La drogue : maladie ou crime ?

La drogue : maladie ou crime ?
La drogue : maladie ou crime ? - Sputnik Afrique
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Le Conseil de coordination des chefs des services chargés de la lutte contre le trafic illégal de drogue dans les pays membres de l'OTSC a organisé une réunion le 11 avril dans la capitale du Kazakhstan Astana. La question principale discutée à cette réunion, c’est l’organisation de l’opération permanente anti-drogue « Kanal » en 2012 et la situation avec le trafic de drogue en provenance de l’Afghanistan, qui est le plus grand fournisseur d'opium et d'héroïne sur le marché mondial, selon l’ONU.

Le nombre de consommateurs de drogues est en train d’augmenter rapidement en Afghanistan également, atteignant déjà un million de personnes, soit 8% de la population du pays. Le principal consommateur d'opium – est l'Iran (où va une grande partie de la drogue en provenance d'Afghanistan). La Russie reste le principal consommateur d'héroïne. Selon ministère russe de la Santé publique, le pays compte actuellement près de 550 000 dépendants de la drogue. Des experts indépendants parlent d’environ 3 millions de personnes.

En réalité, les toxicomanes seraient encore plus nombreux. En Russie, les personnes dépendantes de l’alcool et du tabac sont également considérées comme dépendantes. D’ailleurs, dans les pays occidentaux, toute dépendance est considérée comme une maladie. On y considère comme toxicomanes ceux qui souffrent d’anorexie et ceux qui sont accros aux gadgets informatiques. Les psychiatres estiment que le degré de dépendance au niveau du cerveau est le même.

La dépendance à la drogue a pénétré tous les milieux de la société dans la plupart des pays du monde, et la Russie, hélas, ne fait pas exception à cette règle. Et même si la drogue est consommée un peu partout dans le pays, notamment dans de petites villes, c’est bien dans les grandes mégapoles que se forme une nouvelle culture de la consommation des stupéfiants de nouvelle génération. De nouvelles couches de la société s’y habituent. La baisse d’âge pour la première consommation – est aussi une tendance mondiale d'actualité. Dans le même temps, ces substances deviennent de plus en plus accessibles, constate le chef de la Fondation espagnole pour l'aide contre la toxicomanie (FAD) Ignacio Calderón.

« Les jeunes dans notre pays ont un certain mode de vie. C’est pourquoi, en Espagne, les drogues et l'alcool commencent à être consommées à partir de l’âge de 13 ans. Je sous-entends par là que c’est à partir de cet âge que les adolescents commencent à sortir entre amis en soirée. Aller s’amuser le soir, cela fait partie du divertissement pour les jeunes gens dans le monde entier. Et ce type d’amusement sous-entend la consommation des différents types de stupéfiants ».

 La toxicomanie contribue en même temps à la hausse de la criminalité. Selon le Service fédéral russe pour le contrôle des stupéfiants, dans les tribunaux des grandes villes, au moins un verdict sur trois est prononcé dans des affaires liées à la drogue. Néanmoins, en Russie, on refuse souvent de considérer les toxicomanes comme des malades, et la justice russe a tendance à se prononcer plutôt en faveur des mesures sévères contre eux, y compris par des poursuites criminelles. Iouri Sivolap, spécialiste de la clinique psychiatrique de Korsakov à Moscou est persuadé que le seul moyen efficace du traitement de la dépendance de la drogue, c’est le traitement par substitution, qui n'est pas autorisé en Russie.

« Notre société a tendance à donner une morale, mais n’importe quelle tendance moralisatrice est amorale, car elle fait des victimes. C’est du point de vue moraliste que le traitement par substitution n’est pas accepté en Russie. Ce traitement consiste à donner au patient un analogue synthétique de la drogue qu’il consomme, lorsqu’il est en manque, ce qui lui permet d’alléger les souffrances et limiter en même temps la diffusion des maladies parmi la population. Car si le patient reçoit sa dose quotidienne de drogue légale dans un lieu spécialisé, il ne commettra plus de crimes, l'épidémie du SIDA sera sous contrôle, et il y aura moins de personnes contaminées par le virus de l’hépatite. Ces gens deviendrons alors plus socialisés, plus humains ».

 Anton a eu de la chance. Il a commencé à consommer dans les années 1990, pour faire « comme tout le monde ». Il a commencé par la marijuana, et a continué avec des injections d’héroïne. C’est la naissance de sa fille qui l’a fait arrêter de consommer la drogue.

 « J’ai consommé pendant très longtemps, notamment l’héroïne pendant près de 12 ans, et j’ai fait appel à tous les médecins possibles pour arrêter. Rien n’y faisait. C’est certainement un concours de circonstances. Je ne voulais pas que mon enfant grandisse avec un père qui se drogue ».

 Le principal problème des drogues, c’est qu’elles touchent avant tout les jeunes gens. Un adulte est généralement beaucoup moins influençable. C’est pourquoi la société doit faire tout son possible pour défendre les plus jeunes. Le point de vue des médecins et des anciens toxicomanes sur cette question est unanime : le moyen le plus efficace de lutter contre la drogue – c’est la diffusion des informations sur les conséquences de leur usage, pour prévenir une première tentation. L’ONU mène également un travail éducatif dans ce domaine.

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