Les trésors de l’humanité gaspillés par la guerre

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On reçoit tous les jours les détails désolants du drame sanguinaire qui se déroule voici déjà depuis deux ans en Syrie.

On reçoit tous les jours les détails désolants du drame sanguinaire qui se déroule voici déjà depuis deux ans en Syrie. L’affrontement entre le régime de Bachar-al-Assad et les forces de l’opposition syrienne a fait des dizaines de milliers de morts parmi la population locale pour laquelle cette guerre civile est devenue un vrai cauchemar. C’est une des conséquences les plus lamentables et les plus amères de ce conflit. Mais il existe encore un aspect de cette tragédie qui préoccupe la communauté mondiale. En effet, l’histoire de la civilisation syrienne remonte au 4ème millénaire d’avant Jésus-Christ, au minimum. Le territoire de la Syrie actuelle accueillait de nombreuses civilisations au cours des siècles et aujourd’hui on peut y trouver les traces de ces époques lointaines. Il y a deux ans à peine la Syrie restait un des pays les plus riches au monde en patrimoine culturel. Est-ce que c’est toujours le cas étant donné que la guerre n’épargne rien ?

C’est avec cette question que nous nous sommes adressés au chef de l’unité arabe du Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO, madame Véronique Dauge.

LVdlR : Chère Madame Dauge, la Syrie est réputée pour être l’un des pays les plus riches du patrimoine culturel de l’Antiquité. Pourriez-vous nous raconter s’il existe des moyens mis à votre disposition ou à disposition de vos collègues par les organismes appropriés pour assurer la sauvegarde de ces richesses culturelles pour qu’elles ne périssent pas dans le feu de la guerre ?

Véronique Dauge : En effet, le patrimoine syrien est d’une richesse inestimable. A toutes les époques, d’ailleurs, la Syrie regorge de trésors depuis des centaines d’années. Dès le début du conflit l’UNESCO a immédiatement alerté les autorités syriennes pour rappeler l’importance de préserver le patrimoine. La directrice générale, vous avez dû le voir, a publié de nombreux communiqués de presse afin de sensibiliser non seulement les autorités syriennes mais également toutes les parties en présence et l’opinion internationale de la nécessité de prendre garde au patrimoine. Par ailleurs, la directrice générale a également écrit au Secrétaire général des Nations Unies, au Président du Conseil de sécurité, au pays frontaliers autour de la Syrie afin que de prendre garde à un possible trafic d’œuvres d’art. Nous n’avons pas de moyens d’intervenir étant donné que nous ne pouvons pas être sur place mais nous sommes en contact régulier avec nos partenaires traditionnels comme Interpol, l’Organisation des douanes, l’Icom, l’Icomos et, bien entendu, la Direction générale des antiquités en Syrie.

LVdlR : Quelle est l’attitude du régime de Bachar al-Assad vis-à-vis de ce problème ? Collabore-t-il avec les professionnels pour mettre à l’abri les monuments historiques et les musées ?

Véronique Dauge : Nous avons récemment reçu un rapport de l’organisme qui est responsable de la protection du patrimoine qui s’appelle La direction générale des antiquités et des musées. Elle nous a envoyé il y a environ deux semaines un rapport assez complet donnant un état de la situation, des dommages et les mesures qui ont été prises pour protéger les sites et notamment mettre les collections des musées à l’abri. En effet, il y a eu pas mal de dommages et nous ne pouvons pas malheureusement pour l’instant aller les vérifier. Les informations que nous avons sont soit celles de la Direction générale des antiquités soit celles qui nous sont transmises grâce aux médias et aux journalistes qui sont sur place. Afin de renforcer ces mesures, l’Icomos (le Conseil international des monuments et des sites) a organisé en coordination avec l’UNESCO, l’Icom, et l’Icrom un cours de formation en téléconférence au début de janvier justement pour les responsables syriens sur toutes les mesures nécessaires à prendre sur la préparation aux risques.

LVdlR : Les milices syriennes mènent d’âpres combats dans l’enceinte des villes de leur pays ? N’y a-t-il pas de cas des vols organisés par les maraudeurs avec les richesses culturelles détournées pour les revendre sur le marché international ? Peut-on faire quelque chose pour arrêter un tel trafic s’il existe ?

Véronique Dauge : Vous avez vu comme nous tous les terribles dégâts qui ont eu lieu dans la vielle ville d’Alep, notamment l’incendie des souks qui a été dramatique ainsi que la grande mosquée d’Alep. En ce qui concerne les vols, c’est en effet un des grands problèmes dans ce type de conflits. Dès le début Interpol a été alerté, nous avons en ce moment même une réunion organisée par l’UNESCO à Aman en Jordanie qui regroupe aussi bien des experts syriens que des forces de police des pays limitrophes : la Turquie, la Jordanie, le Liban. Ils sont justement en train de parler et d’essayer de mettre sur pied un plan d’actions pour lutter contre ce trafic illicite qui est très certainement un des grands dangers du conflit. Interpol est présent, l’Organisation internationale des douanes est là-bas, Unidroit : toutes ces organisations essayent de trouver des moyens d’actions, en tous cas aux frontières de la Syrie, pour pouvoir lutter contre le trafic des œuvres d’art.

 

En conclusion du discours de madame Véronique Dauge, on peut constater que seule une mobilisation de forces commune permettra de sauvegarder les richesses syriennes et d’atténuer les conséquences de cette guerre sans merci...

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