Des autruches d’Afrique au-delà du cercle polaire

© RIA Novosti . Anastasya YakonjukArtem Andronaki
Artem Andronaki - Sputnik Afrique
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Il y a 5 ans une ferme d’autruches est apparue dans la banlieue de Mourmansk. Aujourd’hui, les oiseaux africains de 3 m se promènent fièrement dans les volières. Ils ont dû renoncer à l’habitude de "s'enfouir la tête dans le sable" en cas de danger: le sol gelé de la toundra polaire a remplacé les sables du désert. Toutefois, le nord n’est pas aussi terrible qu’on le craint au sud. Même les autruches peuvent y vivre.

Il y a cinq ans une ferme d’autruches est apparue dans la banlieue de Mourmansk. Aujourd’hui, les oiseaux africains de trois mètres se promènent fièrement dans les volières. Ils ont dû renoncer à l’habitude de "s'enfouir la tête dans le sable" en cas de danger: le sol gelé de la toundra polaire a remplacé les sables du désert. Toutefois, le nord n’est pas aussi terrible qu’on le craint au sud. Même les autruches peuvent y vivre.

L’Arctique au lieu de l’Afrique

Le propriétaire de la ferme, Artem Andronaki, ne se souvient plus comment il a eu l’idée de créer un élevage d’autruches au-delà du cercle polaire arctique. A 17 ans on veut déplacer des montagnes.

"J’aurais pu élever des porcs ou construire une usine de boissons sans alcool, j’y avais pensé également. Mais c’est ennuyeux, on élève beaucoup de porcs. Or, on n’avait encore jamais vu d’autruches ici. J’ai commencé à inciter les parents à acheter des oiseaux d’Afrique. Puis nous avons acquis un terrain et fait venir 200 autruchons de Lituanie. C’est ainsi que tout a commencé", raconte l’éleveur.

La création de la ferme d’autruches a coïncidé pour Artem Andronaki avec les premiers cours de fac où il étudiait par correspondance. Mais les études passent au second plan lorsqu’on a 200 autruchons sur les bras. Artem Andronaki préférait les "travaux pratiques" avec les oiseaux aux cours théoriques.

Artem dit qu’auparavant il ne s'était familiarisé avec l’agriculture que chez sa grand-mère à la campagne. Il n’avait aucune expérience, d’autant plus qu’il n’y avait aucun consultant sur les autruches à Mourmansk.

ur une parcelle de terrain qu’il a obtenue de l’ancienne ferme "Arctique", il a commencé à créer son "Afrique." Artem a remis en état les écuries et les porcheries, a construit des volières et a fait un élevage de poules, de canards, de chèvres et de moutons.

"Au début je pensais que c’était plus simple. Et j’ai commis énormément d’erreurs! Je passais mes journées ici, je rentrais à la maison seulement pour prendre une douche. Les oiseaux demandaient beaucoup de soins, une alimentation abondante et équilibrée et un nettoyage des volières toutes les quatre heures. Il a fallu installer un chauffage par le sol dans les volières", se souvient Artem Andronaki.

Les plumes glamours et les œufs d’or

Aujourd’hui, dans l’élevage d’autruches avec une appellation peu africaine "Aurore boréale" il y a 7 mâles, 14 femelles et 20 progénitures. A la fin de l’été les œufs ont commencé à éclore dans les incubateurs.

L’année dernière, 20 autruchons sont nés ici. Cette année le propriétaire de la ferme compte sur la naissance de 150 progénitures.

"Les autruches sont très demandées. L’élevage de ces oiseaux est une production sans déchets : la viande et les œufs sont mangés, la graisse est le meilleur remède contre les brûlures, les plumes sont utilisées pour les mouches de pêche et les décorations pour vêtements, la peau est plus chère que celle du crocodile, les cils et la cornée de l’œil sont utilisés en transplantologie chez l’homme. Pratiquement tout est utilisé", explique l’éleveur.

Toutefois, pour l’instant il n’arrive pas à trouver d'acheteurs pour la peau d’autruche et la cornée de l’œil, mais ce n’est qu’une question de temps, affirme Artem Andronaki. Par contre, les oeufs d’autruche, malgré leur prix de 1.000 roubles (environ 25 euros) se vendent très rapidement: le contenu est cuit sur une poêle (un seul œuf suffit pour nourrir plusieurs personnes), et la coquille, que les artisans transforment en véritables œuvres d’art, est vendue comme souvenir.

"La viande la plus tendre est au niveau du cou. Tout le reste peut être préparé comme on le désire: cuire, rôtir, griller. Dans les restaurants c’est un met de choix. Au goût cela rappelle le veau", raconte Artem Andronaki.

De la production au divertissement

Les oiseaux se sont rapidement habitués au froid et à la nuit polaire, au vent arctique et au gel. "En hiver ils se promènent avec de la neige jusqu’au ventre sans aucun problème. Le plus important est de les nourrir abondamment pour leur apporter de l’énergie. En une journée une autruche adulte consomme jusqu’à 3-4 kg d’aliments composés. La nourriture est identique à celle des poules, mais en plus grande quantité.

Les spécimens les plus grands et les plus vigoureux sont les continuateurs de l’espèce. Artem s’occupe personnellement des questions de sélection. Selon lui, il faut être très attentif en les achetant dans d’autres fermes: peu de gens voudront se séparer d’un oiseau de qualité. Certains mâles ont été achetés au Danemark, et les femelles viennent de Suède.

En une saison une autruche pond 60-70 œufs. Les autruchons grandissent très rapidement.

"Parfois, après les avoir nourris le soir et en revenant le lendemain matin, on ne les reconnaît plus. En une journée, un autruchon grandit de 2-3 centimètres, en atteignant en un an une taille de 3 mètres et un poids de 120-130 kilogrammes", explique Artem Andronaki.

Pour l’instant, seulement trois personnes s’occupent des créatures de la ferme. Une grande partie des bénéfices couvre l’électricité: jusqu’à 80.000 roubles par mois en hiver (environ 2.000 euros). La ferme ne reçoit aucune subvention des autorités locales. Seulement aujourd’hui, cinq ans après sa création, la ferme commence à devenir rentable, et le propriétaire songe à s'agrandir.

Par ailleurs, le propriétaire de la ferme réfléchit également à d’autres espèces: début septembre deux rennes s’y sont installés. Aujourd’hui Artem cherche à échanger l’un d’eux contre une femelle pour les accoupler. Des tétras et des bécasses pourraient également apparaître prochainement dans cette ferme.

Les visiteurs de cette ferme exotique dans la région de Mourmansk ont un jour été si nombreux, qu’Artem Andronaki a dû organiser des groupes d’excursion: ils viennent à la ferme comme dans un zoo.

"En hiver nous avons une attraction: la balade en autruche. Je mets sur la tête de l’oiseau un collant, le volontaire se met sur le dos de l’animal et j’enlève le collant: la balade dure tout le temps que l’on parvient à tenir dessus", rit Artem.

D’ailleurs, dit-il, l’industrie du divertissement est également rentable. Il ne reste plus qu’a acquérir quelques animaux exotiques, et les visiteurs seront si nombreux qu’il sera nécessaire de se transformer en zoo.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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