Nicolas Sarkozy: l’intervention en Syrie a été "mal calibrée"

© Sputnik . Ekaterina Chesnokova Nicolas Sarkozy
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Nicolas Sarkozy relève beaucoup d'inconvénients et peu d'avantages dans la position actuelle de la France en ce qui concerne la Syrie. Le chef de file de l’opposition s'est exprimé sur Europe 1; selon lui, la France n'a pas mesuré les conséquences de son intervention sur la sécurité intérieure.

Mercredi, Nicolas Sarkozy était l'invité de la matinale de Thomas Sotto: de nombreux sujets ont été abordés, des élections régionales à la crise des réfugiés en passant par l'affaire Benzema… Mais aussi l'opinion critique de l'ancien président à l'égard du gouvernement quant à la gestion extérieure et intérieure de la crise syrienne.​

Car si Nicolas Sarkozy ne remet pas en cause l'utilité des frappes françaises en Syrie, il estime cependant qu'elles ont été "mal calibrées. En effet, selon l'ancien chef de l'état, les moyens alloués à la lutte contre Daech ont été insuffisants pour être réellement efficaces, tout en exposant la France à des représailles sur le sol national:

"Je pense que la position de la France aujourd'hui a beaucoup d'inconvénients et peu d'avantages. L'inconvénient: on est suffisamment visibles pour être une cible; et l'inconvénient: on ne met pas assez de moyens, donc on n'a pas de résultat dans la lutte contre l'Etat Islamique", a déclaré le président des Républicains au micro d'Europe 1.

Rappelons que La France est officiellement engagée dans la lutte contre Daech depuis septembre 2014 avec le déploiement de 700 hommes et 12 chasseurs, dans le cadre de l'opération Chammal. Les frappes françaises étaient concentrées en Irak jusqu'à ce que le champ des opérations s'élargisse à la Syrie en Septembre 2015, sans pour autant renforcer les effectifs.

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Si, jusqu'au 13 Novembre, on ne comptait qu'une poignée de frappes en Syrie pour les forces françaises, depuis les attentats le gouvernement clame que les capacités de frappes ont triplé avec l'envoi du porte-avions Charles de Gaulle. C'est cependant oublier que le navire amiral de la marine française avait déjà participé aux frappes contre Daech, de Février à mi-Avril dernier, soit quelques semaines après les attentats de Charlie Hebdo.

Pour Nicolas Sarkozy, les conséquences des frappes en Syrie sur le plan intérieur auraient été "sous-estimées". L'ancien chef de l'Etat rappelle qu'il n'y avait eu "aucun attentat en France", alors qu'il était d'abord ministre de l'Intérieur puis président de la République, entre "2002 et 2011", sa dernière année de mandat ayant été endeuillée par les tueries de Mohammed Merah. Cependant, pour le député Les Républicains Jacques Myard, présenter la France comme victime des "représailles" de Daech nous mène à un faux débat, car l'organisation terroriste menaçait déjà la France avant l'élargissement des opérations françaises à la Syrie.​

"La raison principale, c'est que nous avons malheureusement des nationaux qui sont partis en Syrie, en Irak, pour s'enrôler dans le djihad et être des terroristes. Ces gens-là vont revenir quoi qu'il arrive, indépendamment des frappes. Donc, c'est un faux problème. On ne peut pas dire: Nous avons frappé, en représailles nous avons aujourd'hui des attentats […] Nous avons oublié simplement, en France et en Europe, que l'histoire est tragique et que nous avons vécu en paix pendant des années, des décennies, depuis 1945. Malheureusement, aujourd'hui, nous changeons de monde."

Pour le député Jacques Myard, la sécurité des français aurait dû être la priorité du gouvernement, et ce, bien avant le début des frappes françaises en Syrie. Des mesures telles que l'état d'Urgence auraient dû être promulguées il y a bien longtemps.

"Ce que je regrette, c'est que ce gouvernement, qui a aujourd'hui seulement déclaré l'état d'Urgence, aurait dû le faire le lendemain des attentats contre Charlie Hebdo, car nous étions déjà en guerre et nous sommes toujours en guerre contre ces fanatiques. Donc, il faut, pour protéger la liberté, eh bien prendre des mesures pour sauvegarder les libertés publiques. Et quand j'entends les procès des gauchistes à l'encontre de l'état d'Urgence, je suis stupéfait de bêtise devant ces gens qui disent que ce sont des atteintes aux libertés. La première des libertés, c'est de rester en vie! C'est de pouvoir aller et venir dans nos rues sans que l'on soit abattu par des assassins. C'est ça la liberté! Et donc, aujourd'hui, nous devons nous défendre, nous devons prendre des moyens. Nous sommes bien sûr respectueux des procédures, nous sommes un Etat démocratique, mais nous ne sommes pas un Etat faible, nous devons réagir fermement!"

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

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