Allemagne: un pass sanitaire qui ne dit pas son nom

© AFP 2023 DAVID GANNONDeux enfants attendent leurs parents devant un lieu de dépistage du Covid-19, à Berlin en Allemagne
Deux enfants attendent leurs parents devant un lieu de dépistage du Covid-19, à Berlin en Allemagne - Sputnik Afrique, 1920, 31.07.2021
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Chez nos voisins d’outre-Rhin, la polémique a enflé après les derniers propos d’Helge Braun, bras droit d’Angela Merkel qui a évoqué l’idée de ne pas donner les mêmes droits aux non-vaccinés.

La polémique a été lancée suite aux propos d'Helge Braun lors d’une interview au journal Bild am Sonntag dimanche dernier qui a déclaré que bientôt l’utilisation de tests négatifs pourrait ne plus suffire à une personne non vaccinée pour aller au restaurant, au stade, au cinéma ou au musée. Une sortie médiatique qui peut surprendre dans un contexte de campagne électorale cruciale pour désigner le successeur d’Angela Merkel. La chancelière avait pourtant indiqué il y a deux semaines ne pas vouloir rendre la vaccination obligatoire.

Une campagne vaccinale à la traîne

Avec 61,6% de primo-vaccinés et 51,6% d’Allemands avec un schéma vaccinal complet au 29 juillet, on pourrait dire que la campagne vaccinale est plutôt une réussite. Cependant, les derniers chiffres contredisent cela et montrent une stagnation puisque sur la dernière semaine, seulement un peu plus de 400.000 personnes se sont vues administrer une dose, un chiffre bas par rapport au printemps.

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L’inquiétude du gouvernement tient à un reconfinement à l’automne après les élections de septembre qui entraînerait des difficultés économiques supplémentaires. C’est d’ailleurs dans ce contexte que l’Allemagne a décidé d’instaurer des restrictions à ses frontières terrestres en plus de celles qui s’appliqueront déjà pour les avions à partir du 1er août avec, pour toute personne de plus de 12 ans, un pass sanitaire, à savoir un schéma vaccinal complet, un test négatif ou une preuve de rétablissement au Covid-19. Ces mesures ont été mises en place après de nombreux cas qui font suite à des voyages en Espagne, destination très prisée en été des Allemands.

C’est pour ne pas reconfiner que le gouvernement tente de manière bien plus prudente qu’en France d’inciter à l’immunisation. Selon les épidémiologistes allemands, il faudrait arriver à un taux de vaccination de 85% pour pouvoir atteindre l’immunité collective. Cela représente 70 millions de personnes et il en reste 19 millions à convaincre.

Récemment des économistes ont même proposé une prime de vaccination de 100 euros pour chaque Allemand, ce que la population ne semble pas prête à accepter: selon un sondage réalisé pour le Spiegel, les deux tiers y sont opposés.

Réactions politiques

Cette déclaration n’a pas manqué de faire réagir la classe politique puisque Armin Laschet, candidat à la succession d’Angela Merkel, a réprimandé publiquement son homologue en affirmant être contre le fait de mettre la pression sur les non-vaccinés. Il a ajouté que le débat sur cette question était dangereux car arrivant à un moment non opportun.

Du côté des Verts, Annalena Baerbock se dit favorable à la mise en place de restrictions tout comme l’actuel ministre de l’Intérieur Horst Seehofer (CSU) qui lors d’une interview pour les chaînes RTL et NTV s’est prononcé pour la mise en place «d’une plus grande liberté pour les personnes vaccinées». Il a affirmé par ailleurs respecter le choix des non-vaccinés pour des raisons personnelles. Ceux-ci doivent toutefois comprendre qu’il faut protéger la société dans son ensemble et donc permettre uniquement aux immunisés de participer à des événements communautaires plus importants.

Quant à Christine Lambrecht, membre du SPD et ministre de la Famille et de la Justice, elle martèle l’importance de traiter les personnes sur un pied d’égalité et ajoute que la mise en place d’une vaccination obligatoire n’est pas possible du point de vue légal et ne peut pas être une condition préalable à l’embauche.

Enfin, le ministre du land du Bade-Wurtemberg, Winfried Kretschamm(Verts), pense que la vaccination obligatoire est envisageable, mais pas dans un avenir proche en avouant auprès de la DPA, l’agence de presse allemande, ne pas pouvoir l’exclure pour toujours.

Quelle est l’opinion des Allemands?

D’après un sondage Civey commandé par le Spiegel, 52% des Allemands sont favorables à la mise en place d’une vaccination obligatoire. On note que parmi ses partisans se trouvent à 65% des électeurs du SPD et à 62% du CDU, le parti d’Angela Merkel, suivis par les écologistes à 55%.

Du côté des opposants à la vaccination, on remarque une opposition nettement marquée venant à 42% des territoires de l’ex-Allemagne de l’Est, une donnée peu surprenante quand on connaît la division encore perceptible entre les deux Allemagne sur de nombreux plans, plus de 30 ans après la chute du Mur.

Si une vaccination obligatoire ne semble pas à l’ordre du jour pour le moment, elle pourrait donc bien être effective après les élections.

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