La stratégie française maximise les risques d’évolution virale, alerte un chercheur

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Virus, image d'illustration  - Sputnik Afrique, 1920, 19.04.2021
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La quarantaine pour les voyageurs n’empêchera pas l’arrivée des variants brésilien et sud-africain en France, avance le directeur de recherche du CNRS. D’après lui, les patients guéris de la souche classique du virus sont peu ou pas immunisés contre les variants et les risques d’évolution virale sont élevés.

La récente mise en place d’une quarantaine pour les voyageurs en provenance des pays dans lesquels sévit le variant brésilien ne peut limiter son arrivée en Europe, notamment en France, car «c'est trop tard», estime Samuel Alizon, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS).

«Ces variants sont déjà là. Donc à court terme, vous n'empêcherez pas leur arrivée. Sur le moyen ou le long terme, la volonté politique de contrôler l'épidémie n'est pas claire», expose-t-il dans une interview à Franceinfo.

Il tire la sonnette d’alarme sur le fait que les variants d’Afrique du Sud et du Brésil «semblent échapper à l'immunité naturelle et à l'immunité de certains vaccins».

«Si vous avez déjà été infecté par des lignées qui circulaient en 2020, a priori, vous n'êtes pas immunisé ou très peu immunisé contre les variants V2 et V3 [respectivement de l’Afrique du Sud et du Brésil, ndlr]», précise-t-il.

À court terme, le principal problème sera le variant anglais qui représente 80% des cas en France. «Si vous êtes infecté par celui-là, vous avez plus de risques de faire un Covid sévère», note le médecin. De plus, une étude publiée le 10 mars dans le British Medical Journal montre que le variant anglais est 64% plus létal sur les cas symptomatiques que les souches historiques.

Néanmoins, ces variants restent très rares en France métropolitaine, tandis qu’au Brésil, en Argentine, au Pérou, au Chili ou dans d’autres pays sud-américains, cette souche est devenue majoritaire.

En Guyane (département français ayant une frontière commune avec le Brésil), en revanche, la situation est alarmante. Selon le préfet Thierry Queffelec, cité par l’AFP, le variant brésilien y représente actuellement plus de 84% des prélèvements positifs.

Les risques maximisés

Samuel Alizon alerte ainsi sur les conséquences de la stratégie choisie par l’exécutif «qui est de laisser circuler le virus largement». À court et à long termes, cette stratégie va d’après lui maximiser les risques et les coûts d'une évolution virale.

«Le virus mute en continu. La plupart de ces mutations sont neutres. Plus vous le laissez circuler, plus il y a de risques que certaines de ces mutations aient des effets », prévient-il.

La France peut devenir un pays où les risquent évoluent davantage.

Selon les données de Santé publique France au 8 avril, la prévalence nationale du variant brésilien ne dépassait pas 0,5%, tandis que celle du variant britannique avait atteint le seuil de 82,6%.

Ces dernières semaines, des experts ont évoqué l’improbabilité que le variant brésilien devienne majoritaire. Pour Benjamin Davido, infectiologue à l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches interviewé par l’Obs, le variant brésilien «est gêné» par les autres variants, notamment l’anglais.

Pas d’embellie proche?

Les vols entre la France et le Brésil ont été suspendus le 13 avril. Le 17 avril, le gouvernement a annoncé des restrictions sur les voyages en provenance d'Argentine, du Chili, tous deux touchés par le variant brésilien, et d'Afrique du Sud, où sévit une autre mutation du virus. La quarantaine de 10 jours et des tests répétés ont été imposés.

Parallèlement, les écoles primaires rouvriront en France à partir du 26 avril, suivies des collèges et lycées; à la mi-mai, un allègement des mesures des restrictions est prévu, ce qui pourrait amener à une nouvelle augmentation massive des infections.

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