Anatoli Matveïtchouk, tout en soulignant les inconvénients de la doctrine de l’Otan qui était dès le début vouée à l’échec:
"Un char, y compris l'Abrams, remplit ses fonctions lorsqu'il y a des hélicoptères amis dans le ciel, lorsqu'il y a de l'aviation dans le ciel. Les Bradley se déplacent sous la protection de chars. Rien de tout cela ne s’est produit en Ukraine. Ils [officiers de l’Otan] enseignaient aux commandants des points de rassemblement comme s'ils avaient une sorte de supériorité. En d’autres termes, la tactique qu’ils ont proposée à l’Ukraine a conduit à des pertes injustifiables, à une dispersion des forces et des moyens le long des flancs, le long du front".
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