Sous-marins: la Maison-Blanche réagit à la colère française en renvoyant à l’Australie le soin de s’expliquer

© Sputnik . Mikhail Tourgiev / Accéder à la base multimédiaLa Maison-Blanche
La Maison-Blanche  - Sputnik Afrique, 1920, 17.09.2021
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Après avoir provoqué la colère de Paris, Washington tente d’apaiser les relations à coups de promotion de leur «partenariat» dans différents domaines. Les Américains ont toutefois émis des déclarations contradictoires, notamment sur le fait d’avoir tenu leur allié au courant d’un partenariat stratégique avec l’Australie.
Paris a perdu un contrat de 56 milliards de dollars avec l’Australie depuis l’annonce du partenariat de ce pays avec le Royaume-Uni et les États-Unis, prévoyant de lui livrer des sous-marins américains plutôt que français. Jeudi 16 septembre, l’attachée de presse de la Maison-Blanche Jen Psaki présente d’abord un «partenariat trilatéral de sécurité historique» sans mentionner une seule fois la France, jusqu’à y être contrainte par la presse.
Face aux accusations de «coup dans le dos» et de «décision unilatérale» de Jean-Yves Le Drian, elle choisit de rappeler la longue coopération entre les deux pays.
Elle renvoie ensuite la responsabilité à l’Australie d’expliquer ce choix d’«achat de technologie» auprès de Washington plutôt que de Paris.
La même journée, le secrétaire d’État Antony Blinken a tenu un discours similaire: «Nous coopérons de manière très étroite avec la France sur de nombreuses priorités communes dans la région indopacifique, mais aussi au-delà, dans le monde entier. Nous allons continuer à le faire. Nous accordons une valeur fondamentale à cette relation, à ce partenariat». Il a ensuite qualifié l’Hexagone de «partenaire vital».

Paris au courant?

Quant au caractère «unilatéral» de cet accord, Mme Psaki assure que la France «était au courant». «Nous étions engagés, avant cette annonce, avec les dirigeants français sur cet achat», insiste-t-elle. Cependant, M. Blinken précise de son côté que les responsables américains ont prévenu leurs homologues français «dans les dernières 24-48 heures pour discuter du partenariat, y compris avant l’annonce».
Or, comme l’a souligné le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, «un accord de cette nature n’a pas été cuisiné avant-hier». Assurant que l’UE n’a pas non plus été consultée, il en déduit que «cela nous oblige, une fois de plus, à réfléchir sur la nécessité de mettre l’autonomie stratégique européenne en tête des priorités».
«Nous n'avons pas été informés de ce projet avant la publication des premières informations dans la presse américaine et australienne», abonde Pascal Confavreux, porte-parole de l’ambassade de France à Washington.
Symbole de cette rupture des relations, Paris a annulé une soirée de gala prévue ce vendredi à Washington. Elle était censée célébrer l’anniversaire d’une bataille navale du 5 septembre 1781, au cours de laquelle la flotte française a aidé les Américains à repousser les Britanniques, marquant un épisode décisif pour leur indépendance.

Explication

Toujours jeudi, le ministre australien de la Défense Peter Dutton assure que cette décision a été prise «dans l’intérêt de la sécurité nationale».
«Nous avions besoin d'un sous-marin à propulsion nucléaire et nous avons examiné nos options», justifie-t-il, ajoutant que «les Français avaient une version qui n'était pas supérieure à celle qui est utilisée par les États-Unis et le Royaume-Uni».
De plus, la présence aérienne américaine sera renforcée sur le territoire australien. Sans n’être jamais citée, la Chine est clairement la cible de ce partenariat sécuritaire anglo-saxon. Pékin a estimé qu’un tel accord «sape gravement la paix et la stabilité régionales, intensifie la course aux armements et compromet les efforts internationaux de non-prolifération nucléaire».
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