Comment l'Afrique peut-elle bénéficier des technologies nucléaires russes?

© Sputnik . Aleksej Bashkirov/Strana Rosatom Newspaper / Accéder à la base multimédiaDes éléments pour le réacteur 1 de la centrale nucléaire El-Dabaa, sur le site de productuin à Kolpino, en Russie
Des éléments pour le réacteur 1 de la centrale nucléaire El-Dabaa, sur le site de productuin à Kolpino, en Russie - Sputnik Afrique, 1920, 21.10.2023
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L'Afrique explore activement le domaine du nucléaire civil pour répondre à ses besoins croissants. La fondatrice et directrice d’Africa4Nuclear et le PDG de Rosatom Afrique centrale et australe expliquent à Sputnik l'utilité du partenariat russo-africain dans cette sphère pour un continent en manque d'électricité.
Le partenariat russo-africain dans le nucléaire est nécessaire. D'autant plus que la pauvreté énergétique reste l'un des principaux défis auxquels le continent est confronté, avec plus de 600 millions d'Africains n'ayant pas accès à l'électricité. C'est pourquoi il faut une campagne de promotion du nucléaire comme contributeur clé à la réalisation du programme de développement durable de l'Afrique, a déclaré à Sputnik Afrique Princess Mthombeni, activiste nucléaire, fondatrice et directrice d'Africa4Nuclear en marge de la Semaine africaine de l'énergie (AEW) 2023.
"L'avantage de travailler avec la Russie est qu'elle nous apporte une solution qui est non seulement économiquement viable, mais aussi durable à long terme [...]. Le nucléaire reste l'une des sources d'énergie les plus puissantes pour résoudre les nombreux problèmes auxquels est confronté ce continent, notamment l'inégalité, la pauvreté et le sous-développement", a-t-elle indiqué.
Prenant l'exemple de son pays d'origine, l'Afrique du Sud, Mme Mthombeni a souligné que l'énergie nucléaire peut jouer un rôle important dans la souveraineté énergétique. Contrairement aux sources d'énergie renouvelables telles que les panneaux solaires et les éoliennes, qui nécessitent souvent l'importation de composants d'autres pays, les centrales nucléaires peuvent être construites dans le pays d'accueil, en utilisant les compétences et les ressources locales.
"Il y a quelque chose de différent avec le nucléaire parce que vous construisez une centrale nucléaire dans n'importe quel pays et que vous utilisez les compétences qui se trouvent dans le pays, la plupart, pas toutes, mais vous utilisez surtout les compétences qui se trouvent dans le pays et alors les retombées économiques se produisent dans ce pays et pas ailleurs", a-t-elle souligné.

La Russie, un partenaire intéressant

S'exprimant sur les avantages possibles de la technologie et de l'expertise nucléaires de la Russie par rapport aux pays occidentaux, Mme Mthombeni a reconnu l'importance des possibilités de partenariat avec toutes les nations. Toutefois, elle a reconnu que la Russie était une "puissance" mondiale dans le secteur de l'énergie nucléaire, ce qui en fait un partenaire intéressant pour les pays africains.
"Nous n'avons pas l'intention de choisir une personne plutôt qu'une autre, tant que les solutions que nous proposons ont un sens économique, nous devrions être en mesure d'établir des partenariats avec à peu près n'importe qui [...]. Mais ce que les Russes apportent, c'est vraiment quelque chose qui est connu dans le monde entier: les Russes sont le moteur de cet espace, de l'espace nucléaire".

Quels domaines de partenariat nucléaire russo-africain?

Alors que l'Afrique lorgne sur le nucléaire pour répondre à ses besoins énergétiques croissants, Rosatom, une société d'État russe spécialisée dans l'énergie nucléaire et les produits de haute technologie, s'est imposée comme un acteur clé, réalisant divers projets sur le continent, a déclaré à Sputnik Afrique Ryan Collyer, PDG de Rosatom Afrique centrale et australe.
"Outre les projets énergétiques à grande échelle, Rosatom se concentre également sur le développement de sa coopération avec les pays africains dans le domaine médical [...]. Cette initiative vise à remédier à la pénurie de médecine nucléaire sur le continent et à améliorer les capacités de traitement du cancer; elle peut également prolonger la durée de conservation des aliments et des équipements médicaux grâce à des centres d'irradiation polyvalents", a indiqué M.Collyer.
Commentant les implications à long terme de la coopération nucléaire entre la Russie et les pays africains, M.Collyer a souligné la nécessité d'une approche approfondie et méticuleuse pour garantir la sécurité et l'efficacité de l'énergie nucléaire.
"Le nucléaire n'est pas quelque chose qui se fait du jour au lendemain. Il y a un processus assez long à suivre en ce qui concerne l'approche des étapes clés de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Et cela peut prendre un certain nombre d'années", a-t-il dit.

