Il combat son cancer grâce au sport et raconte comment rendre la maladie «plus gérable»

© Photo Emeric Gouëbault Vincent Guerrier, journaliste de 24 ans originaire de Normandie, atteint d'un lymphome de Hodgkin, et sa petite amie, Léa Dall'Aglio
Vincent Guerrier, journaliste de 24 ans originaire de Normandie, atteint d'un lymphome de Hodgkin, et sa petite amie, Léa Dall'Aglio - Sputnik Afrique
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Atteint d'un cancer depuis 23 ans, depuis longtemps en rémission et marathonien: dans un entretien à Sputnik, Vincent Guerrier raconte comment le sport devient une thérapie auxiliaire dans le traitement des tumeurs et d'autres maladies.

En 2016, Vincent avait 23 ans, des ambitions professionnelles et des projets de vie. C'est alors qu'il a appris son diagnostic: lymphome de Hodgkin, un type de cancer du sang.

«Cela a été très dur à encaisser pendant quelques jours, puis après avoir vu un médecin qui m’annonce le protocole de traitement à suivre, je me suis mis dans une configuration "compétition", et je n’ai plus réfléchi qu’à la finalité: la rémission», se souvient Vincent Guerrier, originaire d’Ouilly-du-Houley, dans le pays d’Auge (Calvados).

Le 22 octobre 2020, il a salué la sortie de son livre, dont sa petite amie Léa Dall'Aglio est co-auteur, Malades de sport: un remède contre le cancer. Journalistes, Vincent et Léa y font part des recherches en la matière et de l'expérience du combat qu'ils ont vécue ensemble.

Son cancer du système lymphatique n'était pourtant pas question de vie ou de mort, explique Vincent. Le taux de guérison étant assez élevé (90-95%), il savait que le risque de complications était faible.

Le plus difficile à gérer

Pendant les premiers mois de traitements intensifs, chimio et radiothérapies, le plus dur à supporter n’était pas la fatigue ou les nausées, qu'il a tout de même ressenties.

«C'était plutôt de vivre en arrêt maladie, en essayant de ne pas perdre de vue des objectifs professionnels, tout en tenant mes proches au courant de mon état. Évidemment quand on est malade, les personnes s’inquiètent, et la maladie est très dure à vivre pour eux.»

D'abord, il lui a fallu plusieurs jours pour se remettre de la chimiothérapie, séance après séance. Au fur et à mesure que son corps se fortifiait grâce aux entraînements, cette période de rétablissement a été raccourcie.

Au bout d’un certain moment, Vincent a assumé la tâche de rassurer et soutenir ses proches, alors que son principal réconfort était sa forme physique qui s'améliorait.

«Sur le plan physique, ma remise en forme avec la course à pied m’a vraiment redonné une bonne condition, et la maladie devenait beaucoup plus gérable grâce à cela», confie-t-il à Sputnik.

Un marathon malgré tout

Un radiologue a informé Vincent que les effets secondaires des traitements pourraient limiter ses capacités respiratoires, et donc l’empêcher de participer de nouveau à des compétitions sportives. Il s'est pourtant lancé le défi de courir un marathon et Léa a commencé à s’entraîner avec lui.

«Et comme j’avais très envie de le faire au plus vite, je l’ai couru trois semaines après ma rémission [en 2017, ndlr]. Mais ce marathon était pour moi ma véritable finalité. J’étais heureux d’être en rémission. Mais si j’étais capable de courir un marathon, alors j’étais capable de reprendre une vie normale, et de tourner la page. Je n’avais donc pas d’autres possibilités que d’aller au bout», pointe-t-il.

Ainsi, deux mois après la fin du traitement il a parcouru 42.125 km en 4h28.

Les maladies qui «reculent» face au sport

Vincent et Léa ont effectué une vaste recherche sur les bienfaits de l'activité physique pour les personnes subissant un traitement. En fait, leur livre fait suite à un documentaire homonyme développant aussi ce sujet.

