La communauté française du business en Russie s’oppose aux sanctions (partie 2)

La communauté française du business en Russie s’oppose aux sanctions (partie 2)
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Nous revenons aujourd’hui à la Salle St Pierre de l’Hôtel Marriott Royal Aurora à Moscou où se déroule la conférence « Sanctions européennes et américaines, contre-mesures russes: contexte politique et implications économiques » engagée par la Chambre de commerce et d’industrie franco-russe (CCIFR) et l’Observatoire franco-russe. Les orateurs ont envisagé les conséquences économiques des sanctions de l’Occident à l’égard de la Russie et leur éventuel effet sur les relations politiques Russie-UE. Au micro Frédéric Mondolini, chargé d’affaires à l’Ambassade de France à Moscou.

Le modérateur de la CCIFR Emmanuel Quidet a rappelé en ouvrant la conférence que les Etats-Unis avaient introduit ces dernières années les sanctions à l’égard de 87 pays : à peu près la moitié de la communauté mondiale. Elles n’ont pas porté dans la plupart des cas leurs fruits. Il est peu probable que les sanctions se répercutent sur la Russie. Qui plus est, a souligné M. Quidet, les sanctions à l’égard de la Russie porteront, tel un boomerang, préjudice à l’UE. « La préoccupation de la communauté étrangère du business en Russie est parfaitement logique, a dit le rédacteur en chef de la revue « La Russie dans la politique globale » Fedor Loukianov, conseiller scientifique de l’Observatoire franco-russe. Selon lui, la Russie y réagit calmement exception faite pour l’élite. A y ajouter des blagues sur Facebook : « Quiconque mange aujourd’hui du fromage français trahira demain le monde russe ».

Les calculs politiques des Etats-Unis, poursuit Fedor Loukianov, qui sont les initiateurs des sanctions ont été, à mon avis, erronés. Quoi qu’il en soit, à en croire les politiciens, les sanctions ont pour but de contraindre la Russie à changer d’attitude envers l’Ukraine. Cet objectif a été dès le début voué à l’échec. Il est peu probable qu’un pays aussi grand que la Russie révise sa politique face à une telle pression. Qui plus est, l’idée du président Obama que l’UE a acceptée à contrecoeur d’exercer la pression sur l’entourage de Poutine pour qu’ils le fassent réviser sa politique s’est avérée absurde et a eu l’effet inverse. Maintenant ceux qui sont frappés de sanctions cherchent à se venger aux Etats-Unis et à l’UE qui les a soutenues.

Les Russes s’opposent inévitablement aux mesures appliquées auparavant contre les pays genre Libye ou Irak qui sont maintenant introduites à l’égard de la Russie, dit Fedor Loukianov. La popularité de Poutine reflète l’opinion de la majorité absolue des citoyens : il est inadmissible de tenir ce langage à la Russie. La Russie ressentira sans aucun doute douloureusement les sanctions. Elle n’a pas d’antidote en ce qui concerne, par exemple, les hautes technologies. Néanmoins, poursuit Loukianov, je ne vois pas de disposition d’intensifier nos démarches contre les sanctions déjà adoptées ou potentielles de la part de l’Occident.

Quant à la politique américaine, je pense que l’objectif réel consiste à contraindre la Russie à modifier la situation politique intérieure plutôt que son attitude envers l’Ukraine. Autrement dit, l’aggravation de la situation politique et économique en Russie sapera les positions du Kremlin. Cette idée largement répandue en Amérique est appliquée à l’égard de plusieurs pays qui poursuivent une politique indépendante de Washington. C’est-à-dire, les Etats-Unis se proposent sans aucun doute de remplacer le régime. Il ne s’agit pas bien sûr d’une ingérence armée. Or, je m’imagine difficilement l’administration américaine : l’actuelle qui sera prochainement remplacée ou future – qui que n’accède au pouvoir construire ses relations avec le président Poutine. Les relations politiques ont déjà franchi le point de non-retour : ni Washington ni Moscou n’ont la moindre intention de s’entendre. D’où l’aspiration de la Maison Blanche à avoir un autre interlocuteur au Kremlin. Je ne suis pas sûr que les Américains y parviennent. C’est là l’erreur de Washington qui essaie d’exercer la pression sur Moscou en y entraînant ses amis de l’UE.

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