On peut voir des jeunes garçons et des jeunes filles, un verre de vin rouge à la main, dans les quartiers dortoirs et le centre historique de la capitale russe. L'un a recouvert avec habileté une usine électrique, testant ainsi la solidité du stuc délavé. Un autre est suspendu à la nacelle d'une grue sous le toit d'un immeuble d'habitation et esquisse sa future œuvre.
Le lieu principal du projet artistique est le territoire d'une ancienne usine à sucre. C'est à présent la plateforme artistique « Sakhart » (sucre-art). L'usine désaffectée a été complètement transformée selon la fantaisie des peintres. Anton Lebedev, par exemple, a fait le double portrait d'un flamant rose et d'une chèvre.
« Le concept est le suivant : il y a une main, de la main tombe la pluie, de la pluie sort la chèvre et d'un verre posé sur une table émerge le flamant rose. Je suis un grand fan de Salvador Dali et me suis inspiré de ses travaux. J'aime beaucoup les choses originales et surréalistes. »
Un autre lieu important du festival est la cour du musée de Moscou, situé dans un bâtiment vieux de deux cents ans. On ne touche bien sûr pas à ses murs. Une station de lavage des années 1950, se trouvant dans la cour de l'immeuble, leur a été donnée pour qu'ils impriment leur marque. Comme l'explique la directrice du musée Alina Saprykina :
« Nous organisons des sessions de graff' sur un modèle européen libre. C'est la première fois que cela est fait à Moscou. Nous avons donné carte blanche à nos artistes. Il n'y a pas de demande de la part du musée mais une invitation à créer. »
Parmi les invités au festival « La meilleure ville du monde », il y a des artistes reconnus internationalement, comme le peintre argentin Gualcho. La commissaire de l'exposition Sabina Tchaguina raconte :
« Il s'appelle Pablo Harimbat mais il souhaite qu'on l'appelle Gualcho, l'envouté. Nous n'avons pas choisi Pablo par hasard, il est déjà venu à Moscou plusieurs fois. Une de ses expositions s'est déjà tenue ici. Nous le connaissons bien. Par ailleurs ses travaux sont célèbres dans le monde entier. »
Gualcho a offert à la capitale russe son œuvre « Méditation ». Sur le mur nu d'un immeuble, il a réalisé un volcan euphorique, crachant une fumée bleue pacifique sur une petite île qui tient elle-même dans la paume de la main des hommes. Le volcan est lui-même semblable à un homme, assis dans la position du lotus. Mais il ressemble aussi à une maison : en son sein sont représentées des fenêtres grandes ouvertes.
Le peintre français Nelio va également laisser son empreinte dans un quartier historique de la ville. Il est considéré comme l'un des meilleurs représentants de l'abstraction géométrique et a subi l'influence de l'avant-garde russe du début du Xxème siècle. D'ailleurs de nombreux portraits des artistes avant-gardistes russes, dont Kandinsky, vont être représentés sur les murs de la capitale russe. Les organisateurs du festival « La meilleure ville du monde » ne limitent en rien les artistes, voire leur demandent d'utiliser les couleurs les plus vives !