«Il y a plusieurs cas de figure», précise Vincent. «On parle de prévention primaire avant que les maladies n’apparaissent. Puis de prévention secondaire pour les maladies qui apparaissent, et de prévention tertiaire quand les patients sont en traitement de maladies.»

L’activité physique permet de diminuer le risque d’avoir des maladies chroniques comme le diabète, le cancer, des maladies cardiovasculaires, Alzheimer, Parkinson, détaille-t-il. Lorsqu'on est déjà malade, la pratique d’une activité physique adaptée, voire avec un professionnel qui encadre, peut permettre de ralentir la progression de ces maladies.

«On peut même guérir complètement de trois maladies grâce à l’APA [activité physique adaptée]: le diabète de type II, les artériopathies oblitérantes des membres inférieurs et la dépression légère. L’Inserm [Institut national de la santé et de la recherche médicale] l’a montré en 2018. Pour le cancer, il y a une absence de récidive dans 30 à 40% des cas pour les cancers les plus courants, pour des patients actifs, par rapport aux plus sédentaires.»

Recherche allemande

Les études dans l'espèce se multiplient. Récemment, des chercheurs allemands de l'université d'Erlangen-Nuremberg ont mis au point un entraînement spécial, doux mais efficace, qui stimule la libération de myokines chez les patients cancéreux. Ces peptides, produits lors de la contraction des muscles, sont capables de freiner la croissance des cellules cancéreuses chez les personnes en bonne santé et les patients à un stade précoce.

La prochaine étape vise à identifier les myokines spécifiques ayant des effets antitumoraux.

Cancer, maladie chronique

Selon Vincent, les tumeurs se soignent de mieux en mieux en France et le cancer devient une maladie chronique:

«C’est-à-dire que l’on peut vivre avec tout en ayant une qualité de vie correcte, et des passages assez longs sans traitements. Ce n’est donc plus une maladie taboue que l’on doit cacher».
Sensibilisation et prévention

Le 13 avril 2019, a eu lieu la première édition de la Cancer pride, marche citoyenne ayant pour but de lever les tabous autour du cancer.

Vincent rappelle qu’environ 40% des cancers sont directement liés à des facteurs de risque comme la consommation d’alcool, de tabac, une mauvaise alimentation et l’inactivité physique. Sans contraindre la population à être exemplaire, il faut que «chacun prenne pleinement conscience que son comportement de tous les jours a un impact sur sa santé».

«C’est donc aux pouvoirs publics, aux médias, aux professionnels de santé, de faire ce travail de prévention pour que chacun soit au courant des dangers d’un comportement à risque sur sa santé, ainsi que sur les finances publiques», souligne-t-il.

Activité physique en confinement

Dans le contexte des restrictions dues au risques sanitaires, le jeune homme conseille de «trouver un équilibre chez soi, en étant toujours en lien avec un professionnel de santé». Le plus délicat, c’est la «continuité de la pratique d’une activité physique pour les personnes malades, qui ont en plus des défenses immunitaires amoindries».

Le confinement permettait de pratiquer une heure d’activité physique en plein air par jour, même sur un périmètre restreint. Pour ne pas sortir dehors, Vincent cite le vélo d’appartement, la gym, le yoga, monter les escaliers, marcher dans son jardin, sur des sentiers comme «de bonnes façons de pratiquer en sécurité en fonction de son état».

Parmi tous les patients que Vincent et Léa ont croisés et qui ont débuté une activité physique adaptée, «aucun n’a regretté son choix». Le message qu'il souhaiterait transmettre à ceux qui viennent d'apprendre leur diagnostic est donc le suivant:

«Peu importe son niveau, peu importe son âge, peu importe le degré de sévérité de sa maladie, on peut commencer ou poursuivre une activité physique qui nous plaît. C’est assez contre intuitif, mais on sera moins fatigué, plus en forme, on va préparer l’après-maladie, et si l’on poursuit une activité, on met toutes les chances de son côté pour ne plus être malade par la suite».
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