Chypre suspend les négociations sur la réunification de l'île

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Le président de la République de Chypre Nicos Anastasiades a annoncé en fin de semaine dernière la suspension des négociations avec le leader de la République turque de Chypre du Nord non reconnue, Dervis Eroglu, écrit lundi le quotidien Kommersant.

Le président de la République de Chypre Nicos Anastasiades a annoncé en fin de semaine dernière la suspension des négociations avec le leader de la République turque de Chypre du Nord non reconnue, Dervis Eroglu, écrit lundi le quotidien Kommersant.

Les tentatives de s'entendre sur la réunification de l'île risquent d'échouer après la promesse d'Ankara de s'ingérer dans l'exploitation du gaz naturel dans la zone économique exclusive (ZEE) de Chypre. La Turquie insiste en disant que Chypre du Nord peut prétendre à une partie de ces réserves, cependant les autorités chypriotes rejettent ces revendications. Les experts interrogés sont persuadés que la suspension des négociations jouerait en faveur de la partie grecque et nuirait à la Turquie.

Nicosie tient la Turquie pour responsable de la rupture des négociations, depuis que cette dernière a fait part de son intention de commencer les explorations sismiques des gisements de gaz dans la zone économique exclusive de Chypre. Ankara a annoncé l'envoi dans cette zone du navire d'exploration Barbaros et de deux navires de guerre – une démarche sans précédent. Le forage est déjà en cours dans cette section dont sont chargés les groupes Eni (Italie) et Kogas (Corée du Sud). Nicosie considère les intentions d'Ankara comme inadmissibles, d'autant que la zone où la Turquie a décidé de mener en parallèle ses propres explorations se trouve sur le plateau au sud de l'île et en principe n'a rien à voir avec Chypre du Nord.

Le litige autour de l'exploitation du gaz accompagnait les négociations sur l'avenir de l'île depuis la découverte des gisements sur le plateau. Compte tenu du statut de Chypre du Nord, reconnue par aucun pays sauf la Turquie, ses revendications d'une partie des ressources du plateau chypriote ne trouvaient pas d'appui. Le droit exclusif de la République de Chypre pour l'exploitation des gisements de gaz sur le plateau a été récemment reconnu par le département d'Etat américain. Le ministère russe des Affaires étrangères, qui a accueilli la semaine dernière le représentant spécial du président chypriote Sotos Zakheos, estime que les actions unilatérales et la démonstration de la force dans une zone économique exclusive sont inacceptables. Athènes a également accusé la Turquie d'enfreindre les droits de l'Etat insulaire pour l'exploitation du plateau.

Les dirigeants chypriotes avaient déjà évoqué auparavant des craintes que la Turquie cherche à utiliser la question gazière comme une monnaie d'échange aux négociations. Toutefois, les experts interrogés sont convaincus que les autorités chypriotes tenteront de profiter de l'incident autour de la ZEE pour les négociations à venir. "Le gaz pourrait devenir un objet de marchandage, mais aussi de compromis. Les autorités chypriotes disposent de tous les moyens nécessaires pour former une large coalition autour des gisements gaziers, pour y réunir tous ceux qui souhaitent exploiter le plateau insulaire, y compris des compagnies américaines et russes", a déclaré Alexandre Rytov de l'Institut de l'Europe affilié à l'Académie des sciences de Russie. Ce dernier pense que la décision de Nicosie de suspendre les négociations est une "démarche diplomatique" qui permettra à terme de relancer ce processus dans des conditions encore plus favorables pour Chypre.

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