Comment les "zoos humains" sont-ils apparus en Occident à la fin du XIXe siècle?

CC BY 2.0 / Mitchell Haindfield / the matrixPrison (image d'illustration)
Prison (image d'illustration) - Sputnik Afrique, 1920, 12.09.2023
S'abonner
Le Président russe a dénoncé les zoos humains mis en place dans les pays occidentaux jusque dans les années 50. Des familles entières et des enfants y étaient exposés aux regards de tous, parfois en cage. Ce type de "divertissement" n’a disparu qu’au milieu du XXe siècle. Sputnik Afrique relate des cas flagrants de ce "racisme civilisationnel".
"Des gens dans des cages ont été amenés d'Afrique vers des pays européens. Il est impossible de le regarder sans pleurer", s’est exclamé ce 12 septembre le Président russe, attirant l'attention sur ce que les anciens colonialistes avaient fait avec les habitants de ce continent.
Des êtres humains exhibés dans des zoos était un spectacle que les sociétés occidentales des XIX-XX siècles offraient à leurs populations dans le but de mettre les différences et inégalités raciales en lumière.
Les plus grands zoos de ce type étaient organisés à Berlin, Bâle, Anvers, Londres et Paris. Les spectateurs venaient observer des sujets vêtus d’habits de pacotille, parfois exhibés aux côtés d’animaux sauvages.

Premier cas

Le premier exemple largement connu d'organisation de spectacles avec la participation de personnes venues de pays lointains est Saartjie Baartman, parfois prénommée Sarah Baartman, une jeune fille sud-africaine amenée au Royaume-Uni en 1810. Son apparence non européenne et ses fesses hypertrophiées ont suscité un grand intérêt auprès du public britannique.
Après le Royaume-Uni, la jeune fille a été transportée en France, où le montreur d'animaux exotiques Réauxa acquis les droits de la montrer au public. Pendant plus d'un an, elle a été "exposée" à Paris, et lorsque l'intérêt a diminué, elle a été chassée dans la rue, où elle a commencé à gagner de l'argent grâce à la prostitution. Elle est décédée d'une maladie inconnue en 1815. Après son trépas, ses restes ont été déposés dans des musées français et ce n'est qu'en 2002 qu'ils ont été transportés en Afrique du Sud et enterrés.

Expositions coloniales de villages

L’exposition de "villageois" avec des originaires d’Afrique, d’Amérique latine, d’Asie et d’Océanie enfermés dans des clôtures et des cages spéciales lors de divers événements internationaux était largement pratiquée en Europe jusque dans les années 1950.
La 1ère exposition coloniale s’est tenue à Amsterdam en 1883. Les organisateurs de l'Exposition coloniale internationale ont recréé dans une enceinte spéciale un village d'Indiens du Surinam, censés montrer leur vie quotidienne au public.
Depuis lors, le phénomène des zoos humains s'est étendu à travers toute l'Europe et s'est installé dans une multiplicité d'espaces: foires, théâtres, cirques, jardins d'acclimatation, cabarets, expositions universelles ou coloniales, villages itinérants.
Un "village africain" abritant environ 400 personnes est devenu l’une des "expositions" centrales de l’Exposition universelle de Paris de 1889. Lors de celle de 1900, les organisateurs ont installé le diorama "La vie à Madagascar" avec des habitants de l'île.

Symbole de racisme inhumain

Aux États-Unis, la situation était semblable. Le chasseur et showman américain William Cody, surnommé Buffalo Bill, profitant de l'intérêt pour les thèmes indiens apparus dans le contexte des guerres avec les Sioux, a commencé à organiser des spectacles de cirque avec la participation d'aventuriers blancs et d'Indiens.
En 1906, la New York Zoological Society a mis en place une exposition plaçant le pygmée congolais Ota Benga dans une cage avec des chimpanzés et des orangs-outans. Les colonialistes belges ont tué toute la famille de Benga, et ce dernier a été amené en Amérique pour participer à des spectacles en tant que véritable captif, notamment au Zoo du Bronx.
Il a été libéré en 1906 grâce aux protestations d'un grand nombre d'Américains scandalisés. Libre mais malheureux, seul survivant de son clan et voyant qu'il lui était impossible de retourner dans son pays d'origine après le déclenchement de la Première Guerre mondiale, Ota Benga a mis fin à ses jours. Il est un symbole du racisme inhumain qui caractérise le XXe siècle aux États-Unis et plus largement dans le monde occidental.

L’humanisme triomphe?

Les zoos humains ont disparu au milieu du XXe siècle. Le dernier correspondait à une présentation d’un village congolais à l'Exposition universelle de 1958 à Bruxelles. La photo d'une petite fille africaine se promenant dans un enclos et nourrie à la main par des dames européennes a fait le tour du monde.
Bien que le niveau d’humanisme ayant émergé ne permette pas de garder les gens dans les enclos de zoos, des événements le rappelant apparaissent cependant ponctuellement après 1960.
Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала