Immigration: «Macron vend de la parole mensongère», selon Gilbert Collard

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Accord entre Macron et le président du Conseil italien Conte: la France accueillera 25% des migrants qui arrivent en Italie, les États européens qui refusent les migrants seront sanctionnés. Un accord qui survient 48 heures après le fameux «tournant» du Président sur l’immigration. L’eurodéputé RN Gilbert Collard n’est pas surpris.

«Devons-nous être le parti bourgeois? Les bourgeois ne croisent pas l’immigration, ce sont les territoires les plus pauvres qui en sont le réceptacle. Les classes populaires subissent le chômage, la pauvreté.»

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Tels sont les mots prononcés lundi 16 septembre par Emmanuel Macron aux députés de sa majorité, leur demandant de parler «sans tabou» de l’immigration. Un discours applaudi par la presse et fustigé par la gauche, qui accuse le Président de la République de reprendre le discours du Rassemblement national. Un argument que ne réfute pas l’avocat Gilbert Collard, député européen Rassemblement national (RN), interrogé par Sputnik :

«Ce qui est intéressant dans ces déclarations, c’est que lorsqu’il les fait– empruntant quasiment son vocabulaire au nôtre– tout le monde trouve ça bien. Quand c’est nous, tout le monde trouve ça mal. On est tout de suite traités de racistes, de xénophobes… mais quand c’est lui c’est très bien! Cela montre à quel point l’opinion journalistique dominante est complètement manipulée.»

Pour autant, en déplacement à Rome mercredi 18 septembre– afin de «rétablir une entente franco-italienne dégradée après une année au pouvoir de la coalition formée par la Ligue et le Mouvement 5 Étoiles», annonce 20 Minutes, Emmanuel Macron et le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte sont parvenus à un accord: la France et l’Allemagne soulageront l’Italie de ses migrants, à hauteur de 25% chacune. Une décision qui ressemble à une volte-face du chef de l’État, laquelle ne surprend guère Gilbert Collard: une «désillusion prévisible», fustige-t-il, avant d’enchaîner :

«Il dit et ne fait pas, c’est un homme de la parlotte, de l’effet, de la communication. Jamais Macron ne fera rien pour endiguer une immigration qui bouleverse complètement l’équilibre de notre pays. Seulement, comme il a besoin de récupérer des voix un peu partout, il vend de la parole mensongère. Les actes démentent complètement les propos qu’il tient. C’est la politique d’aujourd’hui: dire et ne pas faire, et c’est bien triste.»

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«Je ne céderai rien aux nationalistes et à ceux qui prônent ces discours de haine!» déclarait à la presse Emmanuel Macron fin août 2018, juste après avoir été désigné par Viktor Orbán et Matteo Salvini comme étant «à la tête des forces politiques soutenant l’immigration». Le vice-président du Conseil et ministre de l’Intérieur italien l’avait par ailleurs inclus dans les «élites européennes financées par Soros». Durant la crise des Gilets jaunes, si du côté du leader de la Ligue, on dénonçait «l’arrogance» et l’«hypocrisie» du locataire de l’Élysée, celui-ci n’avait pas hésité à fustiger la «lèpre nationaliste», en faisant de Matteo Salvini son «opposant principal».

Serait-ce possible qu’après le revers politique essuyé par ce dernier après sa tentative de provoquer de nouvelles élections législatives en Italie, Emmanuel Macron en ait profité pour régler ses comptes avec le Premier ministre hongrois? La Hongrie, État membre auquel tout le monde pense lorsque Bruxelles, Paris ou Berlin brandissent des sanctions financières contre ceux qui n’acceptent pas les migrants. Une possibilité que n’exclut par l’eurodéputé. «C’est possible, il nous a habitués à ses petites guerres d’ego, ce n’est pas idiot d’y songer, cela fait partie de la cour de récréation.» Quoi qu’il en soit, pour Gilbert Collard, la parole d’Emmanuel Macron sur l’immigration est largement démonétisée:

«Ce n’est même pas un virage, c’est du cinéma! C’est du cinéma parlant. Bon, encore, si on était à l’époque du cinéma muet, ce serait moins pénible. M. Macron, c’est un cinéma parlant. Il annonce des choses et il fait le contraire. C’est significatif de son action politique. Il s’imagine qu’il peut leurrer de paroles les électeurs. Je crois qu’il se trompe.»

D’autant plus que du côté de la majorité, des députés LREM multiplient les déclarations pro-migrants, telle que l’ex-MoDem Claire O’Petit (Eure) qui a récemment plaidé pour répartir les migrants dans les villes moyennes ou encore l’ex-PS Aurélien Taché (Val d’Oise), qui organise le 23 septembre un colloque sur l’accueil et l’intégration des migrants en France avec pour invitée d’honneur Carole Rackete, capitaine du navire de secours aux clandestins Sea Watch 3. Celle-ci s’était fait connaître fin juin en forçant le blocus du port de Lampedusa afin d’y débarquer plusieurs dizaines de migrants.

«Ce sont des jeux d’acteurs, ils se distribuent la parole. L’un a une parole qui serait censée être ferme sur l’immigration et puis deux intermittents du spectacle de la République en marche organisent une scénographie et une parlotte différente. Personne n’est dupe. Ils se croient au cinéma, mais on n’est pas au cinéma, l’histoire est tragique», développe l’eurodéputé RN, dénonçant une «politique spectacle».

Du côté de l’électorat, une récente étude d’opinion de l’IPSOS intitulée Fractures françaises 2019, montre une inquiétude croissante des Français à l’égard de l’immigration et de l’Islam. Inquiétude particulièrement forte dans les classes sociales les plus défavorisées de la population. Manque de volonté des candidats à l’intégration, compatibilité des valeurs de l’Islam avec celles de la République, sont autant de points d’inquiétude grandissante chez les Français.

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De l’autre côté des Alpes, les Italiens partagent d’ailleurs ces préoccupations, ce qui vaut d’ailleurs à Matteo Salvini une sacrée cote de popularité, notamment pour son langage sans concession ou encore pour la forte diminution des arrivées de migrants par bateau en Italie, bien que la presse tricolore, en accorde le mérite aux accords passés par l’ancien gouvernement avec des tribus libyennes.

Parmi les problématiques évoquées par Giuseppe Conte, celle des passeurs. Le président du Conseil des ministres déclarait que son pays ne «laisserait pas les trafiquants décider des entrées sur le territoire», bien qu’il admette qu’il faille «gérer ce phénomène». Point gênant pour la gauche favorable à l’immigration, les liens que passeurs et ONG entretiennent discrètement. Depuis plusieurs années, ils sont dénoncés par l’agence européenne Frontex, plus récemment par le ministre de l’Intérieur français lui-même, Christophe Castaner. Du côté français, on met en avant la nécessité de distinguer les réfugiés des migrants, ces derniers restants expulsables, dans ce quota de 25% en provenance d’Italie que la France prendra à sa charge.

Il faut dire que dans l’Hexagone, si les demandes d’asile explosent- 123.000 demandes déposées en 2018 auprès de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), contre 65.000 en 2014– avec un taux d’admission de 35,7% (soient 33.380 personnes), environ 90% des mesures d’expulsion prononcées à l’encontre des déboutés ne sont pas respectées.

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