Pour que le film russe parvienne aux grands écrans français, il a fallu un déclic: Damien Megherbi et Justin Pechberty, de la société de distribution «Les Valseurs», visionnent un jour le film au Toronto International Film Festival (TIFF), au Canada:
«Ils n'ont jamais été fans de cinéma russe contemporain, déclare à Sputnik Anna Navolokina, chargée de distribution pour "Les Valseurs", mais ça a été un coup de foudre.»
Oleg, le héros principal, n'a rien de George Clooney: tout en étant un brillant praticien, il est complètement absorbé par son métier, essoré tel un linge dans un tambour par ses journées de garde. Alors, une fois le service terminé, il décompresse un verre à la main. Sa femme Katia, qui elle non plus n'a rien de Julianna Margulies, ne se retrouve plus dans leur relation. Et dès qu'à l'hôpital un nouveau directeur met en application des réformes au service de la rentabilité, la situation bascule…
«Je ne pense pas qu'on pourrait aimer juste un détail dans ce film, précise à Sputnik Anna Navolokina, on aimerait plutôt le film en général.»
« On comprend que l'amour n'est jamais idéal. Le film le montre d'une manière assez réaliste. Et l'aspect médical est également très bien montré. Le film va parler aux Français, ils reconnaîtrons certains problèmes similaires dans leur pays.»
Après l'avant-première au Centre culturel et spirituel russe du quai Branly, le distributeur prévoit pour la «première fournée» le 1er août prochain de sortir le film dans trois ou quatre salles à Paris — près des Champs-Elysées, à Saint-Michel et dans le Quartier Latin — mais également à Anger, à Tournefeuille et à Montpellier. L'ambition à long terme est de maintenir le film le plus longtemps possible sur les écrans, jusqu'en octobre 2018. «On aura des salles à Grenoble, Strasbourg, Bordeaux et Avignon», nous informe Anna Navolokina.
« Il s'agit d'une autre image de la Russie que le public français a l'habitude de voir dans les films d'Andreï Zviaguintsev ou d'Andreï Kontchalovski, des films assez sombres. Arythmie montre une Russie avec plus de nuances, plus de lumière et d'humour, ce qui est très important», assure la chargée de distribution.
Le style de l'écriture cinématographique est volontairement documentaire. L'œil de la camera plonge dans l'œil du tourbillon de la vie, s'attarde sur le réalisme détaillé des intérieurs des maisons russes, surfe sur les airs musicaux des fêtes amicales, ne recule pas d'un iota devant la vérité crue du quotidien des urgentistes d'une ville provinciale de Russie. Les spectateurs français se souviennent certainement du film de Vasili Pichul, La petite Vera, une histoire elle aussi presque documentaire d'une jeune fille rebelle et émancipée habitant une ville de province russe. Tourné en 1988 par un réalisateur qui n'avait même pas trente ans à l'époque, le film est vite devenu un miroir de la société russe de la perestroïka, et l'actrice principale, Natalia Negoda, symbole de la «nouvelle jeunesse» soviétique.«Au niveau du réalisme et des moments violents, effectivement, ça me fait penser à La petite Vera, consent Anna Navolokina, Mais Arythmie, c'est la Russie actuelle. La chute du régime soviétique est loin derrière nous, le pays va beaucoup mieux.»
Avec Arythmie, son sixième long-métrage, qui a connu un grand succès dans les salles en Russie avec 330.000 entrées, Boris Khlebnikov a fait une percée en France l'année dernière au Festival du film russe de Honfleur, avec le prix du meilleur film et le prix du public, puis au «Arras Film Festival», où il a décroché le prestigieux prix de la critique. Peut-on dire que le grand public et les cinéphiles, tout comme les critiques de cinéma, sont conquis par cette fresque réaliste, où les gens galèrent et se réjouissent, s'aiment et divorcent, pleurent et rient… Bref, vivent leur vie en Russie, peut-être plus dure au quotidien, mais que les héros d'Arythmie affrontent avec courage, générosité, amour… et humour!
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