Ivan Maïski, ambassadeur d’URSS en Grande-Bretagne dans les années 1930-1940, commence sa carrière diplomatique en 1922. Ayant vécu pendant la révolution dans l’émigration, il sait l’anglais ce qui l’aide dans sa carrière.
Les relations diplomatiques entre l’URSS et la Grande-Bretagne sont établies en 1924 et en mai 1925 Ivan Maïski est expédié à Londres en tant que conseiller de la représentation permanente pour la presse.
Il se souvient dans ses mémoires que le diplomate soviétique est contraint au milieu des années 1920 de s’entretenir souvent avec les travaillistes britanniques et les leaders des syndicats qui viennent dans son cottage. La femme du diplomate est hospitalière, elle offre aux invités des mets et des boissons attrayants. La température étant au-dessous de zéro dans les rapports intergouvernementaux anglo-soviétiques, le diplomate essaie de compenser ce froid officiel par une ambiance publique chaleureuse.
Les entretiens commencent habituellement, comme il est d’usage en Grande-Bretagne, à table. Les invités mangent et boivent volontiers et la maîtresse de maison les encourage à la russe. Tout le monde aime bien la vodka russe et le caviar d’Astrakhan. En prenant du café après le dîner ils abordent les sujets plus sérieux.
En 1927 le gouvernement conservateur rompt les rapports diplomatiques avec l’URSS. Le 27 mai, le jour de la remise à l’ambassade soviétique de la note sur la rupture des rapports diplomatiques, les leaders du parti travailliste et du Conseil général des trade-unions donnent un lunch dans un restaurant parlementaire en l’honneur du personnel diplomatique de la représentation permanente et de la représentation commerciale soviétique. C’est une démonstration politique dirigée contre le gouvernement conservateur.
En 1929 les rapports soviéto-britanniques sont rétablis. En 1932 Ivan Maïski est désigné ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire d’URSS en Grande-Bretagne et travaille à ce poste jusqu’à 1943. Le lendemain de la remise des lettres de créance au roi l’ambassadeur Maïski assiste le 9 novembre 1932 à un banquet splendide donné tous les ans à City dans le Bâtiment ancien des guildes pour les notables londoniens avec la participation du corps diplomatique. Le héraut annonce le nom de chaque invité et celui-ci est applaudi. Le degré d’applaudissements dépend du statut et de la popularité de l’invité. Le repas est ouvert obligatoirement par une soupe de tortue. Ivan Maïski se montre, d’ailleurs, plutôt sceptique en appréciant ce mets dans ses mémoires. La soupe est suivie d’autres plats avec l’accompagnement de l’orchestre. Les vins sont servis, les invités portent des toasts : le premier à la santé du roi, ensuite il est permis de fumer, puis – à la santé de la famille royale, des ambassadeurs étrangers, du gouvernement, de l’armée et de la flotte, etc. Le doyen répond de la part du corps diplomatique. Le discours prononcé par le premier ministre fait, en règle générale, sensation politique au banquet.
Le nouvel ambassadeur soviétique suit sur le tapis rouge l’ambassadeur japonais Matsudaira. Celui-ci est accueilli par une ovation. Or, lorsque le héraut prononce : « Son excellence M. l’ambassadeur soviétique Ivan Maïski ! » il n’y a pas d’applaudissements. Néanmoins, le diplomate défile la tête haute avant de serrer la main au Lord Maire et à son épouse.
Dès son retour de Londres à Moscou, Ivan Maïski devient vice-Commissaire du peuple aux Affaires étrangères de l’URSS, participe à la conférence de Yalta. Dans les années 1950 le diplomate tombe victime des répressions staliniennes, est arrêté mais plus tard mis en liberté et réhabilité.
