Simple, peu coûteuse et sans risques: contre le Covid, la solution miracle de la vitamine D?

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De la vitamine D pour lutter contre l’épidémie de Covid-19. Une option simple et peu coûteuse défendue par des dizaines d’experts dans une tribune publiée ce mardi. Une telle prescription à l’adresse de tous les Français pourrait réduire le nombre de contaminés et atténuer les symptômes des formes graves.

Prenez et mangez-en tous! C’est somme toute le message que tentent de faire passer les soixante-treize experts francophones et les six sociétés savantes françaises à l’origine de la tribune publiée mardi dernier dans La Revue du Praticien. Après compilation de plusieurs études scientifiques, les experts concluent à l’utilité de la vitamine D dans la lutte contre l’épidémie de coronavirus. Ils appellent ainsi à fournir aux Français un supplément de «l’hormone du soleil». Une double utilité, puisque ce médicament contribuerait non seulement à prévenir l’infection, mais aussi à réduire la gravité de certains symptômes chez les patients contaminés.

Il y a quelques mois, une étude norvégienne révélait que la consommation habituelle d’huile de foie de morue, riche en vitamine D, pouvait réduire le nombre d’infections au Covid-19. En mai 2020, l'Académie de médecine démontrait de son côté l’implication de cette hormone dans l’apaisement du syndrome de détresse respiratoire aigu. Or c’est aujourd’hui près de la moitié de la population française qui manque de vitamine D, peut-on lire dans le communiqué signé par soixante-treize scientifiques. D’où l’engouement autour de cette substance et l’appel à son utilisation comme traitement préventif et curatif. En pleine campagne de vaccination et face à la défiance des Français, l’information diffusée par les experts signataires a sonné comme l'annonce d'une solution miracle.

«Un adjuvant utile»

Les effets bénéfiques de la vitamine D sur le système immunitaire sont déjà bien connus. Tous les hivers, en raison de la diminution de l’ensoleillement (le soleil assure la synthèse de la vitamine D dans l’organisme), il est conseillé de s’en procurer. Le poisson, le lait ou encore les œufs en contiennent beaucoup. Or, en France, 40 à 50% de la population, encore plus chez les personnes à risques de formes graves de Covid-19, manquent de cette vitamine. C’est en se fondant sur ce constat d’insuffisance généralisée et en tenant compte des «effets bénéfiques de la supplémentation en vitamine D» et de «l’absence de risques» que les  experts ont justifié leurs recommandations.

«Tout pousse aujourd’hui à supplémenter en vitamine D tout au long de l’année les personnes à risque d’hypovitaminose D (c’est-à-dire les personnes obèses, ou très âgées, ou malades) et à supplémenter la population générale pendant la période hivernale, au cours de laquelle la production naturelle de vitamine D dans la peau est quasi nulle aux latitudes françaises», peut-on lire dans le communiqué.

Une utilisation préventive renforcerait donc notre système immunitaire. Mais les bienfaits de la vitamine vont encore plus loin. Les scientifiques appellent à y recourir en cas d’infection avérée par le SARS-CoV-2. En tant qu’hormone sécostéroïde, la vitamine D peut moduler l’expression de la protéine ACE2, un récepteur «utilisé par le SARS-CoV-2 pour infecter les cellules hôtes». La vitamine D contribuerait ainsi à  calmer «l’orage cytokinique» induit par le SARS-CoV-2 pouvant dégénérer en «syndrome de détresse respiratoire aigu avec un risque élevé de décès».

Une arme de plus donc pour lutter contre l’épidémie Covid-19. À la place du vaccin et de toutes mesures sanitaires? Dans leur communication, les soixante-treize signataires évacuent d’entrée de jeu l’idée d’un remplacement du vaccin ou des gestes barrières par un recours à la vitamine D. Ce n’est pas «une arme du même niveau», mais «un adjuvant utile», précisent-ils.

Un seul risque

Une arme que certains pays ont entrepris d’utiliser de manière quasi industrielle. À l’exemple du Royaume-Uni qui, comme le rapportait la BBC, a distribué au mois de novembre dernier 2,5 millions de doses de vitamine D aux personnes les plus à risques. Certains spécialistes restent néanmoins sceptiques quant à l’utilisation de cette hormone. Sur le plateau de BFM TV, le professeur Karine Lacombe a appelé à ne pas confondre «corrélation et causalité». Selon elle, «la vitamine D n'est pas un moyen efficace de prévention de la Covid-19».

​De son côté, le professeur Timsit, s’exprimant sur LCI, se voulait plus nuancé. Le chef du service de réanimation de l’hôpital Bichat reconnaît que «la vitamine D a des propriétés de stimulation des défenses infectieuses» et qu’il y a un lien «entre une diminution du taux de vitamine D et une augmentation de la mortalité chez les patients atteints de Covid». Avant d’avertir que cette hormone «n'est pas un bonbon».

​Le médecin rappelle que «l'hypervitaminose est aussi dangereuse», concluant: «Il ne faut pas en prendre tout seul.» Autant de restrictions déjà mentionnées par les experts à l’origine de l’appel qui rappellent les risques de l’automédication.

«La supplémentation en vitamine D respectant les schémas de prescription habituels ne présente aucun risque particulier, indiquent les scientifiques. La supplémentation doit faire l’objet d’une prescription par le médecin traitant en France. Les intoxications sont excessivement rares, et généralement liées à des prises considérables en automédication.»
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