Le dictateur est mort. Vive le dictateur ?

© Photo: EPALe dictateur est mort. Vive le dictateur ?
Le dictateur est mort. Vive le dictateur ? - Sputnik Afrique
S'abonner
Les spécialistes du Proche-Orient se demandent s'il y aura un changement de régime politique en Libye après Mouammar Kadhafi.

Le monde civilisé se réjouit de la mort du dictateur libyen, mais est choqué par les circonstances de son assassinat. L'ex-leader de la "Jamahiriya" avait peut-être mérité une peine capitale, mais la sauvagerie avec laquelle il a été exécuté, a été condamnée même par les Américains et les leaders des autres Etats de l'Alliance atlantique. Les Nations Unies et les ONG spécialisés dans la défense des droits de l'homme demandent une enquête sur les circonstances de sa mort.

Diaporama: Comment Kadhafi est-il mort ?

La fin du dictateur libyen qui a dirigé le pays pendant plus de 40 ans, fait penser aux chutes des régimes dans d'autres pays du Proche-Orient. En effet, le scénario libyen ressemble à la chute de Saddam Hussein en Irak, Hosni Moubarak en Egypte ou Ben Ali en Tunisie. C'est, d'ailleurs, le renversement de ce dernier qui a déclenché le «printemps arabe».

Pourtant, chaque dictature est unique, est convaincu Sergueï Demodenko de l'Institut russe des analyses stratégiques. "Il existe, d'une part, l'image du dictateur façonnée par les médias. Il est immonde, poltron sur les bords, sanguinaire et ennemi juré des défenseurs de la liberté et de la démocratie. Il y a, d'autre part, l'image du chef de l'Etat de Proche-Orient qui est plus proche de la réalité et bien loin de la première image. Mouammar Kadhafi en est une incarnation. Il n'a pas fui son pays alors qu'il avait la possibilité de le faire. Il a combattu jusqu'à sa mort".

Peut-il y avoir un régime démocratique au Proche-Orient?

Cependant, la forme autoritaire de gouvernement convient plus aux pays de Proche-Orient que la démocratie à l’occidentale, considère le président de l'Institut russe du Proche-Orient, Evgueny Satanovskiy. "Le Proche-Orient, ce sont les tribus avec des traditions orientales. Le pouvoir passe des dictateurs aux islamistes, des nationalistes aux féodaux ou chefs religieux. Mais il n'est pas question d'instaurer une démocratie de type européen".

Il est plus simple d'inscrire le cas libyen dans un paradigme bien connu à l'Occident : la démocratie, c'est bien et la dictature, c'est mal. Si Kadhafi a écrasé une révolte populaire, il doit être bombardé. Mais si une révolte similaire est réprimée au Bahreïn, le roi Hamad bin Issa al-Khalifa reste toujours ami pour les Américains.

La question principale reste donc de savoir si les enseignements de la mort de Kadhafi seront utiles pour le peuple libyen. Comme le montre le cas irakien, la réponse positive est peu probable. On ne peut pas exclure qu'une nouvelle révolution amènera au pouvoir un autre dictateur.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала