Pourquoi l’Occident néglige-t-il les vaccins russes malgré les effets secondaires de Pfizer? - Tribune

© Sputnik / Accéder à la base multimédiaUne chaîne de production du vaccin Spoutnik V (archive photo)
Une chaîne de production du vaccin Spoutnik V (archive photo) - Sputnik Afrique
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Le premier vaccin contre le coronavirus enregistré au monde, Spoutnik V, a fait face à des réactions négatives dans les médias occidentaux, lui reprochant l’insuffisance de tests pour être considéré comme sûr. Le vaccin de Pfizer n’a pourtant pas reçu autant d’attention des médias mainstream, malgré les nombreux cas d’effets secondaires recensés.

Le milieu de la santé fait face à un paradoxe. D’une part, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dénonce les inégalités dans la distribution des vaccins contre le coronavirus, soulignant que le pays au plus bas revenu au monde n’a reçu que 25 vaccins contre 39 millions envoyés dans 49 pays à revenus plus élevés. D’autre part, l’OMS elle-même n’a autorisé qu’un seul vaccin anti-Covid développé par Pfizer et BioNTech, ignorant une multitude d’autres développés en Chine, en Russie, au Royaume-Uni ou en Inde. Cette décision a ainsi limité la possibilité de succès de sa propre initiative COVAX, une initiative mondiale visant à accélérer l’accès aux outils de lutte contre le Covid-19 et à mettre en place une banque pour une distribution équitable des médicaments produits.

L’organisme mondial de santé a déclaré que le vaccin de Pfizer avait passé la validation d’urgence en raison de sa «sécurité, son efficacité et sa qualité». L’OMS n’a pas été la seule à reconnaître rapidement ce vaccin spécifique: l’UE, en particulier la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyer, a fait pression pour que le vaccin soit approuvé le plus vite possible sur le territoire de l’Union.

Selon les informations du Monde basées sur des documents que le journal s’est procurés, la pression politique exercée pour faire approuver le vaccin était si forte que l’Agence européenne des médicaments (EMA) a dû détourner le regard de certains problèmes de ce vaccin. Ainsi l’EMA aurait dû ignorer la possible incohérence entre le contenu des flacons vendus par Pfizer et la composition utilisée pendant les essais du vaccin.

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Les rapports émergeant quotidiennement sur des effets secondaires possibles ne semblent pas non plus ralentir le rythme de la distribution du vaccin de Pfizer et BioNTech dans le monde. Au moins 13 Israéliens ont subi temporairement une paralysie faciale légère peu de temps après avoir reçu la première des deux doses de Pfizer, remettant en question la possibilité de recevoir la seconde. La Norvège a rapporté plus tôt que 23 personnes étaient mortes après avoir reçu des injections du vaccin, mais les autorités ne sont pas encore sûres que ces décès y soient liés. Néanmoins, le pays a émis un avertissement indiquant que le vaccin pourrait avoir des «conséquences graves» pour les personnes âgées et fragiles, tandis que l’OMS prévoit d’étudier la cause de la mort de deux douzaines de patients.

Dans le même temps, tous les vaccins contre le coronavirus n’ont pas été placés dans la même position que celui de Pfizer, qui est distribué au sein de l’UE sous la condition de non-responsabilité de la société productrice pour ses effets secondaires possibles. Selon Alexandre Guinzbourg, le directeur du Centre d’épidémiologie Gamaleïa, qui a développé le premier vaccin contre le coronavirus au monde, le Spoutnik V fait l’objet d’un examen minutieux de la part des autorités européennes.

Les raisons des préférences accordées à ce traitement dans le processus d’autorisation restent floues. Le vaccin de Pfizer a montré une efficacité de 90% pendant les essais, une efficacité égale à celle de plusieurs autres, tels que Spoutnik V, mais inférieure à celle du deuxième vaccin développé en Russie, EpiVacCorona, dont les essais ont jusqu’à présent démontré une efficacité de 100%.

L’ARN instable à l’origine d’effets secondaires?

Une cause possible des effets secondaires présumés du vaccin de Pfizer pourrait être liée à l’utilisation d’ARN messagers modifiés par des nucléosides, une technologie qui n’a encore été utilisée que dans des vaccins pour animaux et jamais auparavant sur des humains. Théoriquement, l’ARN modifié devrait porter une partie du génome du Covid-19 afin de déclencher une réponse immunitaire et obtenir une immunité contre une véritable infection au Covid-19.

Alexandre Guinzbourg a toutefois souligné que contrairement à l’ADN, l’ARN est plus labile, sujet à des changements soudains. Ce processus pourrait se produire même au cours de la fabrication du vaccin et, par conséquent, plusieurs lots du même vaccin de Pfizer pourraient différer les uns des autres, les exemplaires «gâtés» pouvant avoir des effets secondaires inattendus.

«En Israël, une légère paralysie faciale a été relevée chez les personnes vaccinées [avec le vaccin de Pfizer]. Cependant à l’heure actuelle nous n’avons pas une compréhension complète des autres complications capables de survenir [sous l’influence de ce médicament]. Par exemple, cela pourrait être une paralysie du muscle œsophagien ou du nerf cardiaque», a avancé M.Guinzbourg.

Selon lui, le vaccin de Pfizer pourrait avoir un effet négatif sur quelque 30 à 40% des patients, en particulier les personnes âgées et souffrant d’allergies.

Le vaccin russe au centre d’une guerre mondiale de l’information

Alors que les deux vaccins américains fabriqués par Moderna et Pfizer sont basés sur l’administration d’ARN modifié, d’autres vaccins alternatifs utilisent souvent des vecteurs adénoviraux pour délivrer de la protéine Corona contenue dans le virus ou des antigènes, comme le vaccin britannique Oxford-AstraZeneca ou le russe Spoutnik V.

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Certains vaccins, en particulier Spoutnik V, ont fait face à une réaction des médias leur reprochant l’insuffisance d’essais et de documentation complète au moment de leur autorisation d’urgence. En outre, le Spoutnik V a été confronté à d’autres problèmes: sa page Twitter a été temporairement restreinte (bien que visible) en raison d’une «activité inhabituelle» présumée et son autorisation en Hongrie a été critiquée par les autorités de l’UE.

La Russie a également été accusée à maintes reprises d’avoir tenté de voler les données d’autres pays sur les vaccins en utilisant une «armée de hackers» que le Kremlin aurait à sa disposition. Fait curieux, ces rapports sont apparus lorsque les premiers vaccins développés dans le pays avaient déjà subi leurs premiers tests démontrant une efficacité de plus de 90%. De plus, des chercheurs russes ont coopéré avec des collègues étrangers lors du développement de vaccins, notamment AstraZeneca.

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