Des médecins avouent avoir vacciné des moins de 55 ans à l’AstraZeneca malgré une recommandation contraire

© AFP 2023 ALAIN JOCARDUne soignante prépare l'injection d'une dose du vaccin d'AstraZeneca à Paris
Une soignante prépare l'injection d'une dose du vaccin d'AstraZeneca à Paris - Sputnik Afrique, 1920, 11.04.2021
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Malgré l’avis de la Haute Autorité de santé, certains médecins ont reconnu auprès du Figaro avoir continué à vacciner à l’AstraZeneca quelques personnes de moins de 55 ans. Un avocat a détaillé les risques qu’ils encourent.

Depuis la mi-mars, la Haute Autorité de santé (HAS) recommande de n’administrer le vaccin AstraZeneca qu’aux personnes âgées de 55 ans et plus, un avis qu’elle a réitéré jeudi 8 avril. Plusieurs médecins ont toutefois admis au Figaro avoir continué à l’injecter à des patients plus jeunes, et ce pour diverses raisons.

«On l’a fait ici pour trois à cinq de nos patients au lendemain de l’annonce, patients alors déjà programmés et après discussion avec eux», a confié l’un d’eux sur Twitter, précisant qu’il a arrêté cette pratique par la suite. «Cela m’est arrivé occasionnellement, même après l’avis de la HAS, pour ne pas perdre de doses», a justifié un autre. «Je l’ai fait dans le cadre de la décision personnalisée, après une information loyale, claire et complète», a indiqué un troisième.

«Quand tu commences à vacciner hors recommandation, alors qu'un faisceau de présomptions est en cours d'étude, pour lequel les autorités ont limité l'indication, au moment même où on commence à avoir d'autres choix en masse, tu es sacrément irresponsable. Pour toi et tes patients», a pourtant prévenu un médecin généraliste.

Quelles sanctions?

Me Omar Yahia, spécialiste du droit de la santé, a expliqué au Figaro qu’une recommandation comme celle de la HAS est regardée «comme ayant une valeur réglementaire, selon une jurisprudence du Conseil d’État qui date de 2005». Un professionnel qui vaccine hors recommandation s’expose donc bel et bien à des risques, surtout si le patient développe des complications, par exemple une thrombose dans le cas d’AstraZeneca.

«Les sanctions peuvent être disciplinaires, devant l’Ordre professionnel, et pénales. On pourrait envisager une mise en danger de la vie d’autrui, délit passible d’un an d’emprisonnement et 150.000 euros d’amende», a détaillé l’avocat.

En cas de décès du patient, l’homicide involontaire peut alors être invoqué, jusqu’à cinq ans de prison et 75.000 euros d’amende.

Recommandations différentes

Selon lui, un médecin peut toutefois plaider la confusion, au vu des recommandations contradictoires émises ces derniers mois. En effet, début février, la HAS conseillait d’utiliser le vaccin AstraZeneca chez les moins de 65 ans, faute d’étude clinique conséquente sur cette catégorie d’âge. Après l’apparition de pas moins de 18 cas de thrombose courant mars sur des patients plus jeunes, elle a ensuite recommandé de l’utiliser sur les 55 ans et plus.

À noter que le Royaume-Uni et la Corée du Sud l’autorisent pour les 30 ans et plus. Dans son avis publié vendredi 9 avril, la HAS recommande aux moins de 55 ans qui ont reçu la première dose d’AstraZeneca d’opter pour un vaccin à ARN messager (Pfizer ou Moderna) pour la seconde dose. Une pratique pourtant déconseillée par l’OMS, qui affirme qu’il n’y a pas encore d’informations suffisantes sur les conséquences d’un tel mélange.

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