Payer le métro avec son visage sera possible à Moscou, mais soulève des questions

© Sputnik . Evgeny Odinokov / Accéder à la base multimédiaMétro de Moscou
Métro de Moscou - Sputnik Afrique, 1920, 19.05.2021
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Le métro de Moscou entend installer un service de paiement facial vers la fin 2021. Bien qu’avantageux du point de vue sanitaire, celui-ci pose des questions quant à la sécurité des données personnelles des utilisateurs.

Le paiement sans contact gagne du terrain dans le métro moscovite. La mairie de Moscou s’apprête à introduire un système de paiement par reconnaissance faciale sur toutes les stations du métro de la capitale d’ici la fin de l’année, a annoncé ce vendredi à la presse l’adjoint au maire aux transports Maxim Liksoutov.

Le service Face Pay (paiement facial) est actuellement testé sur ses collaborateurs et ses partenaires. Une fois ce service en place, les passagers pourront choisir entre le Face Pay et d’autres moyens de paiement dans le métro, a-t-il précisé.

Comment s’effectue le paiement? Le passager s’arrête devant le tourniquet, le système le reconnaît puis débite l’argent de sa carte bancaire en 1,5 seconde, et le voyageur passe sans toucher quoi que ce soit, sans sortir son smartphone, a expliqué le fonctionnaire. Il ne faudra même pas enlever le masque, selon lui.

Des risques

Au préalable, il faudra laisser ses données biométriques à la banque partenaire et connecter sa carte à ce service. Et c’est là que des questions surgissent.

Même si pour beaucoup, le confort, la rapidité et la sécurité sanitaire de ce système sont des avantages incontestables, d’autres se soucient de la sécurité de leurs données personnelles, appréhendant qu’elles puissent fuiter.

Contacté par Spoutnik, Sergueï Zolotoukhine, formateur au Laboratoire de criminologie informatique du Group-IB explique que ce système est tout nouveau, ce qui implique des risques, car les systèmes et services de sécurité n’y ont pas encore eu affaire. La sécurité des données dépendra de la façon dont elles seront collectées, transmises et stockées, précise-t-il.

En général, les systèmes de reconnaissance faciale ont démontré leur efficacité et ont permis entre autres d’identifier certains criminels dans le métro, ajoute l’expert. Mais son efficacité du point de vue de la sécurité des données dépendra de la façon dont ce système de paiement sera connecté à celui déjà existant.

Ainsi, Sergueï Zolotoukhine déconseille pour l’instant à ceux qui se soucient de la sécurité de leurs données personnelles de se lancer dès maintenant dans la reconnaissance faciale en matière de paiements. Il vaut mieux attendre que tous les bugs soient réglés avant d’accorder à ce système l’accès à ses données.

Mais généralement, ces technologies sont celles de l’avenir. Pratiques, rapides et sûres du point de vue sanitaire, ces procédés gagnent du terrain, mais il faudra attendre des années et des années pour qu’ils s’implantent partout et pour toujours, conclut le spécialiste.

Pour sa part, Tatiana Pavlova, directrice des projets d’analyse de contenu visuel de la société des technologies de l'information Croc, a indiqué à Sputnik que la riche pratique d’utilisation de cette technologie a permis d’assurer la sécurité des données. Pour elle, le paiement par reconnaissance faciale dans le métro n’est pas plus dangereux que l’utilisation des services bancaires mobiles.

En théorie, si les données sont stockées quelque part, il y a un risque de fuite, concède l’experte. Mais il existe de nombreux procédés de protection qui, à condition que la mise au point du logiciel pour le paiement par reconnaissance faciale dans le métro soit effectuée de façon compétente, réduiront les risques au minimum. Les technologies de sécurité prévoient entre autres de dépersonnaliser les informations, de les chiffrer, de les stocker dans des bases de données distribuées, explique-t-elle.

Une pratique qui se répand

La pandémie a encore boosté l’utilisation de cette technologie car elle permet de minimiser les contacts entre personnes tout en améliorant la qualité des services fournis, ajoute la spécialiste. C’est pourquoi elle sera bientôt utilisée dans d’autres domaines de la vie quotidienne, assure-t-elle.

En effet, à Moscou, le métro n’est pas le premier organisme à adopter le paiement sans contact utilisant des données biométriques. Ainsi, au printemps 2021, Х5 Retail Group, leader russe de la distribution, en partenariat avec le groupe Visa et Sberbank, premier réseau bancaire de Russie, a lancé un système de paiement facial dans une centaine de supermarchés de la capitale.

Pour la première fois, cette technique a été lancée par Sberbank et Visa à l’automne 2020 dans le réseau de cafés PRIME, également dans la capitale russe. Elle est désormais utilisée dans 83 cafés. En 2016, Sberbank avait déjà lancé un système de paiement par empreinte digitale dans les supermarchés Azbouka vkoussa, précise le média RBC.

Des établissements moscovites de restauration rapide se sont également joints à cette pratique, ajoute Tatiana Pavlova. Dans le métro, il sera logique de connecter les données d’un passager avec sa carte d’abonnement. Cela permettra à l’avenir de réduire le nombre de caisses ou d’y renoncer complètement, de réduire les frais de fabrication de billets, de chèques et d’accélérer le passage par les tourniquets, se réjouit-elle.

Les procédés se multiplient

La vision numérique est déjà efficacement utilisée depuis longtemps dans l’industrie (pétrochimie, métallurgie, énergétique), l’agriculture et le bâtiment, où elle assure souvent la sécurité industrielle et de l‘information, contrôle le processus industriel, énumère Mme Pavlova.

Ailleurs, il est désormais aussi possible de payer avec la paume de sa main. Ainsi, Amazon promeut activement ce système dans plusieurs de ses magasins aux États-Unis, comme le relate notamment la chaîne CNBC. Ici, les coordonnées bancaires sont reliées à l’image de la main scannée du client. Pour effectuer un paiement, celui-ci n’a qu’à la passer sur un lecteur biométrique.

Là encore, des experts en sécurité ont exprimé des préoccupations concernant les dangers de la transmission par les acheteurs de leurs données biométriques aux entreprises, ajoute CNBC.

En France, la start-up Money Walkie propose aux enfants un petit boîtier de paiement sans contact au lieu d'une carte bancaire, rapporte BFM TV. Ce dispositif est relié à la carte bancaire de l'un des parents.

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