L’empreinte que cette présence a laissée

L’empreinte que cette présence a laissée
L’empreinte que cette présence a laissée - Sputnik Afrique
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Il ne s’agit pas de cette présence russe tapageuse, synonyme d’argent et d

Il ne s’agit pas de cette présence russe tapageuse, synonyme d’argent et d’excès. Il y a une autre présence russe à Nice, plus réticente sinon silencieuse, dont tout le monde n’a qu’une idée vague mais qui mérite toute notre attention. Cette présence appartient à l’histoire et à la culture de la Riviera française, volontairement cosmopolite, qui a longtemps fondé son développement sur la fréquentation étrangère. Comme disent aujourd’hui les officiels locaux, la Côte d’Azur a connu pendant plus d’un siècle « une communauté russe qu’aucune ville de n’a pu égaler par son importance et l’empreinte qu’elle a laissée ». Or c’est de cette empreinte et de cette mémoire que nous parle l’exposition organisée par le Musée Massena, qui offre son cadre à l’histoire de la présence Russe sur la Côte entre 1860 et 1914. Comme le sujet est complexe, le parcours est articulé en cinq grands thèmes, qui correspondent aux cinq salles du second étage de la villa Massena, ce joyau néo-classique de la Promenade des Anglais. Pour commencer le voyage rétrospectif, voici d’abord la salle de la famille impériale car dès l’origine, les membres de la famille Romanov ont joué un rôle majeur dans l’installation des Russes à Nice. Citons le grand-duc Michel, frère de Nicolas I, venu s’installer en 1837, l’impératrice douairière Alexandra Fedorovna, veuve du même tsar, et tout un défilé de couples impériaux qui ont préféré la Côte d’Azur à tout autre endroit du sud de l’Europe. Parmi eux, évidemment, la famille d’Alexandre II, dit Libérateur, dont le fils aîné Nicolas décède à Nice en 1865. C’est sur le lieu de la mort du tsarévitch que sera édifiée plus tard la célèbre cathédrale orthodoxe Saint-Nicolas, symbole le plus visible de la fréquence russe à Nice. Évidemment, dans le cadre de l’exposition, la cathédrale constitue un parcours à part, qui nous raconte l’histoire de l’orthodoxie sur la Côte d’Azur, depuis l’apparition des premières églises et jusqu’à l’inauguration, en 1912, de l’imposante œuvre de Mikhaïl Préobrajenski, considérée comme la plus belle église orthodoxe russe hors frontière.

Sur un autre registre, mais toujours dans la magnificence, il y a évidemment le château de Valrose construit par le baron Paul von Derwies, financier et mélomane. L’argent gagné lors de la construction des lignes de chemins de fer en Russie lui a permis de créer un domaine, qui s’inscrit vite dans l’histoire culturelle de la Riviera. Le baron loue les services quotidiens d’un orchestre symphonique dirigé par les plus grands chefs de l’époque. Il accueille de grands virtuoses. En 1894, un visiteur bien inspiré appréciera en connaisseur le théâtre du domaine. Il s’appelle Serge de Diaghilev. Peu après les Ballets russes, créés par l’ancien impresario des ballets au théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg, feront de la Rivera française un haut lieu de la danse moderne de réputation mondiale. Toute l’existence de la célèbre compagnie sera étroitement liée à ces lieux où la troupe trouvera un réel soutien. Le portrait d’Igor Stravinski ou les décors de « Schéhérazade » imaginés par Bakst, qu’on voit à l’exposition, sont des témoignages fidèles de cette époque. L’air du sud inspire vraiment les artistes et les créateurs russes. C’est pourquoi le cas des Ballets est loin d’être unique. Le grand Tchékhov séjourne à Nice à trois reprises, notamment pour y écrire « Les trois sœurs », tandis qu’Issak Lévitan, chantre de la nature russe, y réalise un paysage marin, une rareté dans sa production d’artiste. Notons aussi les œuvres des peintres Aïvazovski et Bogolubov, mais également celles de Marie Bashkirtseff, jeune âme intrépide, la plus française des artistes russes de la Côte. Cet endroit sous le soleil garde encore le son de leur voix. L’exposition nous le rappelle et suggère de ne pas nous presser en marchant dans ces salles.

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