Les sanctions visant les diamants russes peuvent lourdement pénaliser l’Afrique, estime un expert

© Unsplash / Bas van den EijkhofUn diamant (image d'illustration)
Un diamant (image d'illustration) - Sputnik Afrique, 1920, 15.02.2024
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Vu que les diamants ne peuvent être extraits que dans un nombre limité d'endroits, les sanctions antirusses entravent la croissance du marché international, a déclaré à Sputnik Afrique Dr Mohammed Abubakar Mohammed, assistant spécial principal sur le développement des minéraux solides après du gouverneur exécutif de l'État de Kwara, au Nigeria.
"Il n'y a aucune justification à ces sanctions parce qu'indirectement, cela affecte beaucoup l'Afrique. En fait, cela crée un goulot d'étranglement [...]: au lieu de s’élargir, [le marché] se ferme [...]. C'est une question de politique. Il s’agit de la politique de la région qu’ils veulent dominer et dont ils veulent un contrôle total", a-t-il dit.

Liberté compromise

Les sanctions limitent la liberté de choix des autres pays, les privant du droit de négocier avec les partenaires de leur choix, réagit le responsable.
"Cela signifie que vous êtes contraints de faire ce que vous ne voulez pas faire, ce qui pourrait ne pas vous être bénéfique […]. Au niveau mondial et économique, le marché devrait être ouvert à tous les acteurs pour qu'ils puissent agir et échanger ce qu'ils souhaitent", a noté le fonctionnaire.
"C'est une sorte d'arrangement qui les [le G7] favorise, pas vous [...]. L'effet de ces [sanctions] en Afrique est que nous n'aurons pas autant d'amis que possible avec qui nous voulons traiter, avec qui nous voulons faire du commerce, et ce n'est pas bon. Nous devrions avoir notre liberté", a-t-il avancé.

Victimes collatérales des mesures occidentales

La Russie est loin d'être le seul pays à faire l'objet de sanctions occidentales au fil des années. Le Mali, le Zimbabwe, l'Ouganda et de nombreux autres pays sont sous pression, rappelle le responsable. Cela a un impact négatif non seulement sur le développement de ces États, mais aussi sur celui de leurs voisins, et cela crée un "problème pour l'ensemble du continent africain".
Et d’ajouter: "Sanctionner ces pays [...] a un impact social et économique énorme sur certains de ces pays. Si aujourd'hui le Nigeria, l'Afrique du Sud, le Maroc, l'Angola, l'Algérie, l'Égypte se portent bien, ce n’est pas le cas pour le Mali, le Zimbabwe, le Congo. Le fardeau revient quand même sur ces autres pays, qui sont également en difficulté".

Néocolonialisme et favoritisme

Les sanctions font partie du jeu géopolitique, dans la mesure où les acteurs du marché sont poussés à s'approvisionner uniquement auprès de certains fournisseurs. De plus, cela relève du néocolonialisme, insiste Mohammed Abubakar Mohammed.
"Bannir quelqu'un ou imposer des restrictions à quelqu'un parce que vous voulez dominer le marché [...], pour moi, c'est comme si on faisait de la politique. En regardant cela sous un autre angle, on peut le qualifier de néocolonialisme. Oui, il y a toujours cette envie de coloniser la mentalité des gens", a-t-il soutenu.
En outre, ces sanctions représentent "une politique de favoritisme ", dans la mesure où l'Occident ne fait que suivre ses intérêts.
"Pour moi, tout ce qui concerne la politique est une question d'intérêt […]. L'Occident ne veut pas que cela ait un avantage direct pour les autres nations. Ils veulent protéger leurs propres continents et voir ensuite le meilleur de ce qu'ils peuvent en tirer", analyse le responsable.

Faire bloc pour surmonter l'impact des sanctions

L'Occident a systématiquement tenté de semer la discorde en Afrique et, aujourd’hui, pour surmonter les conséquences négatives des sanctions, les pays du continent doivent s'unir et choisir judicieusement leurs partenaires, préconise l’assistant spécial.
"Si l'Afrique veut vraiment lutter contre ce genre de sanctions [...] et leurs conséquences, il faut se serrer les coudes, s'aimer d'abord. Puis, une fois unis, il faut bien choisir ses amis, il faut savoir choisir ses alliés", préconise le fonctionnaire.
Si l'Afrique y arrive, elle connaîtra une croissance "au-delà de l'imagination", a-t-il souligné.

La Russie et les BRICS comme bons exemples

Les BRICS sont une plateforme où ses membres s'entraident pour grandir, a poursuivi Mohammed Abubakar Mohammed. Il s’est dit "impatient" de voir son pays, le Nigeria, rejoindre le groupe car "cela aura un effet positif significatif sur l'Afrique et les autres pays impliqués".
De plus, l’analyste salue la politique que Moscou mène sur le continent africain et l’a exhorté à continuer dans le même esprit.
"[La Russie a apporté au Nigeria] une grande assistance en termes de nombreux partenariats dans l'agriculture, dans le secteur de l'acier [...]. Nous avons de grands accords bilatéraux avec la Russie [...], alors bravo à la Russie. Pour moi, il n'y a aucune limite à la grandeur de ce que la Russie peut réellement faire. Et aucune menace du tout. Nous sommes toujours ouverts à travailler avec la Russie", a conclu M.Mohammed.
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