Contre vents et marées, l’Algérie maintient le protocole de la chloroquine contre le Covid-19

© AP Photo / John LocherHydroxychloroquine
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L’Algérie ne renoncera pas au protocole fondé sur l’hydroxychloroquine associé à l’azithromycine, ont affirmé deux médecins algériens à TSA en réponse à l’OMS qui a appelé à sa suspension temporaire suite à l’étude critique publiée par The Lancet. «L’étude de The Lancet est nulle et non avenue», a déclaré l’un d’eux.

Après l’épidémiologiste et infectiologue marocain, le Pr Jaâfar Heikel, c’est au tour de deux spécialistes algériens, aux premières loges de la lutte contre le Covid-19, de claquer la porte au nez de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) en apportant leur soutien au protocole proposé par le professeur Didier Raoult depuis le début de la pandémie et fondé sur l’association entre l’hydroxychloroquine et l’azithromycine. Ainsi, dans des déclarations au site d’information Tout Sur l’Algérie (TSA), le Dr Mohamed Bekkat Berkani, membre du comité scientifique de veille et de suivi de l’épidémie et président du Conseil de l’ordre des médecins, et l’épidémiologiste Mohamed Yazid Kadir du CHU de Batna, dans l’est de l’Algérie, ont tous les deux critiqué l’étude publiée par The Lancet sur l’efficacité de la chloroquine et refusé de remettre en cause ce protocole conformément à la recommandation de l’OMS qui a appelé à sa suspension temporaire.

«L’OMS n’en est pas à sa première bourde»

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«C’est une étude observationnelle et pas du tout clinique au sens propre du terme», a déclaré le Dr Bekkat Berkani, soulignant que la décision de l’OMS n’aura aucune incidence sur la poursuite du traitement en Algérie.

Dans le même sens, le responsable a ajouté: «dans cette situation, l’OMS n’en est pas à sa première bourde. On a vu les erreurs d’appréciation qu’elle a déjà faites depuis le début de l’épidémie. Elle a même été accusée par les Anglo-saxons de n’avoir pas été à la hauteur de la situation et de ne pas avoir lancé les signaux d’alerte au moment où il le fallait».

Abordant la polémique suscitée par l’étude publiée par The Lancet, le président du Conseil de l’ordre des médecins algériens s’est interrogé sur l’utilité que cette revue sorte une étude «pour mettre en garde contre l’utilisation de l’hydroxychloroquine et son association avec l’azithromycine qui est un antibiotique tout à fait commun qu’on utilise dans les cas de détresses respiratoires et de l’angine tous les jours».

«En Algérie, nous avons suivi ce protocole thérapeutique avec beaucoup de succès, et la polémique soulevée par l’étude de The Lancet est nulle et non avenue», a-t-il conclu.

Une étude «entachée d’erreurs de méthodologie»

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L’étude de The Lancet, qui a intégré les données de registres informatisés de 96.000 malades dans le monde, a conclu à l’inefficacité du protocole fondé sur l’hydroxychloroquine en association avec l’azithromycine en plus des effets indésirables, notamment l'arythmie cardiaque.

Pour sa part, l’épidémiologiste Mohamed Yazid Kadir a affirmé : «J’ai moi-même eu accès à l’étude de The Lancet et je peux vous dire qu’elle est entachée d’erreurs de méthodologie et surtout à la page neuf du document on retrouve la liste de tous les laboratoires qui ont financé cette étude et dont la majorité sont dans la conception du vaccin».

Dans le même sens, le Pr Kadir pointe du doigt le profil des malades. En effet, selon lui, «tous les malades qui ont été recrutés dans l’étude de The Lancet sont déjà hospitalisés ce qui veut dire qu’ils avaient déjà des complications». «Alors que le Pr Didier Raoult disait que l’indication de l’hydroxychloroquine devait être à un stade très précoce de la maladie», a-t-il précisé, soulignant que«nous n’allons pas changer le protocole à l’hydroxychloroquine qui a donné les résultats escomptés».

«Nous n’avons jamais eu de complications ou d’effets secondaires», a-t-il soutenu.

Les critiques du Pr Jaâfar Heikel

Le Pr Jaâfar Heikel a identifié cinq failles, reconnues selon lui, même par les rédacteurs de l’étude publiée par The Lancet.

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La première est le fait qu’«ils ne peuvent associer la mortalité au traitement car ils n’ont pas d’autres informations sur les morbidités cardiovasculaires ou certains facteurs de risques». Et d’expliquer qu’«en effet, lorsque certaines caractéristiques cliniques n’étaient pas informatisées [mais reportées] sur les registres [manuels], les auteurs ont considéré qu’elles étaient absentes chez le patient!» «Ceci est une hypothèse qui de facto biaise dans une certaine mesure l’analyse pronostique», a-t-il souligné.

Selon lui, les rédacteurs de l’étude n’ont également pas «mesuré le segment QT [segment représentant la dépolarisation myocardique sur le tracé de l’électrocardiographe (ECG), ndlr]».

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Le Pr Heikel a également rappelé que les patients retenus dans l’étude «sont de continents différents et avec des souches virales différentes (plusieurs variantes existent de virulence différente probablement, et en Afrique c’est encore plus vrai)».

Enfin, les deux dernières failles avancées par le spécialiste sont «les posologies et les durées de traitement différentes» et le fait que «plusieurs auteurs dont le principal reconnaissent être payés ou recevoir une rémunération ou des fonds par des laboratoires ou autres entreprises».

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