Une centrale nucléaire en Égypte?

La centrale nucléaire de projet russe en chantier à El-Dabaa, en Égypte, devrait devenir la deuxième du continent, après la première étant celle de Koeberg, en Afrique du Sud, a fait savoir à Sputnik Afrique Anton Khlopkov, fondateur et directeur du Centre d'études sur l'énergie et la sécurité (CENESS) en Russie. Il a ajouté que Rosatom fournit à Koeberg des cargaisons de combustible nucléaire depuis plus de 20 ans.
L’Afrique et la Russie collaborent sur plusieurs voies dans ce secteur, notamment la construction de centrales nucléaires, la production d'uranium et la construction de centres de recherche nucléaire, a précisé M.Khlopkov.
"Trois pays africains figurent parmi les dix premiers producteurs d'uranium: la Namibie, l'Afrique du Sud et le Niger. De plus, à ma connaissance, des filiales de Rosatom possèdent des mines d'uranium dans deux pays, la Tanzanie et la Namibie, et il existe des projets de développement dans cette direction".

Des solutions sur mesure

Le besoin urgent d'énergie de l'Afrique et son impact sur l'industrialisation et la croissance économique ne peuvent être négligés, insiste le PDG de Rosatom Afrique centrale et australe. Une grande partie de la population africaine n'ayant pas accès à l'électricité, le développement énergétique à grande échelle est essentiel pour le développement durable, et l'énergie nucléaire peut jouer un rôle crucial pour répondre à cette demande énergétique, a-t-il noté.
M.Collyer a souligné l'importance accordée par son entreprise aux solutions sur mesure. Plutôt que d'offrir une approche unique, Rosatom travaille en étroite collaboration avec chaque pays partenaire pour comprendre ses besoins uniques et adapter la coopération en conséquence.
"Chaque pays est très spécifique [...]. Nous ne nous contentons pas de proposer une solution standard. Nous travaillons avec nos partenaires, nous comprenons les particularités d'un pays donné et nous adaptons réellement la manière dont nous travaillons avec eux en fonction de cela".

D'autres domaines de collaboration

Rosatom a également signé des protocoles d'accord et accords intergouvernementaux sur d’autres projets avec l’Afrique. Selon M.Collyer, de nombreux jeunes Africains font leurs études d'ingénierie nucléaire en Russie grâce à des bourses complètes, ce qui permet d'acquérir l'expertise locale nécessaire à la poursuite de la coopération dans ce domaine.
"L'une des premières choses qui est débloquée est le développement des ressources humaines. Nous avons donc un grand nombre d'étudiants africains qui étudient actuellement [l'ingénierie nucléaire] en Russie grâce à des bourses complètes", a-t-il déclaré.
Pour sa part, M.Khlopkov a indiqué que la Russie et l'Afrique pouvaient coopérer dans le domaine des matériaux non nucléaires, par exemple dans le développement de technologies de batteries au lithium.
"Les matières premières de lithium suscitent aujourd'hui un grand intérêt, et la région africaine peut également être considérée comme une région où la Fédération de Russie, notamment grâce aux efforts de la société d'État Rosatom, peut investir dans l'exploitation minière".

Numéro un dans le monde

En ce qui concerne la dynamique et la concurrence géopolitiques, M.Collyer a fait remarquer que les liens historiques entre l'Afrique et la Russie ont permis de minimiser les problèmes majeurs à cet égard. Bien qu'il y ait eu quelques défis logistiques et financiers, Rosatom les a rapidement résolus pour assurer une coopération harmonieuse.
Soulignant la position de Rosatom en tant que premier fournisseur mondial de centrales nucléaires, M.Collyer a insisté sur la confiance de l'entreprise dans sa technologie de pointe. En tant que fournisseur de solutions complètes clés en main, Rosatom se distingue en apportant un soutien global à ses partenaires, depuis le développement des ressources humaines jusqu'à la sensibilisation du public, en passant par la construction et même le démantèlement.
"Je dirais que nous sommes le fournisseur numéro un dans le monde en termes de construction de centrales nucléaires", a déclaré le responsable de Rosatom. "Nous sommes une entreprise qui, une fois que nous formons un partenariat, le fait pour 100 ans. Et je pense que c'est vraiment notre point fort".
Commentant ce point, M.Khlopkov a rappelé que Rosatom avait une grande expérience de la construction de centrales nucléaires dans le monde entier, ayant construit des centrales nucléaires en Chine, en Inde, en Iran, en Biélorussie et en Turquie. Des travaux de construction d’autres centrales russes sont en cours dans une dizaine d’autres pays.
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