La vie du couple elle aussi affectée par la crise sanitaire et ses dérives

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Couple triste - Sputnik Afrique, 1920, 29.07.2021
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Le nombre de séparations pourrait exploser une fois la crise sanitaire terminée! Au gré des confinements et autres couvre-feux, de nombreux couples ont traversé des zones de turbulences. Selon une enquête menée par l’Ifop, près d’un tiers des Français ont songé à quitter leur partenaire!

Des couples mis à rude épreuve… L’exécutif a enchaîné confinements et couvre-feux pour tenter d’endiguer l’épidémie de Covid-19. De nombreux professionnels de santé ont dénoncé l’impact de ces mesures sur la santé mentale des Français, ou encore sur les capacités cognitives des enfants. Mais la vie amoureuse a elle aussi pâti de ces contraintes.

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Une «hausse des divorces dans les prochaines années» est à prévoir, estimait dans un entretien à Libération Anne Solaz, directrice de recherche à l’Institut national d’études démographiques. Alors le coronavirus peut-il provoque une épidémie de ruptures? C’est ce que laisse aussi entrevoir l’enquête* Ifop, menée pour le site de préparation au mariage YesWebloom, sur l’impact des confinements et couvre-feux successifs sur les couples français.

À la question de savoir si, à l’issue de la crise liée au Covid-19, les sondés souhaiteraient prendre leurs distances avec leur partenaire/conjoint actuel, 12% ont répondu par l’affirmative. 27% ont quant à eux avoué avoir eu envie de rompre au cours de la kyrielle de confinements et de couvre-feux.

La crise sanitaire a chamboulé l’équilibre conjugal des jeunes

Les envies de séparation ont particulièrement touché les «jeunes» couples: 50% des moins de 30 ans. C’est d’ailleurs la catégorie d’âge qui a le plus changé de situation conjugale. Une situation qui s’explique notamment parce que l’on est «sur une population beaucoup moins stable sur le plan marital», explique à Sputnik François Kraus, directeur du pôle Genre, sexualités et santé sexuelle de l’Ifop:

«C’était leur première véritable expérience de cohabitation intense. Ce sont des gens pour lesquels les choses sont le moins bien calées dans les équilibres conjugaux. Avec moins d’ancienneté du couple, on peut avoir plus de vilaines surprises. Notamment dans les rôles: les tâches ménagères, les charges diverses et variées dans le logement, etc.»

Si les jeunes ont donc admis que prendre la poudre d’escampette leur avait traversé l’esprit, ils ne sont pas les seuls. Ont également confessé avoir eu l’intention de rompre les plus précaires financièrement (46% des hommes gagnant moins de 900 euros, contre 21% touchant plus de 2.500 euros), et les Français vivant dans les grandes métropoles, notamment les habitants de l’agglomération parisienne (32%).

Le stress lié au travail au banc des accusés

De nombreux facteurs sont responsables de cette fragilisation des couples. En particulier, le manque de communication, une différence de besoins ou d’attentes sur la vie sexuelle, mais surtout le stress lié au travail (41%). Faut-il y voir un des effets de la démocratisation du télétravail? En effet, la question du bon équilibre entre vie privée et vie professionnelle a régulièrement été soulevée. De façon notable par rapport au droit à la déconnexion. En outre, ce sont les femmes qui ont le plus subi ce stress: 44% d’entre elles s’en sont plaintes contre 39% des hommes. L’écart pourrait s’expliquer par le fait que «les femmes ont dû jongler à la fois entre le travail et l’occupation des enfants», avance François Kraus.

Pourtant, ces périodes de restriction des déplacements ont été bénéfiques pour certains couples: un tiers des Français ont indiqué que cela avait renforcé leur lien. Quand, pour 52% des sondés, elles n’ont eu aucun effet. D’ailleurs, 63% des personnes interrogées ont le même partenaire qu’au premier confinement. Néanmoins, ceux qui jugent que les confinements et couvre-feux ont contribué à les éloigner de leur partenaire pourraient-ils rompre dans un avenir proche? Tout à fait possible, pour François Kraus:

«On a un phénomène d’attentisme. En période de crise, les gens préfèrent rester ensemble même s’ils ne s’entendent pas et attendre que les choses aillent mieux pour prendre leur liberté.»

Mais encore faut-il se sentir l’âme d’un Apollon… L’enquête a montré que, dans la tentation de rompre après la crise, le capital physico-esthétique était important. Ainsi, 38% des hommes se trouvant «très beaux» ont fait part de cette volonté, contre 14% s’estimant «pas vraiment beaux». Toujours dans la gent masculine, 26% de ceux qui ont déclaré avoir une corpulence correspondant aux normes esthétiques dominantes ont songé à convoler hors du nid, contre 14% en moyenne parmi les mâles souffrant d’un problème de poids.

«L’estime de soi, qu’elle soit réelle ou pas, nous permettra de nous dire que l’on va trouver sans trop de difficultés un autre partenaire. Cela varie beaucoup en fonction de l’évaluation de son capital physico-esthétique. C’est particulièrement le cas chez les hommes», explique François Kraus.

Si on ne peut d’ores et déjà pas prédire un «boom» des séparations, Google Trends pourrait donner de sérieuses indications: les termes «application de rencontres» et «comment draguer» ont connu leur plus haut niveau depuis cinq ans.

 

* Étude Ifop réalisée pour YesWebloom.com par questionnaire auto-administré en ligne, du 7 au 10 mai 2021 auprès d’un échantillon de 3.003 personnes, représentatif de la population âgée de 18 à 69 ans résidant en France métropolitaine.

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