Ne pas oublier les leçons de la Seconde Guerre mondiale

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L’année 2014 est vraiment très riche en commémorations historiques. En France et en Russie, nous avons déjà suivi plusieurs manifestations consacrées au centenaire de la Première Guerre mondiale. Mais cette année, on commémore encore une date aussi importante. Il y a 75 ans, le 1er septembre 1939, l’armée nazie a traversé la frontière polonaise, la Deuxième Guerre mondiale a éclaté.

Avec le recul du temps, deux guerres les plus meurtrières et les plus sanglantes sont comme dans le creux de la main pour nous témoigner des atrocités les plus effrayantes qu’a sues l’Humanité. Et ça tombe bien qu’on se souvient de ces évènements au moment où l’Europe est en train de s’enliser dans un nouveau conflit. Rappelons-nous donc ce qu’était la Deuxième Guerre mondiale, ses conséquences et la nécessité de la sauvegarde de la mémoire historique avec l’agrégé d'histoire et rédacteur en chef de la revue « Historiens et géographes » Hubert Tison.

LVdlR. « Il y a exactement 75 ans la Deuxième Guerre mondiale a éclaté. Comment ce jour du 1er septembre 1939 a-t-il changé le monde ?

Hubert Tison. C’est un moment qui ensuite s’est révélé une guerre européenne puis mondiale, qui a mobilisé des millions d’hommes, qui a révélé des massacres inouïs, qui a causé des destructions. Et quand même de cette Seconde Guerre mondiale est sorti un monde nouveau, notamment par la création de l’ONU. C’est vrai que c’est un moment exceptionnel puisque personne ne pouvait le prévoir. Mais la guerre va durer presque 6 ans et va mobiliser des forces considérables dans le monde et lutter contre une idéologie raciste et fasciste qui est nazisme, qui avait volonté de dominer non seulement l'Europe mais le monde.

LVdlR. La Seconde Guerre mondiale a poussé les Européens à s’unir. Pour maintenir la paix ils ont créé l’Union européenne. Mais ce que l’on voit aujourd’hui, c’est qu’au sein de l’UE et en dehors de cette Europe unie, les guerres aux quelles l’UE prend part se poursuivent. Je pense notamment à la guerre de Yougoslavie et au conflit ukrainien qui risque de dégénérer en une nouvelle guerre mondiale. Et beaucoup se pose finalement la question si l’UE a du sens. Qu’en dites-vous ?

H.T. L’Union européenne était la volonté de sortir d’une désunion des nations européennes qui avait mené à la guerre, et le désir d’un monde pacifique. Mais c’est certain que l’UE ne représente pas toute l’Europe. Qui plus est, elle est en crise actuellement, en crise morale, en crise d’autorité et surtout en crise économique. Et non, elle n’a pas réussi à faire la paix réellement et notamment à entretenir les relations apaisées avec l’ex-Union soviétique. Et aujourd’hui elle est inquiète de ce qui se passe notamment en Ukraine et dans l’ex-Yougoslavie.

LVdlR. On parle aujourd’hui, principalement en Ukraine, de la possibilité de la Troisième Guerre mondiale. C’est bien l’opinion de l’ancien patron des services secrets ukrainiens Igor Smeshko qui estime que le monde est au bord de la Troisième Guerre mondiale. Qu’en pensez-vous ? Est-ce que l’histoire se répète ?

H.T. L’histoire ne se répète jamais complétement. Mais le conflit ukrainien n’est pas si simple. Il y a les russophones qui regardent vers la Russie et les occidentalistes qui regardent du côté de l’Europe. Mais il y a de quoi être inquiet puisqu’il y a eu plusieurs milliers de morts depuis le début des affrontements entre, si j’ose dire, les deux Ukraines.

Je ne sais pas si on est au bord de la Troisième guerre mondiale. En tout cas, il faut à tout prix essayer de promouvoir la paix par des rencontres et surtout par un dialogue et notamment un dialogue avec la Russie. Je crois que c’est très important parce que la Russie est un très grand pays qui est peut-être nostalgique de son ancien Empire, qui veut protéger ses compatriotes qui parlent le russe. Il faut se mettre à la place de la Russie. Mais d’un autre côté, il faut à tout prix éviter que le conflit s’embrase et essayer de négocier le plus possible et arrêter ce mouvement qui est très dangereux pour l’Europe.

LVdlR. Et apprendre aux gens l’histoire des guerres précédentes…

H.T. Oui, tout à fait.

LVdlR. Chez les jeunes français, la mémoire de cette guerre ainsi que de la Première Guerre mondiale reste-t-elle vivante ou bien ce sujet est devenu purement scientifique et les gens ne sont plus sensibilisés à l’histoire ?

H.T. On a vu que les commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale mobilisaient l’Etat et les institutions. Il y a eu même une mission du centenaire qui était créée pour propulser tout ce qui concerne la commémoration. Au niveau régional et local il y a beaucoup d’initiatives qui se font et qui ne partent pas du sommet mais qui partent de la base. La Première Guerre mondiale a laissé des traces importantes dans le souvenir des familles, ne serait-ce que dans presque chaque village il y a les monuments aux morts. Il y a tout un mouvement qui se fait et qui va se poursuivre puisque l’Etat commémore le centenaire cette année et puis reviendra sur la commémoration de l’armistice en 2018. Et cela mobilise également d’autres pays. Pour la Russie, notamment, il y a eu des cérémonies qui attestent la présence de troupes russes, même s’il y a eu la mutinerie en 1917. Il y avait des cérémonies avec la participation des autorités russes.

Pour la Seconde Guerre mondiale, c’est la même chose. Je ne pense pas que le souvenir disparaisse. La Seconde Guerre mondiale avait aussi marqué les esprits en France mais pas de la même façon, puisqu’il n’y avait pas 4 ans de guerre comme en 1914. C’est résumé aux combats de l’année 1940 et ensuite à la reprise des combats par la Résistance et puis par la mobilisation des grandes nations comme la Grande-Bretagne, l’URSS et les USA. Dans les manuels scolaires, dans les nouveaux programmes, il y a deux pages sur la bataille de Stalingrad. Ce programme est en place depuis 2012 et c’est la première fois qu’on met l’accent d’avantage sur la contribution de l’URSS à la lutte et à la victoire sur le nazisme. Je ne suis pas donc trop pessimiste là-dessus, même si nous en tant qu’association de professeurs d’histoire et de géographie on a toujours des regrets et demandes pour augmenter l’horaire d’histoire. Le fait d’avoir beaucoup de films historiques à la télé, de films concernant les commémorations et les cérémonies officielles, cela ne suffit pas à ancrer dans la mémoire des élèves les éléments de base et notamment le contexte, la chronologie, les raisons, les partenaires unis contre l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste. Je crois qu’il faut toujours se battre pour que les connaissances permettent aux élèves, aux adolescents de mieux comprendre le monde dans lequel ils se situent et surtout de comprendre pourquoi il y a ces commémorations, ces manifestations qui font qu’on ne peut pas vivre que dans le présent, il faut mémoriser pour mieux comprendre notre temps et pour mieux y vivre. »

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