La fragile âme européenne par Hélène Richard-Favre

© © Collage : La Voix de la RussieLa fragile âme européenne par Hélène Richard-Favre
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La lumière vient de l’Est ou de la Russie, plus exactement! On assiste au jusant de la culture européenne à l’Occident. Les capitaux désertent cette zone et la culture comme l’intendance napoléonienne suit inéluctablement la direction générale.

La lumière vient de l’Est ou de la Russie, plus exactement ! On assiste au jusant de la culture européenne à l’Occident. Les capitaux désertent cette zone et la culture comme l’intendance napoléonienne suit inéluctablement la direction générale. Dans la vie tout se tient. Comment peut-on traiter de Dostoïevski ou de Hugo dans un pays où les mosquées sont plus gr andes que les cathédrales ancestrales ?

Sans vouloir jeter le blâme sur qui que ce soit, on ne peut que constater que la tradition de l’islam consiste en autre chose que les beaux-arts européens. Les mollahs n’ont que faire des mises en abîme d’un être psychologue qui se cherche ! Ils riraient bien si on leur présenterait les complexes kafkaïens ou le syndrome d’après la guerre décrit par Remark ! Qu’a-t-on à apprendre aux gens qui sont prêts à mourir pour le Tout-Puissant ? Et croyez-moi, c’est avec beaucoup de respect à l’égard de leur exploit que je le dis !

Seulement j’ai la malchance tout en étant issu moi-même d’une famille de nobles circassiens, de faire partie de la culture européenne. Et cette culture a aussi le droit d’exister. Alors les nouveaux pôles d’attraction se créent à l’Est du continent où l’islam n’est pas encore omniprésent. Et Moscou en fait partie.

Une femme fragile qui se présenta un jour de mauvais temps moscovite sur notre plateau. Elle s’appelle Hélène Richard-Favre. Elle a les allures d’une petite fille perdue dans une immense forêt des réalités cruelles qui frappent l’Europe de plein fouet. Hélène est professeur de littérature et avant tout autre chose écrivain. Elle se passionne pour la culture russe et se fit fervente défenderesse de l’église orthodoxe russe maculée par les voyous de quartier à Genève pour protester contre la sentence à l’encontre des diaboliques Pussy Riot. Hélène n’est pas russe mais elle s’intéresse à tout ce qui l’entoure et ses nouvelles en sont marquées. Trois recueils sortis chez l’Editeur URSS – Bilingua sont intitulées «Nouvelles de Nulle part », « Nouvelles de personne » et « Nouvelles de rien ». A chaudement recommander à toutes les lectrices et lecteurs !

Nous avons commencé par les lectrices parce qu’il y a du Marguerite Yourcenar chez Hélène. On pense notamment à « L’œuvre au noir ». Un travail secret s’opère dans chaque être et ce travail peut être fait en bien ou en mal. Cette vérité semble être banale mais c’est deux choses différentes que de le dire ou de le démontrer dans une nouvelle laconique, qui tient en quelques pages et ne vous fait pas la morale.

Si vous lisez « Théâtre » ou « Le gué aux bœufs » vous ferez vite de comprendre que dans les gens quelconque qui vous entourent il y a de véritables drames en veilleuse qui couvent sous les cendres et peuvent s’enflammer tel un brasier à la moindre occasion. Hélène sait aller au fond des choses. Elle ne cherche pas à faire du spectacle mais plutôt à contempler les facettes multicolores de la réalité ambiante. Elle a l’air d’une une femme assise au grand soleil dans un parc de Berne qui voit picorer les pigeons et les gens passer en leur imaginant un passé et un avenir. Ou on peut la comparer à une petite fille qui sait déceler un pays de Cocagne dans un tesson de bouteille trouvé sur la route.

Un écrivain suisse qui tient du Tchekhov et du Dostoïevski – étrange tout de même ! Alors nous l’avons soumise à la question et voici ce que nous avons réussi à tirer d’elle.

La Voix de la Russie. Il y a du Dostoïevski, si je puis dire, dans les ouvrages de Madame Favre. Et je me demande pourquoi Madame Favre a voulu se rapprocher de la psychologie. Je trouve que ses écrits sont vraiment empreints d’un message psychologique qui ont beaucoup plus qu’une valeur littéraire sinon une valeur psychologique. Et c’est bien cela qui m’intéresse ! j’aurais aimé ajouter juste quelques détails au palmarès que tu as présenté. Je crois que Madame Favre est aussi spécialisée en littérature russe et allemande.

Hélène Richard-Favre. J’ai étudié à Genève la littérature : allemande d’abord et ensuite française et russe. Parce qu’il fallait avoir trois branches, trois matières pour la licence. Et puis le russe a été ma matière principale. La littérature russe. En allemand c’était pareil et en français aussi. Alors j’ai terminé en linguistique parce qu’à l’époque il n’y avait pas de débouchés ! L’allemand c’est la langue maternelle de mon père.

Par rapport à mes trois recueils des Nouvelles, vous avez « Nouvelle de rien », le second, et le troisième c’est « Nouvelle s de nulle part » et le premier – « Nouvelles de personne ». J’ai voulu juste garder cette unité autour des Nouvelles.

LVdlR. Alexandre vous a sorti une petite pointe par provocation en parlant de Dostoïevski… Qu’est-ce que vous avez à y répondre sans fausse modestie ?

Hélène Richard-Favre. Ce n’est pas une provocation tout simplement parce que ça me touche beaucoup ! Tout simplement parce que j’étais marquée profondément par Dostoïevski. J’y ai pensé encore tout à l’heure quand je me préparais : je me disais, je vais en parler parce que c’est vraiment l’écrivain qui m’a le plus marqué ; c’est un compliment et cet écrivain, je le porte en moi ! Surtout « Les frères Karamazov » ! Avec ces trois frères plus le quatrième qui représentent la personnalité de Dostoïevski dans ses aspects intellectuels, pathologiques, affectifs et mystiques… »

Hélène Richard-Favre est vraiment passionné par son métier : « J’ai toujours voulu devenir écrivain, dit-elle, et en même temps je trouve c’est terrible ! Parce qu’on est coupé du monde. Alors que justement c’est la seule manière d’être au monde ! C’est le lien à l’extérieur. Mais c’est le paradoxe : il faut se retirer pour laisser sortir ses voix de l’intérieur et ses histoires qui se présentent d’elles-mêmes !»

On sent à travers les récits de cet écrivain suisse l’âme européenne traditionnelle qui se pose des questions, se met en abîme sur le subconscient. C’est évidemment très loin de la problématique religieuse et des grands conflits sociaux qui secouent le continent européen en ce moment. Mais en même temps l’existence de la création d’Hélène incarne le sens même de notre vie qui doit être beaucoup plus que la lutte pour la terre ou pour d’autres biens matériels.

En personne de Madame Richard-Favre nous saluons les écrivains de la Suisse romande lus par le public francophone russe et par le grand public tout court parce que les nouvelles sont maintenant disponibles en russe. Et j’ai envie de lui dire : « Courage et bonne continuation ! »

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