La rencontre « format Normandie » – carpe diem !

© Sputnik . Aleksey Nikolsky / Accéder à la base multimédia“诺曼底”形式会谈
“诺曼底”形式会谈 - Sputnik Afrique
S'abonner
Après les cinq jours de discussions internationales, les leaders de la Russie, de la France, de l'Allemagne et de l'Ukraine se retrouveront mercredi à Minsk pour essayer d'élaborer un « accord durable de paix » qui exclue tout scénario de guerre.

President Barack Obama gestures during a joint news conference with German Chancellor Angela Merkel in the East Room of the White House in Washington, Monday, Feb. 9, 2015 - Sputnik Afrique
Armes US pour l’Ukraine: Obama n’a encore rien décidé
La veille de cette réunion « format Normandie », le président américain Barack Obama a laissé la porte ouverte à des livraisons d'armes à Kiev. Ces propos étaient visiblement une révérence envers Angela Merkel, qui avant sa visite lundi à Washington s'y était ouvertement opposée. Grégor Puppink, directeur du Centre Européen pour les droits de l'homme et la justice, est persuadé que les Etats-Unis ne prendront pas de décision sans l'accord des puissances européennes: « Tant que la France et l'Allemagne tiendront bon sur ce point, et je ne pense pas que les Etats-Unis aillent à l'encontre de la volonté des Français, des Allemands et des Anglais. Il est évident que l'Europe n'a pas besoin d'avoir une guerre violente qui se poursuit et se développe en son cœur. La solution des armes n'est pas la bonne solution. En cela, nous pouvons faire rappel à ce qui s'est passé en 2013 en Syrie où, également, un engagement militaire a été envisagé par les Etats-Unis et certaines puissances européennes. La retenue qui avait finalement prévalu à l'époque a prouvé par la suite qu'elle était la bonne option. »

La Syrie de 2013 n'est pas la seule à venir à l'esprit. La situation actuelle apparaît comme un scénario kosovar inversé. Si en 1998-1999, Bill Clinton et Tony Blair ont rejeté la « lutte antiterroriste » menée par les autorités yougoslaves et ont pris le parti des rebelles de l'armée de libération du Kosovo, en 2014, Barack Obama a choisi de soutenir Kiev et de condamner « les séparatistes prorusses ». Même le prétexte des bombardements aurait pu être le même — les bilans falsifiés. Mais à quel type de triomphe faut-il s'attendre? Visiblement, l'Europe ne connaît que le revers de la médaille: le Kosovo est une plaque tournante du trafic de drogue et de banditisme avec 45% des chômeurs qu'elle doit nourrir. L'Union européenne, est-elle intéressée aujourd'hui à avoir encore un trou noir en Ukraine? N'oublions pas que l'ordre du jour européen est déjà assez chargé: économie, Grèce, Etat islamique.

Trêve illusoire: situation dans le Donbass - Sputnik Afrique
Infographies
Trêve illusoire: situation dans le Donbass
Le même parallèle se dresse avec la bande de Gaza et la Libye. Il n'était pas question de bombarder Israël allié pour punir la dernière opération antiterroriste féroce a tué plus de 2.000 Palestiniens. Tandis que la Libye n'a pas été épargnée: en 2011, une vaste campagne a été lancée dans le but de prévenir une guerre hypothétique contre le Bengazi et de ne pas laisser Kadhafi « tuer son propre peuple ». Le cas ukrainien s'inscrit dans cette « logique »: lorsque les militaires ukrainiens tuent impunément leurs concitoyens, l'Occident ne pense pas envoyer son aviation contre Kiev.

Si les Etats-Unis ne pensent ni aux victimes ni à l'ampleur des souffrances humaines, quelle est la raison d'une attitude aussi ambivalente quant aux opérations antiterroristes? La réponse est claire: c'est le pragmatisme pur en vue d'une hégémonie mondiale économique et militaire. Prenons un exemple. La « faute » de la Yougoslavie était d'avoir gardé une économie socialiste avec un taux de propriété publique élevé dix ans après la chute du mur de Berlin. En d'autres termes, Milochevitch gouvernait un pays économiquement et militairement indépendant qui ne voulait pas adhérer à l'Union européenne ni à l'OTAN.

En Ukraine, les USA ont renversé le gouvernement « conservateur » et « prorusse » d'Ianoukovitch (Barack Obama l'a reconnu officiellement) et ont misé sur l'oligarque Piotr Porochenko. Sa mission, en tant que marionnette de Wall-Street, était d'adhérer à l'Union européenne, à l'OTAN et au Fond monétaire international, en d'autres termes, faire de l'Ukraine une colonie occidentale aux portes de la Russie.

Members of the Ukrainian armed forces ride on an armoured personnel carrier (APC) near Debaltseve, eastern Ukraine, February 8, 2015 - Sputnik Afrique
Le sort du continent européen se joue à Minsk
Il semble que le plan américain a échoué. Il suffit de regarder le drôle de président tantôt avec des passeports russes de soldats retrouvés dans la zone de conflit (à la 51ième Conférence de Munich sur la sécurité), tantôt avec le fragment d'un autobus qui venait d'être bombardé (au Forum économique de Davos) qu'il avait montrés au grand public pour prouver la présence des militaires russes en Ukraine.

Dans ce contexte, la récente visite de François Hollande et d'Angela Merkel à Kiev, puis à Moscou peut être traitée comme un petit pas vers l'indépendance vis-à-vis des Etats-Unis, d'une part, et vers un rapprochement avec la Russie, d'autre part. « La paix en Ukraine réside dans le renforcement des relations entre la Russie et l'Europe Occidentale, de même que la refondation de l'unité européenne », conclut notre expert Grégor Puppink.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала