WikiLeaks révèle la falsification du rapport de l’OIAC sur l’«attaque chimique» à Douma

© AP Photo / Peter DejongLe siège de l'OIAC à La Haye
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Le rapport initial de l’OIAC constatant l’absence de tout agent innervant dans les échantillons prélevés dans la ville syrienne de Douma, où une attaque chimique aurait eu lieu le 7 avril 2018, comme l’avaient prétendu des pays occidentaux, a subi des reformulations «trompeuses», selon un courriel révélé par WikiLeaks.

Samedi 23 novembre, le site WikiLeaks a publié un courriel daté du 22 juin 2018 qu’un membre de la mission de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) envoyée à Douma avait adressé à son supérieur. Le mail portait sur une réécriture du rapport de la mission sur l’attaque chimique présumée du 7 avril 2018 dans la ville syrienne qui avait servi de prétexte pour les frappes occidentales contre la Syrie.

L’auteur de ce courriel, qui faisait partie de la mission envoyée en Syrie pour faire la lumière sur l’attaque présumée, affirme avoir trouvé des reformulations «trompeuses» et des omissions «sélectives» dans «la version corrigée [préliminaire] du rapport de la mission d'enquête», qui sera finalement publié officiellement le 1er mars 2019.

Transformation de certains faits cruciaux

«Un parti pris involontaire a été introduit dans le rapport, mettant à mal sa crédibilité. Dans d'autres cas, certains faits cruciaux qui ont été maintenus dans la version corrigée se sont transformés en quelque chose d'assez différent de ce qui a été rédigé dans l'ébauche», signale l’auteur du courriel identifié par WikiLeaks comme un expert de l'OIAC.

Citant un passage des conclusions du rapport préliminaire (dans sa version corrigée) selon lequel «l’équipe dispose à l’heure actuelle de preuves suffisantes pour établir que du chlore, ou un autre produit chimique réactif contenant du chlore, avait été vraisemblablement libéré des bouteilles», l’expéditeur fait remarquer qu'une telle affirmation «ne s’appuie pas sur les faits».

Un écart majeur

«Le rapport initial soulignait délibérément le fait que, bien que les bouteilles aient pu être à l'origine de la libération suspectée de produits chimiques, les preuves étaient insuffisantes pour l'affirmer [...] C'est un écart majeur vis-à-vis du rapport d'origine», indique l'auteur du mail.

Il dénonce également l'absence de nombreuses «sections» qui figuraient selon lui dans le rapport initial, au sujet par exemple du «placement des bouteilles» ou des «dommages relatifs causés aux points d'impact par rapport à ceux causés aux bouteilles suspectées d'être la source du produit chimique toxique».

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«Ces informations étaient importantes pour évaluer la probabilité de la "présence" de produits chimiques toxiques par rapport à "l'utilisation" de produits chimiques toxiques», souligne le membre présumé de la mission d'enquête à son supérieur.

Rapport préliminaire

Début juillet 2018 la mission d’enquête sur l’attaque chimique présumée du 7 avril a publié un rapport préliminaire de l’OIAC d’après lequel aucun agent innervant n’avait été retrouvé dans les échantillons de Douma.

«Nous n'avons pas découvert d'agents innervants organophosphorés ni leurs dérivés dans les échantillons», lit-on dans le rapport préliminaire.

Dans son rapport final sur les faits ayant eu lieu à Douma, l'OIAC avait conclu que de la chlorine avait été utilisée contre l'agglomération en question sans toutefois désigner le responsable, car au moment où l'enquête avait commencé cela ne faisait pas partie des attributions de l'OIAC. Damas avait alors rejeté les conclusions tirées par l'organisation.

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