La colère sociale monte: face au Covid-19, «les États démocratiques ont pris des mesures absolument radicales»

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Des manifestations pro-liberté, unissant parfois extrême droite et gauche, en réponse à un déconfinement trop lent, surgissent en Allemagne, en Pologne, au Royaume-Uni et aux États-Unis. Décryptage des suites de la crise sanitaire du coronavirus par Michel Taube, fondateur d’Opinion internationale, pour le Désordre mondial.

Il fallait presque s’y attendre. Et pour les services de renseignement français, c’était une crainte explicite. Des manifestations se sont déroulées en Europe pour protester contre un déconfinement jugé beaucoup trop lent à restaurer les libertés fondamentales, malgré la régression rapide du nombre de décès dus au coronavirus.

 En Allemagne, Pologne, Royaume-Uni et aux États-Unis, de telles manifestations pro-liberté se sont déjà déroulées. Elles ont parfois pour caractéristique d’unir l’extrême droite et l’extrême gauche, d’étranges compagnons de route. Ils s’unissent autour du thème du rejet d’une intervention gouvernementale excessive. Ils ne veulent pas d’une sorte de «nouvelle normalité» orwellienne, ils veulent revenir au «monde d’avant».
 
Quel avenir pour ces manifestations? Michel Taube, fondateur du site d’information ‎Opinion Internationale et auteur du livre, “On n’en a pas fini avec le Front national” (Ed. L’Écart) met ces mouvements en perspective:

«On est en train de sortir de la phase de crise sanitaire avec les milliers de morts qu’on a eus, et on rentre dans la phase économique et sociale, avec une crise qui s’avère extrêmement forte aux États-Unis, en Europe et certainement ailleurs.
Et la crise politique n’est pas loin, puisque vous avez des cortèges de chômeurs et de personnes qui ne peuvent même pas finir le mois, qui vont être exclus de leurs logements, qui vont aller à la soupe populaire.»

Michel Taube poursuit sa démonstration et donne la traduction politique de ce mouvement social:

«Ça va renforcer les partisans du vote aux extrêmes, soit extrême gauche ou, beaucoup plus, à l’extrême droite. Et à mon avis, on va y arriver. Alors pour le moment, il n’y a pas de grandes élections prévues à court terme, sauf aux États-Unis. Mais je pense que les conséquences politiques vont être nombreuses, et il commence à avoir effectivement des manifestations et contestations politiques qui montent.»

L’état serait-il responsable de cette colère? Taube réagit:

«Cette période qu’on connaît depuis la mi-mars a conduit les États démocratiques, libéraux, modérés, démocrates, à prendre des mesures absolument radicales. Je donnerais l’exemple du Premier ministre français qui a ordonné à tous les commerces de fermer dans les quatre heures suivantes. L’ordre donné est extrêmement violent.» 

Taube explique aussi qui pourrait en bénéficier: 

«La réalité, c’est que cette colère française n’a pas disparu avec les 17 milliards d’euros que l’État français a mis l’année dernière pour répondre aux Gilets jaunes et avec un projet sur les retraites qui a été retiré sous la contrainte du coronavirus.
Je pense que la colère a continué à monter, et qu’il y a toujours un problème de réponse à cette colère. Donc pour le moment, Marine Le Pen se tourne un peu les pouces, elle compte les points, elle voit un peu l’État s’empêtrer dans cette difficulté et se prépare doucement et sûrement pour la revanche et le match retour de la Présidentielle de 2017 face à Macron, et la crise actuelle y aide. Et c’est pareil en Italie.»
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