Le Président algérien explique qui a saboté la production nationale de blé et de maïs

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Le Président algérien a accusé deux offices nationaux d’avoir favorisé l’importation de blé et de maïs au détriment de la production locale, indiquant que son pays perdait l’équivalent de la moitié de ses exportations annuelles en pétrole dans la surfacturation de ces importations.

Dans son discours dimanche 16 février devant les walis (préfets), au Palais des Nations, à Alger, le Président Abdelmadjid Tebboune a accusé l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) et l’Office national des aliments du bétail (ONAB) d’avoir favorisé les importations de blé et de maïs au profit de lobbies et au détriment de la production nationale. Alors que l’Algérie a importé au mois de janvier près d’un demi-million de tonnes de blé de France, restant ainsi le premier client des producteurs hexagonaux, le chef de l’État algérien a jeté un véritable pavé dans la mare en affirmant que la surfacturation des importations couvrait près «de la moitié des exportations» algériennes annuelles de pétrole.

L’Algérie importe de grandes quantités de maïs et de blé, «alors qu’il est possible de les produire au niveau national», a déclaré Tebboune, selon le site d’information algérien Maghreb Émergent. L’OAIC et l’ONAB ont toutefois découragé toutes les initiatives de production locale de blé et de maïs, a ajouté le chef de l’État en précisant que ces deux organismes «exigeaient aux agriculteurs de leur livrer leurs marchandises par leurs propres moyens à des centaines de kilomètres».

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Dans le même sens, Abdelmadjid Tebboune a affirmé que «cette situation est maintenue par des lobbies qui essayent de faire pression pour faire durer les importations de ces produits et les surfacturer».

Sans préciser l’identité de ceux-ci, il a fait savoir que le volume de la surfacturation des produits importés représentait l’équivalent de «la moitié des exportations algériennes annuelles de pétrole».

Ainsi, pour pallier à cette situation pénalisante, le chef de l’État a sommé son ministre du Commerce Kamel Rezig d’interdire immédiatement l’importation de toutes les matières premières produites localement. «Ces importations ne seront permises que si la production chez nos agriculteurs n’est plus disponible», a-t-il fait savoir.

Quelques chiffres

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Durant les 20 années au pouvoir du Président déchu Abdelaziz Bouteflika, l’Algérie a dépensé plus de 1.000 milliards de dollars, selon les chiffres annoncés par l’ex-Premier ministre Ahmed Ouyahia, actuellement en prison pour des affaires de corruption, et dont une bonne partie a servi aux opérations d’importations. Ces dernières, à titre d’exemple, sont  passées de neuf milliards de dollars en 1999 à 57 milliards de dollars en 2013.

Dans une intervention donnée en 2015 au quotidien algérien El Watan suite au scandale connu sous le nom de SwissLeaks, Ali Benouari, ancien ministre algérien du Trésor et expert international en finances, avait affirmé que «les estimations des fonds placés à l'étranger, liés à la corruption et à la surfacturation, dépasseraient les 100 milliards de dollars depuis le début des années 2000, tandis que les fortunes algériennes établies à l'étranger seraient de près de 200 milliards de dollars».

Une gestion «catastrophique»

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Lors de la présentation mardi 11 février du plan de son gouvernement à l’Assemblée populaire nationale (APN) algérienne, le Premier ministre Abdelaziz Djerad n’a pas fait dans la dentelle pour décrire la gestion du pays sous Abdelaziz Bouteflika. Il l’a qualifiée de «catastrophique». Il a par ailleurs dressé un tableau inquiétant de la situation financière et économique de l’Algérie.

Dans le même sens, le chef de l’exécutif algérien a expliqué que ce sont les résultats de cette gestion qui ont poussé les Algériens à se soulever le 22 février 2019 et à chasser du pouvoir l’ancien gouvernement, à «condamner et rejeter cette tentative d’affaiblir notre pays» et à faire en sorte que «cette situation ne se reproduise plus».

Par ailleurs, Abdelaziz Djerad a affirmé que «le gouvernement s’emploiera à l’élimination des dérives ayant marqué la gestion des affaires publiques de l’État et des incidences négatives des forces extraconstitutionnelles sur la décision politique et économique du pays».
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