Séjours à New York, désobéissance: au Québec, le Covid-19 frappe durement les juifs orthodoxes

© AP Photo / Oded BaliltyJuif orthodoxe portant un masque improvisé, Tel Aviv (image d'illustration)
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Ces derniers jours, les policiers de la Ville de Montréal ont mené plusieurs opérations pour disperser des rassemblements illégaux de membres de la communauté juive orthodoxe. La situation fait couler beaucoup d’encre au Québec, car on craint que le non-respect des règles ne favorise une plus rapide propagation du virus. Sputnik fait le point.

Au Québec, la pandémie de Covid-19 met certains groupes religieux à l’épreuve, lesquels se montrent réticents à appliquer les consignes du gouvernement Legault.

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Le Service de police de la Ville de Montréal est intervenu à plusieurs reprises ces derniers jours pour faire respecter le confinement à des membres de la communauté juive orthodoxe, qui s’étaient rassemblés pour des motifs religieux. Depuis le 21 mars, Québec interdit pourtant tout type de rassemblement intérieur et extérieur. Sur l’ensemble du territoire québécois, les policiers ont commencé à donner des avertissements aux contrevenants, qu’il s’agisse d’amis réunis dans un parc ou de personnes se trouvant trop près les unes des autres dans les commerces encore ouverts.

Tout rassemblement interdit depuis le 21 mars

Selon plusieurs experts, les communautés juives orthodoxes au Québec sont proportionnellement beaucoup plus touchées par la pandémie que le reste de la population générale. Les endroits les plus atteints à Montréal –la ville de Côte-Saint-Luc et l’arrondissement d’Outremont– sont aussi ceux où habitent une majorité de juifs orthodoxes. Une situation qui inquiète les autorités, mais aussi plusieurs leaders des communautés concernées.

«Nous sommes inquiets, comme les Québécois. Notre seule différence est qu’on a de grandes familles. Même si quelqu’un s’isole avec sa famille, c’est très difficile», déclarait le 27 mars Abraham Ekstein, porte-parole du Congrès juif hassidique du Québec, à la suite de la mort du premier membre de la communauté.

Dans la ville de New York, aux États-Unis, où vivent plus d’un million de juifs, les groupes orthodoxes sont également très touchés par le Covid-19. Il faut savoir que les orthodoxes du Québec ont des liens importants avec cette communauté new-yorkaise.

Covid-19: inquiétude partagée à New York et Montréal

Selon les responsables de la santé publique du Québec, les contacts entre les deux communautés pourraient expliquer un taux de contagion très élevé de part et d’autre. Ces dernières semaines, de nombreux juifs orthodoxes sont revenus au Québec d’un séjour dans la Grosse Pomme.

«Ce sont près de 40% des membres de la communauté juive orthodoxe Tosh de Boisbriand, au nord de Montréal, parmi la centaine testée, qui ont reçu des résultats positifs à la COVID-19», peut-on lire dans un communiqué émis par ce groupe le 29 mars.

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Pour David Weiser, président de la Congrégation juive de Québec, l’immense majorité des juifs québécois suivent les consignes, malgré l’opposition de quelques groupes orthodoxes de la métropole. Il assure également qu’aucune infraction à la règle n’a été commise par des membres de la communauté juive de la Ville de Québec, toutefois beaucoup moins nombreuse que celle de Montréal.

«Nous n’avons rien observé du genre dans la Ville de Québec. [...] En tant que juif québécois, je suis quand même préoccupé par la situation. L’antisémitisme pourrait monter à cause de ces événements et des réactions. On a aussi appris que des groupes d’extrême droite avaient prévu d’infecter des personnes juives et des policiers aux États-Unis. [...] Il ne faudrait pas que des gens commencent à chercher des coupables», s’inquiète le président de la congrégation Beth Israël Ohev Sholem au micro de Sputnik.

Le 3 avril dernier, la presse a appris que Michael Rosenberg, milliardaire québécois et magnat de l’immobilier, se trouvait en soins intensifs après avoir contracté le Covid-19. Appartenant à la communauté orthodoxe de Montréal, M. Rosenberg a pris part le 16 mars au mariage de sa fille dans un hôtel dont il est copropriétaire, et ce, malgré la consigne en vigueur de limiter au maximum les rassemblements. 180 personnes ont participé à cette célébration.

Mariage risqué et controversé

Lors de ce mariage devenu controversé, plusieurs invités venus de New York n’ont pas respecté les directives fédérales demandant à tout voyageur à se placer en isolement pendant 14 jours. Si le gouvernement Legault interdit tout rassemblement depuis le 21 mars seulement, il recommandait depuis le 12 mars de les éviter et a ordonné la fermeture de tous les lieux de culte le jour même du mariage.

​M. Weiser condamne les entorses à la règle, mais rappelle qu’au départ, des croyants d’autres confessions n’étaient pas non plus d’accord de mettre un terme à leurs activités de groupe. De fait, ces dernières semaines, des communautés chrétienne et musulmane ont aussi fait l’objet de vives critiques dans les médias et sur les réseaux sociaux pour des raisons similaires.

«C’est certain que l’on dénonce et déplore la situation. Par contre, il faut quand même rappeler que ce n’est pas unique aux juifs. À Lévis, près de Québec, des catholiques sacerdotaux ont refusé pendant un moment d’annuler leurs messes. [...] Les croyants ont généralement des règles leur disant qu’ils doivent se soumettre aux lois des pays où ils habitent. [...] De notre côté, à la Congrégation juive de Québec, nous avons décidé d’annuler toutes nos activités dès le lendemain du jour 1 de la crise», a conclu M. Weiser à notre micro.
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