Que sont les missiles de croisière russes Kalibr et Kh-101 et ont-ils des équivalents à l’Otan?

© Sputnik . Denis Abramov / Accéder à la base multimédiaThe Grad Sviyazhsk corvette shoots the Kalibr missile during the final stage of summer exercises of the Caspian Flotilla's battle groups. File photo
The Grad Sviyazhsk corvette shoots the Kalibr missile during the final stage of summer exercises of the Caspian Flotilla's battle groups. File photo - Sputnik Afrique, 1920, 28.09.2023
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En plus de l’artillerie de différentes portées et des systèmes de lance-roquettes multiples livrés par l’Occident, Kiev aspire à obtenir des missiles de croisière qui pourraient rivaliser avec ceux de la Russie, tels que le Kalibr et le Kh-101. Quels sont exactement leurs caractéristiques? Ont-ils des équivalents otaniens? Sputnik explique.
Malgré une centaine de milliards de dollars d’aide militaire occidentale fournis à l’Ukraine, les ambitions militaires de Kiev ne sont pas encore assouvies. Kiev recherche actuellement des équivalents otaniens aux missiles de croisière russes à très longue portée.
"Nous voulons un analogue des Kalibr et des Kh-101 russes", a déclaré en septembre une source de l’état-major ukrainien aux médias économiques britanniques.
Pour causes principales: la vitesse, la maniabilité et la furtivité de ces armes russes, affirmant qu'elles les rendent difficiles à intercepter.

Les caractéristiques du Kalibr

Le Kalibr est le nom donné à toute une famille de missiles russes antinavires, anti-sous-marins, d'attaques terrestres, sous-marins, navals et, pour bientôt, lancés au sol avec une portée opérationnelle comprise entre 220 et 4.500 km. Leur charge utile varie entre 400 et 500 kilogrammes d'explosifs puissants ou nucléaire.
Le principal avantage du missile réside dans sa conception modulaire et en sa capacité d’utilisation contre tous types de cibles et lancé par diverses plates-formes maritimes et aériennes. De plus, il se distingue par son autonomie et ses caractéristiques de vitesse.
Le développement du Kalibr s’est opéré entre les années 1980 et 1990. Sa production a été lancée au milieu des années 1990, débouchant sur la conception d'une douzaine de variants. Ces missiles ont servi pour la première fois en 2015 contre les terroristes en Syrie, lancés depuis de petites corvettes de la marine russe en mer Caspienne, ainsi que des frégates lourdes et des sous-marins en Méditerranée.
Après l’escalade des hostilités dans le Donbass en un véritable conflit où l’Otan opère par procuration depuis 2022, , la Russie a commencé à tirer des dizaines de Kalibr sur des cibles militaires à travers le territoire ukrainien, dont des points de commandement, des bases aériennes et des systèmes de défense aérienne. En automne dernier, des Kalibr ont été utilisés pour cibler des infrastructures énergétiques ukrainiennes en réponse aux attaques répétées de Kiev contre des infrastructures civiles russes, notamment le pont de Crimée.
Les observateurs militaires russes ont qualifié le Kalibr comme étant l'un des missiles à longue portée "les plus efficaces" utilisés à ce jour dans la crise ukrainienne, avec son système de guidage inertiel autonome, sa résistance au brouillage, sa capacité à se rapprocher du sol et à accélérer en plein vol. En phase terminale de sa mission, il réalise une manœuvre unique, augmentant considérablement sa capacité de pénétration dans les défenses aériennes ennemies et à atteindre ses cibles.

Quel est son équivalent à l’Otan?

Produit en série, l’analogue otanien s’en approchant le plus est le Tomahawk – un missile de croisière subsonique universel à longue portée. Introduit dans les années 1980 et proposant de nombreuses variantes, le missile peut être armé soit d'une charge utile conventionnelle de 450 kg, soit d'une ogive nucléaire W80 de faible à moyen rendement. Sa portée opérationnelle se situe entre 460 et 2.500 km, en fonction de la modification.
Le Tomahawk présente plusieurs inconvénients connus par rapport au Kalibr. Ce sont notamment sa vitesse de vol subsonique constante, qui le rend plus vulnérable aux défenses aériennes ennemies, ses caractéristiques de précision et de portée inférieure, et ses performances médiocres. En effet, une trentaine de Tomahawks ont déjà été abattus par les défenses aériennes irakiennes en 2003. De même qu’en Syrie où plus de la moitié de ces missiles américains, britanniques et français lancés, n'ont pas réussi à atteindre leurs cibles en 2017 et en 2018.

Qu'est-ce que le missile Kh-101 et a-t-il un analogue au sein de l'Alliance transatlantique?

Le Kh-101 (connu sous le nom de Kh-102 dans sa variante à charge utile thermonucléaire) est un missile de croisière stratégique à très longue portée mis en service dans l'armée russe en 2013. Capable de voler jusqu'à 5.500 km et doté d'une ogive de 400 kg dans sa variante conventionnelle et d'une ogive de 250 kilotonnes pour une mégatonne en mode nucléaire, le Kh-101/102 est lancé à partir de la flotte de bombardiers stratégiques russes, y compris des Tu-95, des Tu-160 "Cygne blanc" et le chasseur-bombardier supersonique à moyenne portée Su-34.
Le Kh-101 est équipé de technologies de réduction de la signature radar, d'un système de guidage inertiel équipé d'une correction opto-électronique et d'une tête chercheuse utilisée pour la dernière étape du vol afin de réduire l'efficacité du brouillage. La trajectoire du Kh-101 peut être corrigée en cours de vol.
Comme le Kalibr, le Kh-101 a été déployé pour la première fois au-dessus de la Syrie entre 2015 et 2017, ciblant les bastions, camps et centres de commandement terroristes. Depuis 2022, ces missiles sont occasionnellement déployés pour attaquer des cibles stratégiques derrière les lignes de front en Ukraine.
Les caractéristiques de portée du missile russe sont de loin supérieures à celles de n’importe quel autre missile de croisière déployé partout dans le monde. Seul le missile de croisière avancé américain AGM-129, aujourd’hui retiré, s’en rapproche, avec sa portée allant jusqu’à 3.700 km. Transportés exclusivement par des bombardiers B-52H Stratofortress, ces missiles, introduits en 1990, ont été retirés du service et mis hors service par l'US Air Force en 2012 en raison de problèmes de fiabilité et de coûts de maintenance élevés.
La véritable "portée mondiale" des missiles de croisière russes comme le Kalibr et le Kh-101 a incité les responsables russes à souligner que leurs capacités ont pratiquement éliminé le besoin de la Russie d’imiter la stratégie des États-Unis et de l’Otan consistant à parsemer le monde de bases militaires. "Pourquoi devrions-nous avoir besoin d’une base [permanente] ", s’interrogeait le Président Poutine en 2015, commentant les opérations russes en Syrie. "Si nous devons atteindre quelqu'un, nous pouvons le faire sans base", a-t-il déclaré.
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