Des découvertes à faire. Un nouveau festival du cinéma consacré aux films de l’ex-URSS

Des découvertes à faire. Un nouveau festival du cinéma consacré aux films de l’ex-URSS
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Cela est maintenant une réalité. La Suisse s’est dotée elle aussi d’un festival consacré aux films de l’ex-URSS. Sa première édition s’est ouverte le 21 septembre dans la salle de cinéma Pathé Rex à Genève en présence de nombreux invités et personnalités suisses et étrangères, comme Nikita Mikhalkov et Robert Hossein, pour se dérouler jusqu’au dimanche prochain.

A vrai dire, la surprise n’est pas totale, car le Festival KINO. Films de Russie et d’ailleurs – tel est son titre officiel –a été lancé le 24 mai pendant le Festival de Cannes lors d’un déjeuner-cocktail sur la Plage Royale! Quelques semaines plus tard, le projet a été présenté en Russie dans le cadre de la 24ème édition du festival de cinéma russe KINOTAVR qui se tient tous les ans à Sotchi.

Ainsi les médias en ont déjà parlé mais pour un grand public, particulièrement non russophone, il s’agit d’une véritable découverte – espérons-le, remarquable et remarquée car les organisateurs, dont la fondation Neva, présidée par Elena Timtchenko, ont cherché dès le début à faire comprendre qu’il s’agit d’un projet ambitieux : les projections dans plusieurs salles dans deux principales villes romandes, Genève et Lausanne, un programme varié avec une compétition de 12 long-métrages, des séances de documentaires, courts-métrages, films d’animation, ainsi que la présence de plusieurs vedettes du monde du cinéma. Hormis les célébrités déjà nommées, ce sont les réalisateurs Valery Todorovski, Pavel Lounguine et Garry Bardine, le comédien français Stéphane Freiss, enfin, Fanny Ardant invitée pour remettre le Prix du meilleur film lors de la cérémonie de clôture samedi prochain au cinéma Capitole à Lausanne.

Mais l’ambition principale du nouveau festival ne se limite pas évidemment à une fête de cinéma. Elle est de mettre à contribution la semaine du festival afin de promouvoir les films russes et ceux des Etats de l’ex-Union Soviétique auprès du public occidental. «Mais pourquoi ces films, ne trouvent-ils pas leur chemin jusqu’en Suisse?» Cette question préoccupe depuis longtemps la réalisatrice suisse d’origine russe Elena Hazanov, directrice artistique de la manifestation. Évidemment, elle n’est pas sans savoir que sans possibilités qu’ont des productions américaines, mêmes italiennes ou françaises, il est extrêmement compliqué de sortir des films en Occident parce que le cinéma de l’ex-URSS manque de notoriété, les acteurs sont inconnus, la promotion est difficile à réaliser si tel titre n’a pas figuré dans le programme de festivals internationaux. C’est pourquoi Elena cherche à créer un événement qui intégrerait, comme élément, un espace de forums déjà existants et qui contribuerait à tenir un discours autour des œuvres qui ont déjà été remarquées. Ainsi les films de la compétition de KINO ont été choisis tout d'abord compte tenu des sélections faites dans les autres festivals. Tel est le cas notamment de la coproduction Les leçons d’harmonie (Harmony lessons) du réalisateur kazakh Emir Baigazin, Ours d’argent au festival de Berlin. C’est aussi le cas du film En fleur (In bloom) de la géorgienne Nana Ekvtimshvili, récompensée à la Berlinale.

Pour d’autres films le passage dans les festivals a été moins réussi mais ils méritent toutefois une attention bienveillante et certainement une seconde chance, comme par exemple l’histoire racontée par Pavel Rouminov dans Je serai près de toi (I’ll be around), une véritable l’ode à l’amour d’une jeune mère qui n’a qu’un but : trouver de nouveaux parents pour son fils et ne pas le laisser seul au monde. Le choix des films sélectionnés pour les spectateurs suisses est d’autant plus pertinent que ces films donnent un éclairage intelligent et passionné de la réalité de l’ex-URSS, de la mentalité et des valeurs de ses citoyens, ainsi que des problèmes auxquels ceux-ci sont confrontés.

Durant l’histoire soviétique, de nombreux artistes ont été contraints de quitter leur terre natale pour aller vivre ailleurs. Ont-ils trouvé leur bonheur ? L’exil, volontaire ou non, est un passage complexe dans la vie d’un artiste. Tel est le sujet du film Eastalgia de Daria Onichtchenko (Ukraine) qui relate quelques heures qui précèdent un exil, mais c’est également le thème de la table ronde où la réalisatrice détaillera sa vision du problème en compagnie d’Andreï Tarkovski-fils et du célèbre slaviste Georges Nivat, professeur émérite à l’université de Genève. Le festival KINO. Films de Russie et d’ailleurs offre donc de la matière à réflexion et émotion. Il se propose de mettre à l’honneur un cinéma qui n’a pas encore trouvé tout son public. Les spectateurs suisses sont invités à faire de belles découvertes.

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