Markus Wolf : « un homme sans visage » et les secrets de la cuisine russe

Markus Wolf : « un homme sans visage » et les secrets de la cuisine russe
Markus Wolf : « un homme sans visage » et les secrets de la cuisine russe - Sputnik Afrique
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Les mystères de la politique et des services spéciaux coïncident souvent. L'un

Les mystères de la politique et des services spéciaux coïncident souvent. L'un des chefs les plus connus des services spéciaux d'Allemagne de l'Est Markus Wolf qu'on appelle en Occident « un homme sans visage » parce qu'il est en conspiration profonde est fin connaisseur des secrets de la cuisine politique, en non seulement politique. La RDA ayant cessé d'exister, Markus Wolf édite plusieurs recueils de souvenirs et un livre consacré à la gastronomie. Ce livre est intitulé « Les mystères de la cuisine russe ». Pourquoi donc russe ? Probablement, parce que la vie de Markus Wolf est étroitement liée à la Russie. Il arrive en URSS dès qu'il est enfant avec sa famille se sauvant des nazis. Markus Wolf voyage beaucoup à travers l'Union soviétique. En se souvenant, comme il écrit, de l'hospitalité russe surprenante, des mets délicieux et des bonnes boissons, il comprend qu'il doit faire part de connaissances gastronomiques auxquelles il s'est initié.

Le livre de Markus Wolf est destiné en premier lieu au lecteur allemand. L'auteur veut  l'initier aux particularités de la gastronomie nationale russe. Il explique minutieusement en quoi réside la spécificité des hors d'œuvre russes, comment boire correctement à la russe. Wolf décrit les pelmenis en tonalité poétique. Selon lui, il existe en Allemagne un authentique monument aux pelmenis russes : il est créé par le frère de l'auteur le réalisateur connu Konrad Wolf ayant tourné le film « J'avais dix-neuf ans ». Konrad a tourné une scène où les personnages ayant ôté les uniformes se réunissent dans le château Sans Souci pour célébrer la fête de la Victoire sur le fascisme. On voit leurs mains faire des pelmenis, beaucoup de pelmenis : des dizaines, des centaines, des milliers. Une sorte de compétitions sont organisées trente ans après l'achèvement de la guerre en 1975 à l'occasion du cinquantenaire de Konrad Wolf au Club de Berlin : les invités préparent les pelmenis d'après leurs recettes. Selon Markus Wolf, leur famille a brillé par sa maîtrise  à ce concours.

Et la soupe russe au poisson ? Un jour ce plat aide Markus Wolf à établir au bord de la Volga un contact avec un politicien ouest-allemand. L'invité ouest-allemand est de mauvaise humeur et l'entretien faillit échouer. Seule une soupe au poisson peut sauver la situation. Le repas est servi dans une simple maison russe, chez l'ancien maître d'usine que Markus Wolf connaît bien. L'invité pose aux maîtres des questions sur leur vie en appréciant les mets et les boissons - et le voilà « en forme ». Le contact entre l'Ouest et l'Est est établi.

Markus Wolf reproduit de multiples détails de l'époque. Ainsi, il se souvient du déficit alimentaire en URSS ce qui n'empêche pas les ménagères soviétiques de faire des miracles d'hospitalité gastronomique. « Quand on a tout, il est simple de servir la table, écrit Wolf. - Or, lorsque plusieurs produits sont en déficit et on se voit servir des dizaines de salades délicieuses, c'est juste en ce moment qu'on essaie de pénétrer dans le secret de la cuisine russe».

Le livre est présenté sous forme d'un voyage gastronomique. D'une part, c'est un voyage dans le passé, avec des souvenirs d'avant- et d'après-guerre, des missions délicates qu'est contraint d'accomplir un agent allemand des services spéciaux en URSS et au Zanzibar. De l'autre - c'est un voyage à travers l'Europe lorsque l'ex-chef de reconnaissance de la RDA en disgrâce est contraint de déménager d'un pays dans un autre, revient ensuite en Allemagne et s'avère en prison. Lorsqu'il en sort enfin, écrit Markus Wolf, une surprise agréable l'attend chez lui : il se voit servir ses mets russes préférés.

« La cuisine politique, écrit Markus Wolf, a ses recettes. Il est possible d'en faire tout un plat et pour s'y débrouiller il faut en savoir des secrets ».

Il est à noter que le chef de reconnaissance de la République démocratique allemande n'est pas le seul à éditer un livre culinaire. Les collaborateurs de la BND, service spécial de la République fédérale d'Allemagne, font paraître eux aussi un ouvrage culinaire dans le cadre d'une sorte de campagne publicitaire visant à améliorer l'image des services secrets. Les recettes recueillies par les agents secrets du monde entier altèrent dans ce livre avec les anecdotes de la vie d'espion. Il est donc possible de profiter de certains secrets de la « cuisine » des services spéciaux en préparant la nourriture.

 

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