Entre 1972 et 1997, les chercheurs ont calculé à cinq reprises le nombre de mollusques apparus à cet endroit, à quelles espèces ils appartenaient et si le nouveau tableau écologique correspondait à celui observé avant les explosions. D'un côté, les résultats sont rassurants: la vie dans les eaux de l'atoll, à en juger par les mollusques, s'est rétablie. La diversité des espèces s'est finalement avérée la même qu'avant les explosions, voire plus riche. Mais la structure a été modifiée: par exemple, les mollusques prédateurs ont prospéré, alors que le nombre de mollusques herbivores s'est réduit.
Bien que les explosions atomiques aient éradiqué toute forme de vie aux alentours de Fangataufa, l'atoll en lui-même n'a pas disparu sous l'eau, la température n'y a pas changé et les courants océaniques sont restés inchangés. Les organismes vivants ont commencé à y venir depuis les territoires voisins qui n'ont pas été touchés par les essais nucléaires (ces mêmes mollusques, même s'ils sont immobiles à l'état adulte, se dispersent à l'aide de larves qui se déplacent librement). On pouvait s'attendre à ce que l'écosystème, reparti de zéro, revienne à l'identique. Mais en réalité les biologistes évoquent depuis longtemps l'hypothèse selon laquelle la formation d'un écosystème est souvent une affaire de hasard, et les études sur l'atoll "atomique" le confirment: il n'y a eu aucune condition qui indiquerait fermement à telle ou telle espèce où, à quel endroit et en quel nombre elle doit exister. Les organismes qui ont été portés à cet endroit par les vents et les courants y sont restés. Toutefois, les auteurs de l'article publié dans Proceedings of the Royal Society B décrivent une exception: dans la zone supralittorale, après l'explosion, les mollusques sont restés les mêmes qu'avant et en même quantité. Mais la zone supralittorale est un endroit assez particulier, à la frontière entre la mer et la terre, recouverte d'eau par déferlement, lors des vents, des tempêtes et des marées très hautes. Très peu d'espèces de mollusques peuvent y vivre — justement ceux qui y sont revenus.Les auteurs concluent que du point de vue du rétablissement de l'écosystème (à condition, bien sûr, que le milieu se soit stabilisé et que la pollution, si elle avait lieu d'être, a disparu dans la mesure du possible), il ne faut pas espérer que les animaux et les plantes reviennent en conformité exacte avec une sorte de "plan" inchangé. Il faut garder constamment à l'esprit la capacité de l'homme à s'ingérer activement dans l'environnement.
Enfin, plusieurs questions et objections sérieuses sont soulevées au sujet de l'étude décrite. Premièrement, il serait utile d'évaluer la biodiversité dans l'ensemble, de toutes les espèces vivant sur l'atoll, et pas uniquement des mollusques. Deuxièmement, le hasard implique qu'ils avaient tous la même probabilité d'occuper la place vide qui s'est formée — ce qui n'est pas tout à fait le cas, selon certains écologues. Divers types de mollusques libèrent leur descendance à diverses périodes, en fonction de la saison, et on ne peut pas parler de hasard absolu dans la colonisation de l'atoll par des larves. Enfin, selon Terry Hughes, spécialiste des récifs coralliens de l'université James Cook, l'écosystème de l'atoll Fangataufa peut encore être en phase de formation et à terme, la répartition des espèces pourrait redevenir la même qu'avant les essais nucléaires.Contenu réalisé à partir d'informations émanant de sources ouvertes.
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