Malgré son échec en Libye, Cameron prend les rênes de la diplomatie britannique

© AP Photo / Kirsty WigglesworthL'ancien Premier ministre britannique David Cameron quitte le palais St James à Londres, samedi 10 septembre 2022, après la proclamation du roi Charles III lors du Conseil d'accession.
L'ancien Premier ministre britannique David Cameron quitte le palais St James à Londres, samedi 10 septembre 2022, après la proclamation du roi Charles III lors du Conseil d'accession. - Sputnik Afrique, 1920, 13.11.2023
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Initiateur d'une politique étrangère controversée du Royaume-Uni, notamment en Libye, l’ex-Premier ministre britannique David Cameron vient d’être placé à la tête de la diplomatie. "C’est un aventurier à qui il vaut mieux ne pas confier la prise de décisions importantes", estime auprès de Sputnik Natalia Eremina, docteur en sciences politiques.
L'ancien Premier ministre britannique David Cameron a été nommé ce lundi 13 novembre ministre des Affaires étrangères. En 2015, il a reconnu l’échec de sa politique dans "la situation difficile en Libye". Pourtant, il se voit inviter à diriger la diplomatie. Une décision inattendue, a déclaré ce 13 novembre à Sputnik Natalia Eremina, professeur à l'université d'État de Saint-Pétersbourg, docteur en sciences politiques.
"M.Cameron s’est montré comme un aventurier à qui il vaudrait mieux ne pas faire confiance pour prendre des décisions sérieuses. Néanmoins, c'est lui qu’on invite dans un domaine aussi important que les relations internationales. M.Cameron a démissionné en 2016 (du poste de Premier ministre - ndlr) précisément parce que l'establishment politique le considère comme l’un des aventuriers les plus emblématiques", a-t-elle indiqué.
Et de rappeler que c’est sur l’initiative de David Cameron que le référendum en Écosse et, qu’en fait, le Brexit ont eu lieu. M.Cameron était "contre la sortie de son pays de l’Union européenne, mais […] pensait qu’il était tout à fait possible de jouer sur les nerfs".
Selon elle, David Cameron "est considéré comme quelqu'un qui aime beaucoup jouer avec le public et prendre des décisions irréfléchies. Il n’a pas une très bonne réputation en tant que personne mettant en œuvre la stratégie de l’État. Cette personne est privée de la confiance du public", a ajouté Mme Eremina.

Échec en Libye

David Cameron a été nommé Premier ministre britannique en 2010 et a commencé à poursuivre les réformes avec "plus de rapidité et de vigueur que ne l'ont tenté Margaret Thatcher ou Tony Blair, deux figures clés de la politique britannique d'après-guerre".
Il a fait son entrée sur la scène mondiale un an après le début de son mandat de Premier ministre, avec le coup d'État de 2011 en Libye.
A l’époque de son mandat, le Royaume-Uni s'est joint aux États-Unis, à la France et à l'Italie, dans une campagne de bombardements massifs contre les forces armées libyennes, qui a permis aux militants de prendre le pouvoir et d'assassiner Mouammar Kadhafi, leader de la révolution de 1969.
La Libye, riche en pétrole, qui affichait auparavant le niveau de vie le plus élevé d'Afrique, est pauvre et divisée entre des factions rivales prétendant gouverner le pays à Tripoli et à Benghazi, qui mènent encore aujourd'hui une guerre civile. Certaines parties du pays sont devenues un refuge pour les terroristes sectaires.
L’un des effets immédiats de l’intervention de l’Otan a été la crise des migrants en Méditerranée, avec l’établissement de gangs de trafiquants d’êtres humains sur la côte et l’essor même de l’esclavage moderne.

Défaite en Syrie

La destruction de la Libye par l’Occident s’est traduite par une tentative de renversement de l’État laïc de Syrie. Des militants et des armes ont été transportés de Benghazi vers la république arabe du Levant dans l'espoir que le gouvernement du Président Bachar al-Assad s'effondrerait rapidement.
David Cameron a utilisé la montée de Daesh* dans le nord de l’Irak et l’est de la Syrie comme prétexte pour se joindre à la campagne de bombardement menée par les États-Unis dans ce pays et ce, sans l’autorisation de Damas.
Mais le Premier ministre britannique n’a pas réussi à créer une coalition gouvernementale appuyant ce plan, et un vote au parlement sur une action militaire a été rejeté par une marge de 13 voix en août 2013.
L’intervention militaire russe en Syrie en 2015, à la demande du gouvernement élu, a renversé le cours de la guerre et a permis à l’armée syrienne de reprendre de vastes territoires, vainquant largement Daesh*. La plupart des groupes armés soutenus par l’Occident se sont retirés dans les zones occupées par les États-Unis, dans le nord-est et le sud du pays.
La Syrie a été réadmise au sein de la Ligue arabe en mai.

Brexit: la chute de Cameron

En mars 2015, avant les législatives, le Premier ministre Cameron avait admis ne pas avoir tenu nombre de ses promesses électorales, notamment celles de réduire le déficit budgétaire et de réduire l'immigration à quelques dizaines de milliers de personnes par an.
Pour gagner les législatives, David Cameron avait promis l'organisation d'un référendum sur la sortie du Royaume-Uni de l'UE s'il remportait les élections. Après la victoire, l'homme politique avait tenu parole et l'avait organisé. Mais comme il était lui-même opposé au Brexit, il a démissionné et quitté le parlement.
* Organisation terroriste interdite en Russie
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