Les mystères de l’histoire russe : la bataille de la Glace

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La bataille de la Glace stoppa pour des décennies l’agression de l’Ordre de Livonie contre les principautés russes.

En 1938 le film de Sergueï Eisenstein « Alexandre Nevski » fit sa tournée triomphale des salles de cinéma en Union Soviétique. Le réalisateur reçut tout un bouquet de décorations : ordre Lénine, prix Staline et le grade de docteur de critique d’art. Ce long métrage parlait du héros national de Russie – le prince Alexandre Nevski qui battu en 1242 les chevaliers allemands sur le lac Peïpous.

Après l’agression de l’Allemagne hitlérienne contre l’URSS, ce film revint sur le grand écran dans le pays. Sur le front, les soldats soviétiques le regardaient pendant les pauses entre les combats. La version cinématographique patriotique consacrée à la victoire du peuple russe sur les envahisseurs allemands les encourageait dans leur lutte contre les nazis.

Le prince Alexandre naquit en 1221, il gouvernait la principauté de Novgorod, dans le Nord de la Russie. Le jeune prince démontra sa valeur de guerrier dès 19 ans, en battant l’armée suédoise sur le fleuve Neva, ce qui lui valut le surnom de Nevski, donné par le peuple. Mais peu de temps, après le jeune capitaine dut faire face à un ennemi beaucoup plus redoutable : les chevaliers de l’Ordre de Livonie.

A la fin du XIIe siècle, à l’appel du pape, les chevaliers allemands de l’Ordre Porte-Glaive envahirent les pays baltes. Sous prétexte de convertir au christianisme les populations païennes locales, les Allemands réussirent à s’emparer des territoires de l’Estonie et de la Lettonie contemporaines. Sur ces terres les chevaliers Porte-Glaive fondèrent leur Etat – l’Ordre de Livonie. Les envahisseurs ne voulaient pas en rester là, mais décidèrent de poursuivre leur offensive dans l’Est, en Russie chrétienne.

En 1240 le prince Alexandre Nevski se querella avec les boyards de Novgorod et quitta la ville. L’ayant appris, les chevaliers livoniens attaquèrent les terres russes. Les boyards ayant chassé Alexandre furent obligés de rabaisser leur orgueil et d’envoyer des messagers auprès du prince pour le prier de revenir. Face à la menace le vainqueur des Suédois accepta d’oublier les offenses. Il se dépêcha à Novgorod et passa immédiatement à l’action. La troupe d’Alexandre commença par prendre d’assaut la forteresse construite par les chevaliers sur les terres russes occupées. Ensuite le prince marcha sur la ville de Pskov déjà occupée par les chevaliers Porte-Glaive. Les citadins qui haïssaient les asservisseurs allemands ouvrirent les portes de la ville à la troupe d’Alexandre. Peu après il libéra des ennemis d’autres villes. Alexandre Nevski porta aux Allemands des coups sensibles, mais une bataille décisive l’attendait.

Le 5 avril 1242 l’essentiel des forces de l’Ordre de Livonie et celles de la principauté de Novgorod s’affrontèrent sur la glace du lac Peïpous (Tchoudskoïé en russe). Alexandre étudia bien son ennemi. Il savait que l’armée allemande avançait en formant un angle avec en avant-garde la cavalerie. Les chevaliers en cuirasse, tels un bélier, ouvraient une brèche dans les rangs ennemis, ensuite l’infanterie parachevait leur débâcle. Alexandre prépara une surprise aux Allemands. Il déploya ses troupes à terre au bord de la rive haute du lac : ils avaient à supporter l’attaque la plus violente de la cavalerie lourde, la cavalerie et les meilleurs guerriers étaient dissimulés sur les flancs. Leur attaque devait être décisive.

Tout se passa comme l’avait planifié le prince Alexandre. Les chevaliers rompirent la défense dans le centre et s’arrêtèrent devant le bord abrupt. A ce moment la cavalerie russe s’abattit sur l’ennemi. Une bataille acharnée s’engagea. « On ne voyait plus de glace, tout était couvert de sang », témoignait un chroniqueur de Novgorod. « Les frères chevaliers se défendaient avec acharnement, mais ils furent vaincus », constataient sèchement les « Annales de Livonie ». Les Russes poursuivaient l’adversaire en fuite. La glace cédait sous le poids des chevaliers en cuirasse, et ils se noyaient. Cette bataille est entrée dans les chroniques sous le nom de la Glace. Après cette défaite les chevaliers durent conclure une paix avec Alexandre.

Des siècles après, les historiens, analysant la bataille de la Glace, rendront hommage à l’art martial du prince russe. Pour la première fois une armée principalement piétonne vaincu la cavalerie. Jamais avant les Russes n’avaient pourchassé un adversaire en fuite, mais restaient sur le champ de bataille pour fêter leur victoire. Or Alexandre organisa la poursuite de l’ennemi, transformant leur défaite en une pleine déconfiture.

La bataille de la Glace stoppa pour des décennies l’agression de l’Ordre de Livonie contre les principautés russes. Cette brillante victoire s’inscrivit comme l’une des plus glorieuses pages dans l’histoire militaire de la Russie. /N

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